Conflits Teke-Yaka : une nouvelle délégation gouvernementale dans l’ex-Bandundu

Une nouvelle délégation composée de 5 membres du gouvernement central
séjourne depuis le mercredi 19 octobre au chef-lieu du Kwilu, afin d’apporter une assistance humanitaire aux déplacés de Kwamouth, cantonnés dans les provinces du Kwilu, du Kwango et du Maï-Ndombe. On parle de plus de 6000 déplacés, abandonnés à leur triste sort et qui vivent dans des conditions difficiles.
Ladite délégation est notamment composée des ministres de l’Intégration Régionale, des Affaires Humanitaires, du Numérique, de la ministre près le Président de la République, de la vice-ministre de la Défense et de la gouverneure du Maï-Ndombe. Il est prévu la remise des vivres, des kits médicaux et tant d’autres biens pouvant tant soit peu soulager la douleur de ces déplacés ayant fui les violents affrontements entre les communautés Teke et Yaka, dans le Sud-Ouest de la RDC.
Après le chef-lieu du Kwilu, la délégation va se rendre dans d’autres sites d’accueil dans l’espace grand Bandundu. C’est ce que le ministre de l’Intégration Régionale, chef de la délégation, Didier Manzenga, a confié à la presse. A l’en croire, il s’agit d’une mission qui a reçu l’autorisation du Chef du Gouvernement qui est très préoccupé par ce conflit et l’a instruite d’apporter une assistance
aux populations sinistrées. « Comme vous le savez bien, une grande équipe gouvernementale était déjà à Kwamouth après la réunion que le Président de la République a tenue avec les trois gouverneurs de l’ancienne province de Bandundu. Nous, membres du gouvernement, originaires du grand Bandundu, n’avons pas voulu rester indifférents vis-à-vis de nos frères. Nous avons sollicité et obtenu un ordre de mission pour venir assister nos frères et sœurs déplacés de Kwamouth et des villages environnants. Nous allons nous rendre dans tous les
autres sites de Kwilu, du Kwango et du Maï-Ndombe, là où il y a des déplacés, afin de leur apporter notre assistance. C’est après que nous allons faire rapport au gouvernement», a indiqué Didier Manzenga. La province du Kwilu compte, à ce jour, plus de 30.000 déplacés venus de Kwamouth. Ce territoire, en province de Maï- Ndombe, a enregistré des violents affrontements entre les communautés Teke et Yaka depuis le début du deuxième semestre 2022. Des personnes armées se réclamant membres de ces ethnies s’attaquent mutuellement à cause d’un conflit foncier de longue date. Le nombre exact des morts n’est pas connu mais
il s’élève à plusieurs dizaines. ‘’Il y a même des gens qui ont été décapités’’, signale une source onusienne.
En clair, Les Teke sont établis sur les plateaux de sable qui s’étendent sur les deux rives du fleuve Congo depuis des décennies. Ils ont réussi à mettre en place un système de gouvernance qui a ensuite été adopté par d’autres groupes ethniques. Quant aux Yaka, aussi appelés Bayaka, ils sont arrivés sur les lieux peu après les Tekes. Ce peuple d’agriculteurs cultive du manioc, de l’arachide, des
ignames, etc. Il pratique aussi l’élevage de la volaille et du petit bétail.
Cependant, pour exploiter les terres appartenant aux Teke, les Yaka doivent payer une redevance aux chefs coutumiers Tekes. C’est un arrangement qui a permis aux deux communautés de cohabiter pacifiquement pendant des années.

Pourquoi les deux communautés s’affrontent-elles ?
Certains membres de la communauté Teke accusent les Yaka de refuser
de payer la redevance coutumière depuis quelques temps. «Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Ceci crée souvent des tensions que nous avons l’habitude de résoudre par des voies pacifiques, la négociation, et non les armes», affirment certains habitants du territoire de Kwamouth.
Il y a quelques semaines, une délégation gouvernementale était descendue sur place pour tenter de comprendre ce qui se passe. Selon Rita Bola, gouverneure de la province de Maï-Ndombe et membre de la délégation gouvernementale, la situation a dégénéré parce que les Teke craignent que les Yaka, qui vivent avec eux depuis plus de quarante ans, ne s’accaparent de leurs terres.
On rappelle que qu’en fin 2018, plus de 530 personnes ont été tuées dans des violences intercommunautaires à Yumbi, un peu plus au Nord de Kwamouth. Perside Diawaku

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