Prévue pour hier mardi 17 juin 2023, l’audience de l’affaire Mwangachuchu n’a pas eu lieu. A la base, l’état de santé chancelant du prévenu principal Edouard Mwangachuchu. L’homme qui ne tient plus debout même à l’aide de deux béquilles, a terriblement fondu. Sa santé s’étant détériorée à vue d’œil, même ses avocats conseils et les agents de la justice militaire, avaient éprouvé de sérieuses difficultés pour le soutenir devant la barre. On pouvait même parler de farce, mais l’on s’est rendu compte que le prévenu ne fait pas du théâtre. Est-il psychologiquement apte à supporter le choc de certaines vérités troublantes aux prochaines audiences ? La question mérite d’être posée à ce stade.
Mais une chose est certaine. La Haute cour militaire a franchi jusqu’ici plusieurs étapes importantes dans la recherche de la vérité dans l’affaire Mwangachuchu. La première étape a consisté en l’identification des prévenus. Outre le député national Edouard Mwangachuchu, la haute juridiction militaire avait ciblé en second lieu, le commandant sécurité de la Société Minière de Bisunzu, le Commissaire principal Robert Mushamalirwa. Par la suite, les juges de
la HCM et le ministère public ont découvert que derrière ces deux personnages, l’infiltration des éléments du M23, du CNDP et autres rwandais, était entretenue par quelques responsables de la police provinciale du Nord- Kivu. Appelés à la barre pour éclairer la lanterne des membres de la composition, on a assisté aux audiences précédentes à une sorte de jeu de ping-pong. Personne de commissaires provinciaux de la province du Nord-Kivu n’a voulu endosser la responsabilité de l’infiltration des éléments rebelles au sein de l’équipe de sécurité de la SMB.
Le scandale a éclaté au grand jour, en pleine audience, quand on s’est aperçu que tous évitaient de reconnaitre quelque part d’autorité dans cette manoeuvre bien huilée que seule une grande instruction menée par des juristes chevronnés pouvaient détecter. Ils ont cependant réussi à lever un de coin de voile sur plusieurs zones d’ombres en matière de recrutement des éléments rebelles. Parmi les éléments rebelles, on a cité à l’audience, les agents du M23, du CNDP et des sujets rwandais. La seule évocation de ces unités de la garde de la Société Minière de Bisunzu a suffi pour susciter quelque émoi dans la salle d’audience. «Pauvre RDC !», s’était écrié l’organe de la loi et de s’étonner que la police qui avait fait travailler ces rebelles en RDC, n’avaient pas mesuré leur négligence coupable à mal gérer ce dossier.
Comment sont-ils arrivés en RDC ? Comme touristes ? Ou comme ressortissants congolais ? Avaient-ils pour seule mission de sécuriser l’entreprise minière de Mwangachuchu ? Qui étaient effectivement à la manœuvre ? Quelles sont les autres missions accomplies par les éléments du M 23, du CNDP et des militaires rwandais sur le sol congolais ?
Comment se sont-ils retrouvés sur la liste des effectifs de la police avec de faux numéros matricule ? Faute d’éclairage particulier, on se contente à ce stade de l’instruction de cette affaire, des bribes de vérités lâchées par le Commissaire divisionnaire Vital Awashango de 2013- 2017, le commissaire divisionnaire adjoint Placide Nyembo de 2017 à 2019 et le commissaire divisionnaire adjoint François Xavier Aba Van de 2020 à ce jour. Robert Mushamalirwa s’est limité à dire que les listes étaient contresignées par les responsables de sa hiérarchie au Nord-Kivu. Et rien de plus. Un véritable travail de fourmis rouges doit être réalisé au sein de la termitière de la Société Minière de Bisunzu, qui servait de paravent au recrutement des éléments du M 23, du CNDP et des sujets rwandais. Comment certains services de l’Etat n’avaient pas pu découvrir cette situation scandaleuse et troublante ?
Les prochaines audiences apporteront probablement plus de lumière sur la présence sur le sol congolais des agents du M23, du CNDP et des sujets rwandais.
J.R.T.