Présidentielle: pourquoi tant d’agitation autour des résultats ?

C’est le vendredi 22 décembre que la Commission Électorale Nationale
Indépendante, CENI, a débuté la publication des premières tendances de
la présidentielle du mercredi 20 décembre 2023, conformément à
l’annonce faite la veille par son 2e vice-président Didi Manara. Après
la publication des résultats de vote des compatriotes de la diaspora,
par lesquels la Centrale électorale a démarré cet exercice le vendredi
soir, le dimanche 24 décembre, c’était l’entame des résultats de vote
des Congolais résidents au pays. Plusieurs dizaines de
circonscriptions électorales à travers le pays, faisant un total de
1.029.616 suffrages, ont livré leurs secrets. Le Président sortant et
candidat à sa propre succession Félix Tshisekedi vient en tête avec
850.684 voix faisant 82,60%. Puis, vient de loin Moïse Katumbi en
deuxième position avec 147.053 voix, soit 14,30%. MM. Radjabho et
Fayulu occupent respectivement la 3e et la 4e places avec 9.263 voix
(0, 90%) et 7.965 voix (0, 80%).
        Hier lundi 25 décembre, le jour de Noël, la CENI a poursuivi la
publication des résultats partiels de quelques circonscriptions
électorales à travers les 26 provinces que compte la République
démocratique du Congo. Les résultats publiés en ce jour de Nativité
font un total compté de 1.876.827 suffrages exprimés. Le candidat
n°20, Félix Antoine Tshisekedi vient toujours en tête en se détachant
largement de ses concurrents, avec 1.527.618 voix, soit 81,40%. Il est
suivi de loin respectivement par le n°3 Moïse Katumbi avec 284.952
voix/15, 20%, Martin Fayulu 23.384 voix/1,20% et Radjabho 11.660/0,
60%.
        Il importe de rappeler que la CENI qui a impliqué, pour la première
fois les Congolais vivant à l’extérieur dans le processus de vote pour
désigner les futurs dirigeants de la RDC, avait choisi 5 pays comme
échantillon, pour cette première participation des Congolais de
l’étranger à l’élection présidentielle 2023. Il s’agit notamment de la
République d’Afrique du Sud pour le compte du continent africain, de
la Belgique et la France pour l’Europe, ainsi que des États-Unis
d’Amérique et du Canada pour le continent américain. Même réalité, on
dirait que les Congolais et spirituellement et à travers le téléphone.
Le Président sortant caracole toujours en tête, devançant largement
ses concurrents.

Fuite en avant
        Alors que la démarche de la CENI est saluée par tout le monde parce
que visant à privilégier la transparence, avec la publication des
résultats au fur et à mesure que ça tombe. Curieusement, on vient
d’assister ce week-end à une agitation, particulièrement dans le camp
de l’opposition. Alors que les résultats jusqu’ici n’ont même pas
encore atteint 10% du corps électoral (au moins 4 millions des
suffrages exprimés) – ce qui est d’ailleurs encore insignifiant pour
consolider l’avance du gagnant qui s’établit généralement autour de
80% des bulletins dépouillés – on assiste à des scènes d’agitation
qu’on ne sait d’expliquer, avec des déclarations d’intentions
incriminant sans preuves le pouvoir organisateur des élections. Pire
encore, certaines déclarations faites ce week-end à l’instar de celle
de Christian Mwando, cadre d’Ensemble pour la République de Moïse
Katumbi, candidat n°3, constituent des menaces pour l’unité nationale
et l’intégrité territoriale. On rappelle en passant que l’auteur n’est
pas à son premier forfait en cette matière. Il avait utilisé une
expression qui n’échappait à personne, à quelques mois des élections,
disant de recourir aux ciseaux pour soustraire le Katanga de la carte
du pays. Aujourd’hui il revient à la charge avec les mêmes menaces.
        Un haut placé du clergé catholique, bien connu pour ses prises de
position intempestives, a encore une fois détourné la fête de Nativité
de Jésus-Christ pour la politique qui semble l’intéresser,
avec des déclarations que nombre de chrétiens n’ont pas appréciées.
        La question que l’on se pose est celle de savoir : pourquoi toute
cette agitation autour des résultats ? De quoi reproche-t-on au
pouvoir organisateur à ce niveau ?
        À entendre certains leaders, ils fustigent la fraude planifiée avec
le retard du démarrage de vote dans nombre des centres de vote, le
bourrage des urnes, etc. Or, à suivre de près la situation, ces
accusations viennent de tous les camps, des acteurs aussi bien
politiques que ceux de la société civile. Pourquoi alors une fraction
de l’opposition, notamment celle proche de Moïse Katumbi veut-elle en
faire son affaire ? Or, en visitant la toile aux lendemains des
élections, c’est l’ex grand Katanga, fief du candidat n°3 où il a
réalisé le meilleur des scores, que la plupart des cas de fraude sont
signalés avec en filigrane beaucoup de tentatives de bourrage des
urnes.
        Par ailleurs, selon les spécialistes en matière électorale, il n’y a
pas d’élections avec 0% d’incidents. Les incidents sont
presqu’inherents au processus électoral. Cependant, seule la
proportion ou le taux des incidents détermine la crédibilité des
élections. Or, les proportions rapportées jusqu’ici sont jugées
faibles et ne peuvent nullement remettre en cause la crédibilité des
élections du 20 décembre 2023.
        Toutes les missions d’observation électorale l’ont attesté. De
manière générale, les élections se sont bien déroulées sur l’ensemble
du territoire national.
        Ceux qui s’agitent auraient manifestement d’autres agendas. C’est ici
que les observateurs se réfèrent aux dénonciations faites par le
Vice-Premier ministre et ministre de la Défense à deux jours de la
tenue des élections, selon lesquelles un candidat de l’opposition
avait pris l’engagement avec une firme russe pour l’aider à pirater
les résultats de la CENI. Plusieurs tentatives d’accéder au serveur de
la centrale électorale ont été relevées par les informaticiens de la
CENI qui ont réussi à les bloquer.
        N’est ce pas qui justifierait la colère sans cause de ces opposants
avec leurs appuis, par des déclarations dénuées de tout fondement ?
        On rappelle, à ce sujet, que la tenue de ces élections a été un défi
pour le gouvernement. Car, la plupart des leaders de l’opposition
donnaient l’impression de ne pas vouloir la tenue des élections qui
mettraient peut-être à nu leur impopularité. C’est pourquoi ils en
appellaient au dialogue dans le but de s’offrir l’opportunité d’entrer
dans les institutions. Face au refus du pouvoir d’organiser le
dialogue dont il ne voyait aucune raison, et entretemps finançait le
processus électoral, l’opposition n’avait plus d’autre alternative que
d’embarquer dans le bateau des élections pour ne pas s’exposer au
ridicule.
Donc, ce qui se passe actuellement procède ni plus ni moins du schéma
du départ, selon lequel certains leaders de l’opposition conscients de
leur manque d’ancrages sociologiques, ne voulaient pas des élections.
Alors comment accéder au pouvoir de manière démocratique sans passer
par les élections ? C’est là où réside le dilemme !

L.P

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *