La soif d’apprendre davantage sur l’affaire Edouard Mwangachuchu, qui secoue l’opinion congolaise et internationale, ne sera pas étanchée de si tôt. On est peut-être loin du compte et l’horizon s’éloigne au fur et à mesure que l’instruction marque le pas sur quelques documents et supports informatiques. Est-il vrai que le procès a peut-être pris l’option de traverser une zone de faible visibilité ? Tout le monde en parle. Les uns moins, les autres ne s’en offusquent pas outre mesure. Tel est le décor servi à l’audience d’hier mardi 27 juin 2023, où la Haute cour militaire a procédé à la lecture des 4 clés USB sur les 11 saisies chez Edouard Mwangachuchu, lors des perquisitions opérées dans sa résidence de Gombe et dans sa ferme de Masisi, par les services de renseignements de la RDC. Clés exhibées par l’OMP pour soutenir quelques accusations articulées contre Mwangachuchu Hizi.
Concernant leur propriété, la haute cour voulait connaitre dans un premier temps si elles appartenaient bel et bien au prévenu Edouard. L’homme à qui cette simple question a été posée, est monté sur ses grands chevaux. Tranchant, il a dit qu’il ne connaissait pas ces clés USB brandies par le ministère public pour justifier ses accusations portées contre sa personne. Ces divers supports informatiques, fruit des perquisitions effectuées à Kinshasa et au Nord Kivu, ne seraient pas des biens du député devenu célèbre dans l’affaire portant son nom.
«Je ne serais pas ridicule», a-t-il laissé entendre, avant d’ajouter dans un sursaut d’orgueil qu’il est un homme intègre. Il s’est montré toutefois déterminé à sauvegarder ses intérêts, promettant même, la main sur le cœur, qu’il se défendra jusqu’au bout. Voilà qui a poussé l’organe de la loi, très incisif, à recadrer certaines choses. D’emblée, il a trouvé suspecte l’attitude du prévenu de nier tout en bloc. Une constance demeure toutefois à ce stade de l’instruction juridictionnelle. La plupart des documents parmi les effets saisis chez Edouard Mwangachuchu dévoilent quelques projets d’investissement du député national qui serait très attaché au Rwanda.
Une question non moins intéressante a ensuite été abordée au cours de cette audience. Celle de savoir si certains enregistrements seraient antérieurs ou postérieurs à l’arrestation du promoteur de la Société Minière de Bisunzu, qui a volé la vedette à d’autres élus de son fief
électoral. La réponse, fidèlement actée par la greffière principale, a édifié les membres de la composition de la Haute cour. Un document au titre évocateur découvert au domicile d’Edouard Mwangachuchu a d’autre part, suscité quelque intérêt pour la poursuite du débat au fond. Il s’agit du du document intitulé « Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique » (AFRICOM). L’organe de la loi, qui a plus d’un tour dans ses manches, se prépare certainement à lancer des offensives quand il s’agira d’aborder la question des armes saisies dans les résidences, à la ferme et la mine de l’homme de Bisunzu.
Pour la défense du député Mwangachuchu, c’est une autre orientation de l’instruction du procès qu’elle a pu observer jusqu’ici. Parlant du document d’Africom, ses conseils soutiennent qu’il ne peut bénéficier de la présomption d’authenticité. Car, il ne porte aucune signature. Il n’est donc pas authentique. Pour la défense, «ce n’est pas une correspondance d’Africom adressée à notre client. Et qu’est-ce que démontre ce document par rapport aux infractions mises à charge de notre client». Ils ont affirmé qu’il n’y a aucun rapport.
Revenant à l’assaut, le ministère public persiste et signe que tous ces documents qui ne relèvent pas du fruit de l’imagination, et soumis aujourd’hui au débat, ont été trouvés dans la résidence du prévenu Edouard Mwangachuchu, lors de la perquisition effectuée dans ladite
résidence. On ne peut pas venir le nier aujourd’hui. Voilà qui remet l’enjeu de la joute judiciaire aux prochaines audiences de cette affaire.
J.R.T.