La ville de Kinshasa était partiellement paralysée durant les premières heures de la matinée d’hier lundi 13 mars 2023 à la suite de la grève, heureusement éphémère, des exploitants privés des engins du transport en commun. La cause de leur mauvaise humeur était connue de tous : les nouveaux tarifs à appliquer dans les bus, taxi-bus et taxis. Manifestement dépassés, ces taux ont surpris désagréablement les privés, qui appliquaient, depuis presqu’une année, des tarifs largement supérieurs et dictés par les réajustements à répétition des étiquettes des produits pétroliers au niveau des stations-services. Les usagers du transport en commun étaient eux aussi étonnés de légers rabattements opérés par le gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila, sur des itinéraires où ils payaient déjà deux fois ou plus, selon la loi de l’offre et de la demande.
D’aucuns pensent que l’autorité urbaine de la capitale joue avec le feu, car les transporteurs privés opèrent, depuis des lustres, en situation de monopole, l’Etat ayant complétement failli dans le secteur du transport des biens et des personnes, aussi bien sur terre, sur les eaux que dans les airs.
En effet, si Ngobila persiste à faire appliquer les nouveaux tarifs de transport en commun, il va être rapidement bloqué par le retrait, par les transporteurs privés, de leurs engins de la circulation, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer dans une mégapole où vivent, dans une promiscuité indescriptible, plus de 12 millions d’habitants.
Il est irréaliste, dans la conjoncture actuelle de déficit criant de bus, taxi-bus et taxis à Kinshasa, de contraindre un transporteur privé à accepter d’embarquer des passagers sur de longs itinéraires pour 800 ou 1000 Fc ( par exemple Kingasani- Marché Central, IPN-Marché Central, Kimbanseke-Marché Central, Pompage-Marché Central), là ils déboursent 1.500 ou 2000 FC voici presqu’une année.
Même pour des « demi-terrains » tels que Victoire-Boulevard du 30 juin, Victoire- Bandal, Victoire-Selembao, Victoire Rond-point Ngaba, Victoire- Kintambo/ Magasins, UPN-Kintambo / Magasins, Matete-Rond point Ngaba, Pascal-Kinkole, … les usagers de transport en commun commençaient à payer déjà 1000 FC.
D’où beaucoup de Kinoises et Kinois tombent des nues en découvrant, dans les nouveaux tarifs de Ngobila, des taux de 800 francs, totalement dépassés par rapport aux réalités du terrain. En cherchant à ouvrir « un front » contre les transporteurs privés, l’Hôtel va visiblement au-devant d’un échec. Si Transco pouvait disposer d’un charroi automobile à même de répondre aux flux des passagers à Kinshasa, ce serait très facile de faire marcher les récalcitrants.
Malheureusement, ce n’est pas le cas. D’où l’autorité urbaine est contrainte, dans un esprit de réalisme, de laisser les choses en l’état. Les marées humaines que l’on observe aux terminus et parkings des bus, taxi-bus et taxis, matin, midi et soir suffisent pour surseoir à toute tentative de régulation des frais de transport en commun. S’il y a une piste que pourrait suivre Ngobila, c’est celle de la négociation préalable avec les représentants des transporteurs privés. Engager un bras de fer, par les temps qui courent, c’est aller droit à la catastrophe.
LP