48 heures après ce qui paraissait comme un pavé de Martin Fayulu, lancé dans la mare de l’Assemblée Nationale, le flou ne fait que prendre du volume au sujet de la hauteur réelle des émoluments mensuels payés à chaque député national. Il s’avère, à l’analyse, que le président de l’Ecide (Engagement pour la Citoyenneté et le Développement) lui-même a opté pour le « demi-terrain », en balançant
sur la place publique le chiffre faramineux de 21.000 dollars américains. La moindre des choses qu’aurait dû faire Fayulu, dans sa présumée noble intention de dénoncer le pillage des ressources financières de la République au niveau de la chambre basse du Parlement, c’est d’étaler, dans la rue, les fiches de paie de son
député national membre de son parti, pour la période allant de janvier à juillet 2022. S’il s’était livré à cet exercice, très facile pour un chef de parti, à qui son « élu » verse mensuellement 10% de leurs émoluments, le débat serait clos.
Chaud partisan du « déballage » fait par Fayulu et témoin à charge contre le bureau de l’Assemblée nationale, qui payerait effectivement à chaque député national, des émoluments proches des 21.000 dollars américains, l’honorable Delly Sessanga s’est soigneusement gardé d’exhiber sa fiche de paie, afin de permettre aux Congolais paupérisés de prendre connaissance des rubriques effectivement rémunérées par le Trésor Public, « invisibles » compris. A l’image du candidat
malheureux à la présidentielle de décembre 2018, celui qui se fait passer pour le propagandiste de la réduction du train de vie des institutions de la République a choisi curieusement la voie du « demi-terrain ».
Combien gagne finalement un député national par échéance mensuelle ?
21.000 dollars américains… 11.000 dollars américains comme consignés dans la loi des Finances pour l’exercice 2022 ? 7.000 dollars américains comme l’aurait soutenu un membre du bureau de l’Assemblée national ? Moins que cela comme l’aurait indiqué le C26 (Collectif des députés nationaux des 26 provinces de la République ? 16.000.000 Fc (seize millions de francs congolais) comme on n’a pu le lire dans une fiche de paie diffusée en boucle sur la toile ?
Quant aux fameux « invisibles », seraient-ils payés jusqu’à l’équivalent de 3.000 dollars américains à chaque député national, comme signalé également dans une fiche de paie en circulation dans les réseaux sociaux, et à quelle fréquence ? Compte tenu de la ferme volonté affichée par Martin Fayulu de jouer la carte de la transparence sur le terrain de la rémunération des députés nationaux,
on s’attendait à une avalanche des preuves écrites de la saignée des
finances publiques de la part des « élus » de l’opposition, ces prétendus « grands défenseurs » des intérêts du petit peuple.
A la grande surprise des observateurs, « l’Omerta », la fameuse loi du silence propre aux « mafiosi » parait, jusque-là, comme la règle d’or pour tous les bénéficiaires de la « manne » de la République. Pourquoi le FCC (Front Commun pour le Congo), l’Ensemble pour la République, le G13 (Groupe des 13), l’Ecide, les électrons libres de l’Union Sacrée de la République, et tant d’autres « grandes gueules » de l’hémicycle de Lingwala se taisent-ils ? De Kamitatu à Mboso : tous fidèles au « huis clos »
Lorsqu’il s’agit de débattre du barème des fonctionnaires en général et des catégories spécifiques telles que celles des enseignants, des médecins, des professeurs d’universités, il est coutume d’apprendre que les représentants du gouvernement et ceux des bancs syndicaux de ses employés se sont retirés à « Mbudi », « Bibwa », « Bwela Lodge » et autres. Et, au terme de chaque compromis sur les taux à appliquer, ceux-ci connaissent une large diffusion des dans les médias et les réseaux sociaux.
Fait bizarre, lorsqu’il s’agit d’un début autour des émoluments des députés nationaux, c’est le huis clos systématique. Pour ne pas remonter loin dans l’histoire, ciblons les législatures de l’après-Dialogue Intercongolais, de 2003 à ce jour. Appliqué sous les mandats d’Olivier Kamitatu et Thomas Luhaka (2003-2006), de Vital Kamerhe et Evariste Boshab au perchoir (2006-2011) ; d’Aubin Minaku (2011-2018), de Jeanine Mabunda (2018-2020) à la tête de l’Assemblée nationale, le huis clos continue d’être scrupuleusement respecté.
Christophe Mboso, l’actuel président en exercice de cette institution, n’a nullement inventé la roue. Et même s’il était tenté de rénover, aucun député national n’accepterait un débat public, radiodiffusé et télévisé, autour de ses émoluments et des « invisibles ». Depuis que l’affaire des émoluments a éclaté, aucun élu ne s’est présenté aux médias pour démissionner publiquement, au motif qu’il y aurait « excès de monnaies » (comme disaient les BSRS de triste mémoire) en sa faveur. Alors qui veut distraire qui ?
Kimp