Conflit Teke-Yaka : une délégation gouvernementale en mission de paix à Kenge

Quelque jours après sa descente à Kwamouth, la délégation gouvernementale dépêchée par le Chef de l’Etat était à Kenge, dans la province du Kwango à la recherche des voies et moyens pour résoudre la crise communautaire qui oppose les Teke et Yaka, dans la cité de Kwamouth dans la province de Mai-Ndombe. Conduite par le Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et Sécurité, Daniel Aselo, cette délégation a rencontré, cette fois-ci, la communauté Yaka après avoir
rencontré celle de Teke à Kwamouth, le dimanche 04 septembre 2022. La délégation était composée du Vice premier ministre et ministre de l’Intérieur et Affaires Coutumières, Daniel Aselo, de la ministre d’Etat, ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Rose Mutombo Kiese, du ministre des Affaires sociales Modeste Mutinga, et des Droits Humains Albert-Fabrice Puela.

En effet, elle a tenu d’abord un conseil de sécurité avec les gouverneurs du Kwango, Jean-Marie Peti Peti et du Kwilu, Willy Itshubdala. Ensuite, elle a eu des entretiens avec l’Evêque du Diocèse de Kenge. « Je viens d’avoir un entretien avec la délégation gouvernementale venue de Kinshasa sur le conflit qui prévaut entre
les Teke et Yaka. Le gouvernement tient à trouver une solution immédiate, afin que ces deux peuples qui ont toujours vécu ensemble, puissent retrouver la paix et que la vie recommence comme autrefois», a-t-il déclaré.
Pour l’Evêque du Diocèse de Kenge, Mgr Jean-Pierre Kwambamba, l’apport de l’église est inévitablement l’invitation à la paix, à la réconciliation et à retrouver cette fraternité qui a toujours marqué les rapports entre ces deux communautés. « Il nous revient de chercher concrètement les modalités de cette réconciliation et de cette paix entre ces deux populations. Mais, c’est un devoir, une obligation pour
nous de promouvoir la paix et la réconciliation», a-t-il insisté.
Ce prélat catholique est d’avis que « les conflits ne peuvent pas résoudre nos problèmes et nous serons tous perdants. Nous n’avons pas d’autre choix et alternative et il faudra nous réconcilier, retrouver la paix et cela aidera à promouvoir, je dirai, le développement de la contrée. Sinon, c’est tout le monde qui est perdant. Et donc, je dis et redis que nous invitons tout le monde à la réconciliation, au pardon et à oublier et à ne pas s’enfermer dans la haine. Sinon, nous serons tous perdants ».
Pour sa part, le chef coutumier du Groupement de Munikenge, Jean-Pierre Makambo, a fait savoir que depuis que cette République existe, nous n’avons jamais vécu pareils affrontements. C’est pourquoi, la délégation gouvernementale nous a conviés à cette rencontre pour voir quelle méthode et stratégie allons-nous mener pour conscientiser la population et ceux qui sont en forêt pour qu’ils
reviennent dans leurs villages ».

«Le gouvernement devrait y mettre du sien et nous devons être ensemble puisque c’est l’Etat qui a la force. Nous, étant des chefs coutumiers, nous avons notre principe que nous devons utiliser comme des cérémonies coutumières pour éveiller la conscience d’un chacun.
C’est pour cette raison que nous avons sollicité la présence du grand chef Kasongo Lunda». En plus, nous avons demandé aux gouverneurs du Kwango et de Maï-Ndombe d’être associés à la recherche de la solution. Les notabilités Teke et Yaka doivent se retrouver dans un lieu neutre pour trouver la solution et des mécanismes que nous allons utiliser pour que de part et d’autre, il y ait du calme. Ce sont nos préoccupations et des idées que nous avons soulevées à l’intention de
la délégation gouvernementale », a-t-il expliqué.
Ce chef traditionnel ne pense pas que ce soit un dossier foncier. Il a fait remarquer que depuis que la RDC existe, ils n’ont jamais assisté à pareils affrontements sanglants. Il y a des infiltrés dans ce qui s’est passé à Kwamouth, a estimé Jean-Pierre Makambo. « Ce qu’on raconte, ce sont des ouï-dire mais la vérité n’est pas là. Nous avons demandé aux membres des services de sécurité d’approfondir les investigations pour y voir clair. Nous savons que ce sont des
infiltrés et nous avons de réserve parce que nous sommes des chefs coutumiers », a-t-il poursuivi.

Les magistrats de Kenge appelés à dire le droit

Membre de la délégation du gouvernementale à Kenge, la ministre d’Etat, ministre de la Justice et Garde des Sceaux a déclaré: « nous étions à Kwamouth. Nous n’avons pas pu rencontrer nos frères Yaka. C’était tout à fait normal, après avoir remis notre rapport mi-parcours auprès de la hiérarchie, que nous puissions venir à Kenge voir dans quelle mesure lancer un message auprès de nos frères Yaka et étudier les voies et moyens pour les entendre et surtout les sensibiliser à la cohabitation. D’après les informations en notre possession, la population est éparpillée dans la forêt». Selon Rose Mutombo Kiese, il est grand temps, avec la rentrée scolaire, que tous ceux qui sont dans la forêt puissent sortir. D’où la nécessité de rencontrer les différents chefs coutumiers, les autorités politiques
de la province afin que «nous puissions ensemble trouver des solutions idoines, qui peuvent donner des résultats dans l’avenir. C’est-à-dire qu’on se retrouve les uns et les autres, Yaka et Teke, autour d’une table puisque ce sont des frères et qu’on a besoin que la paix revienne dans la cité de Kwamouth et ses environs».

« Je viens d’avoir une réunion avec des magistrats de Kenge pour que la justice soit rendue selon la loi. C’est pourquoi, j’ai exhorté les magistrats pour qu’ils privilégient la justice et non l’arbitraire. Ils ont l’obligation de sanctionner les différentes violations des droits humains», a martelé la patronne de la Justice.
«C’est pourquoi, nous disons qu’il est temps que chacun dans son secteur dise le droit et éviter qu’il y ait des violations des droits humains», a indiqué la ministre d’Etat, ministre de la Justice.

Dorcas Nsomue Mpia

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