Uhuru Kenyatta à Goma : «il faut arrêter la guerre»

L’ancien président du Kenya, Uhuru Kenyatta, a eu du mal à cacher sa douleur face au spectacle poignant des milliers de déplacés de guerre qui ne cessent d’affluer au camp des Kaniaruciania, à une dizaine de kilomètres de Goma, qu’il a visité hier mardi 15 novembre 2022.
C’était peu avant son retour à Nairobi, en provenance de Kinshasa, où il était en consultation avec des décideurs et des forces vives, pendant 48 heures.
Entassés dans des tentes de fortune et manquant de tout, près d’une quarantaine de milliers des sinistrés de l’insécurité étaient là, désemparés, implorant le ciel pour que les atrocités qu’ils ont fuies s’arrêtent.
« C’est un véritable désastre », a martelé le facilitateur du « Processus de Nairobi », qui était accompagné du Gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général Constant Dima. Choqué, il n’a pu s’empêcher de prendre langue avec quelques familles des déplacés.
Témoin de l’arrivée massive, à Goma comme dans sa périphérie, d’interminables colonnes des déplacés en provenance de plusieurs localités et villages du territoire de Rutshuru, Uhuru Kenyatta a visité plusieurs camps des déplacés.
Au terme de sa pénible randonnée de Goma à Rutshuru, l’ancien président Kenyatta a touché du doigt le drame que vivent de nombreux compatriotes de l’Est de la RDC : « Ce que j’ai vu est une catastrophe. Ce que j’ai a vu est un désastre humanitaire si nous n’y prenons garde… Il faut arrêter la guerre… Nous ne pouvons pas parler pendant la situation humanitaire est des plus déplorables… Il faut faire quelque chose avant que la situation déjà préoccupante ne se détériore davantage ».

Au vu des images choquantes des déplacés de guerre internes, Uhuru Kenyatta a appelé les seigneurs de guerre et leurs combattants à déposer les armes et à adhérer au processus politique des pourparlers.
Quant aux partenaires de la RDC, il les a exhortés à l’assister efficacement et au plus tôt afin d’éviter une grande catastrophe humanitaire. Il est à espérer que son message n’est pas tombé dans les oreilles des sourds.

Un facilitateur à l’écoute des Congolais
Arrivé à Kinshasa le dimanche 13 novembre en début d’après-midi, puis
reçu en audience par le Président de la République quelques heures après, le facilitateur désigné du «Processus de paix de Nairobi» visant la pacification de l’Est de la République Démocratique du Congo, l’ancien chef d’Etat kenyan, Uhuru Kenyatta, a mis son séjour kinois à profit pour entendre les Congolais sur la crise sécuritaire qui frappe le pays dans sa partie orientale.
Après ses entretiens avec le Chef de l’Etat, puis le staff de la Monusco, le facilitateur du «Processus de Nairobi» a consacré la journée du lundi 14 novembre aux consultations de plusieurs couches sociales des Congolais. Ainsi, les acteurs étatiques et non étatiques ont été consultés par Uhuru Kenyatta.
Du côté des acteurs étatiques, le facilitateur s’est entretenu respectivement avec le bureau de l’Assemblée nationale, celui du Sénat, ainsi qu’avec le Premier ministre.
Pour ce qui est de la société civile, il a conféré avec des délégations des trois provinces de l’Est en proie à l’insécurité, à savoir l’Ituri, le Sud et le Nord-Kivu.
Il a également pris langue avec les chefs des missions diplomatiques des pays membres de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est (Burundi, Kenya, Ouganda, Tanzanie et Soudan du Sud) ; ainsi que ceux des pays ci-après : Angola, Sénégal, Afrique du Sud, Allemagne, Suède, Norvège, Italie, Espagne, Belgique et Hollande.
Uhuru Kenyatta s’est aussi entretenu avec les diplomates des cinq pays membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations unies (USA, Russie, Chine, Grande Bretagne et France) ; le chef de la délégation de l’Union européenne en RDC ; la Représentante du président de la Commission de l’Union africaine en RDC; la Représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations unies en RDC ainsi que le Directeur des opérations de la Banque mondiale.
Après cette ronde, le facilitateur a animé un point de presse à Kempeski Hôtel dans la soirée du lundi pour rendre compte de l’essentiel de sa mission dans la capitale congolaise, Kinshasa.
D’abord, il a tenu à rappeler le sens de son mandat qui n’est pas celui de dicter des solutions aux Congolais, mais plutôt de faciliter les pourparlers entre eux.
C’est dans ce cadre qu’il venait d’entendre les différents acteurs congolais, étatiques et non étatiques, à même de contribuer ou apporter des solutions aux problèmes que connaît le pays en vue de promouvoir la paix.
Avant de venir à Kinshasa répondre à l’invitation du Chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi, le facilitateura a révélé avoir été à Bujumbura il y a une semaine rencontrer le Président Evariste Ndayimishiye, qui est en même temps président en exercice de la CAE pour discuter de la date à fixer pour la réunion de Nairobi III. Celle-ci pourrait probablement intervenir dans la 2ème moitié du mois
en cours.
Parlant des consultations qu’il venait de mener, Uhuru a dit avoir noté la volonté de tous d’en finir avec l’insécurité.
Attaché à l’objectif assigné au «Processus de paix Nairobi’ qui exige aux groupes armés de déposer les armes, afin de s’impliquer dans la dynamique de la paix, il a rappelé à l’intention desdits groupes armés que toute discussion doit partir de la reconnaissance des fondamentaux que sont : le Président de la République, les institutions républicaines en place, le respect de la Constitution, le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriales.
Aux groupes armés étrangers, le facilitateur Uhuru Kenyatta a recommandé d’intérioriser que la RDC n’est plus le terrain de battaille pour leurs problèmes, qui ne concernent pas ce pays.
Avec les diplomates, l’objectif est d’obtenir leur implication dans le processus de paix, notamment aider à la matérialisation du désarmement, de la démobilisation et de réinsertion sociale.
Enfin, le facilitateur appelle les Congolais à cultiver l’amour, consolider l’unité et la cohésion nationales, sauvegarder la diversité culturelle qui les a toujours marqués, promouvoir la paix, et surtout ne pas céder à la division qui ne profite nullement au peuple congolais.

Dom

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *