Sama II: ça sent la campagne électorale

Après deux ans de travail, le gouvernement du premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde a connu son premier remaniement, et peut-être le dernier, le jeudi 23 mars 2024. Les entrées de Jean-Pierre Bemba Gombo (MLC), Vital Kamerhe (UNC) et Antipas Mbusa Nyamuisi dans cette seconde équipe ministérielle dégagent un parfum de campagne électorale. Sauf imprévu, dans huit mois, celle-ci va être lancée officiellement en novembre 2023, à un mois de l’échéance du 20 décembre retenue pour les élections présidentielle, législatives nationales et provinciales.
        Pour Félix Antoine Tshisekedi, Chef de l’Etat actuellement en fonctions, qui rêve de se succéder à lui-même, le temps est à la maximisation de ses chances de victoire. Il ne pouvait pas trouver mieux que de rappeler aux affaires trois grosses pointures de l’espace politique national. Point n’est besoin de souligner l’apport attendu de Jean-Pierre Bemba et son Mouvement de Libération du Congo en termes de voix à Kinshasa et dans le Grand Equateur. C’est pareil pour Vital Kamerhe à Kinshasa, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, avec comme élément additif Antipas Mbusa Nyamuisi dans le «Grand Nord-Kivu».
        Le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, et le directeur de cabinet de la présidence de la République, Guylain Nyembo, représentent l’espace Grand Katanga. Mais l’aura national de Bemba, Kamerhe et Mbusa vaut tout son pesant d’or dans les joutes électorales à venir.  Ainsi donc, la future campagne électorale du Chef de l’Etat à la fois en exercice et sortant va être animée, en première ligne, par son propre parti, l’UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social), l’UNC (Union pour la Nation Congolaise), le MLC (Mouvement de Libération du Congo), en synergie avec d’autres partis et regroupements politiques solidement implantés sur le terrain, membres de l’Union Sacrée de la Nation.

«Poids lourds»… d’accord mais les résultats ?
        Le statut de Jean-Pierre Bemba, Vital Kamerhe et Mbusa Nyamuisi comme «poids lourds» présents au sein de la nouvelle équipe gouvernementale ne se discute pas. L’inconnue, c’est ce qu’ils vont réaliser comme résultats sur le terrain. De Jean-Pierre Bemba, on attend qu’il puisse aider plus efficacement le chef de l’Etat que son prédécesseur, dans la résolution de la crise sécuritaire qui sévit dans la partie Est du pays. Les attentes sont si pressantes que celui que les Kinoises et Kinois appellent affectueusement «Igwe» n’a pas droit à un round d’observation.
        Ancien seigneur de guerre et commandant de l’armée du MLC (Mouvement de Libération du Congo), qui avait tenu la dragée haute au régime de Kinshasa de 1998 à 2003 dans ses bases du Nord de l’ex -Equateur et de l’ex- Province Orientale, émaillée d’une intervention militaire fort remarquée à Bangui pour sauver le régime d’Ange Patassé, Jean-Pierre Bemba suscite beaucoup d’espoir dans la gestion de la guerre de l’Est, dans laquelle la diplomatie est en train de montrer ses limites et dont la solution semble de plus en plus militaire.
        Quant à Vital Kamerhe, il hérite du ministère de l’Economie, lequel est en prise directe avec le social de la population. Economiste de formation et technocrate ayant déjà eu à assumer de hautes charges d’Etat (Commissaire général chargé des Relations avec les Etats des Grands Lacs, ministre de l’Information, président de l’Assemblée Nationale et Directeur de cabinet du Chef de l’Etat), le président de l’UNC est appelé à sortir son épingle du jeu dans la gestion de ultra sensibles questions de l’approvisionnement du pays en produits pétroliers, ainsi qu’en denrées alimentaires, sans oublier la régulation des prix des biens et services. En dépit des efforts fournis par la première équipe des «Warriors» en vue d’améliorer tant soit peu le vécu quotidien du Congolais moyen, force est d’admettre que son pouvoir d’achat reste marginal.
        En ce qui concerne Mbusa Nyamuisi, bien que son ministère, à savoir l’Intégration Régionale, charrie une bonne dose de diplomatie, il est beaucoup plus perçu dans la peau d’interface avec les groupes internes qui rechignent encore à adhérer au P-DDRC au Nord-Kivu et en Ituri, que comme globe-trotter en Afrique Centrale et dans les Grands Lacs. Bref, le choix de Tshisekedi sur le trio laisse croire que la fièvre de la campagne électorale est en train de monter.                   

LP

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