EDITO de Colette BRAECKMAN : le Congo n’a d’autre ami que lui-même

Quand donc les Congolais comprendront-ils que leur pays est trop vaste, trop riche, pour avoir des amis sincères ? On sait aujourd’hui que Léopold Il n’a pas chargé Stanley de lui trouver une colonie parce qu’il souhaitait mener une oeuvre civilisatrice, que si la Belgique il accepté l’héritage colonial c’était à la seule condition que l’entreprise ne lui coûte rien et que si l’indépendance a été accordée, trop rapidement, c’était surtout pour éviter des troubles coûteux, mais en veillant (on sait de quelle façon .. ,) à mettre des « modérés » au pouvoir. Vers la fin d’un « règne » de 32 ans, le président Mobutu devait conclure, avec une lucidité tardive:« J’attendais des amis, j’ai trouvé des comptables. »
Ses successeurs, Laurent- Désire Kabila, Joseph Kabila, Félix Tshisekedi, à des degrés divers, commirent les mêmes erreurs: le premier crut qu’il pourrait compter sur l’appui des pays voisins pour l’aider à prendre le pouvoir et sa volte-face il regard des Rwandais et des Ougandais déclencha une mêlée générale, Son fils Joseph. comprenant vite que les Européens étaient absorbés par l’élargissement
à l’Est, se tourna vers la Chine et conclut les fameux accords « win win», dans lesquels toutes les parties devaient être gagnantes. Aujourd’hui, le cobalt, le coltan, le lithium permettent aux entreprises chinoises de dominer la transition énergétique tandis que les Katangais respirent la poussière, Quant à Félix Tshisekedi, qui n’était pas arrivé en tête des élections, il multiplia les voyages
pour rechercher une légitimation extérieure, en Europe et plus particulièrement en Belgique, où il avait longtemps résidé, mais surtout dans les pays voisins de la RDC.
Main tendue ou embrassades, promesses multiples, superposition d’alliances politiques et militaires. Mais les voisins africains ne se montrèrent pas plus désintéressés que les alliés d’hier: le Rwanda est devenu le premier producteur de coltan, l’Angola une puissance pétrolière, l’Ouganda a inauguré la plus grande raffinerie d’or d’Afrique, le Kenya a racheté les principales banques du pays, à prix
d’ami bien évidemment. Tous ces voisins dévoués mais non désintéressés sont aujourd’hui prêts à en découdre, sur le sol congolais, pour défendre leur butin et/ou leur sécurité, tandis que les alliés européens d’hier, tout absorbés par l’urgence ukrainienne, détournent le regard et se taisent.
En réalité, le seul allié du Congo, c’est sa population elle-même. Elle demeure attachée à l’intégrité territoriale, farouchement hostile à la balkanisation, toujours désireuse de participer à des élections démocratiques, de jouir d’une liberté d’information et d’expression exceptionnelle. Cette population est jeune, dynamique et résiliente, patiente aussi, elle croit toujours (religieusement…) que demain sera mieux qu’aujourd’hui. Au lieu de courir les capitales étrangères, de
quémander des soutiens ambigus et de dilapider les ressources, les dirigeants congolais auraient intérêt, de toute urgence, à miser sur cette population, à la faire bénéficier des richesses du pays et à l’aider à défendre sa souveraineté.

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