F. Tshisekedi formel : pas de mercenaires russes en RDC !

Félix Tshisekedi a déclaré que le pays s’appuiera sur sa propre armée pour combattre les milices et s’engage à poursuivre ses projets économiques
Le Président de la République Démocratique du Congo a écarté l’idée de faire appel à des «mercenaires» russes pour aider à mettre un terme au conflit qui fait rage dans l’est du pays et a promis de poursuivre ses projets de développement économique malgré l’insécurité qui règne dans la région.
«Je sais que c’est à la mode maintenant …. [mais] non, nous n’avons pas besoin» d’utiliser des mercenaires, a déclaré Félix Tshisekedi, Président de la nation d’Afrique centrale riche en minéraux, au Financial Times lors du FT Africa Summit à Londres mardi.
«Je ne sais même pas où les trouver», a-t-il plaisanté, faisant référence à la société russe de sécurité privée «Wagner Group», qui a fourni des mercenaires pour combattre dans des pays allant du Mali à la République Centrafricaine (RCA), en passant par l’Ukraine.
Les commentaires de Tshisekedi interviennent dans le contexte d’une offensive majeure menée dans l’est du Congo par le groupe armé M23, que le président a accusé le Rwanda de soutenir, ce que Kigali dément.
La milice M23, en veilleuse depuis une décennie, a repris les combats en novembre dernier après l’échec d’un accord de paix en 2013 et a mené une offensive dans l’est du Congo, riche en ressources, causant des morts et des déplacements massifs. Mais le groupe rebelle n’est qu’un parmi plus de 100 qui pillent la région, riche en or et en coltan, un minerai crucial pour la fabrication d’appareils électroniques.
À la suite de la visite à Moscou, fin août, du ministre de la Défense de la RDC, Gilbert Kabanda, les diplomates occidentaux basés en Afrique ont exprimé leur inquiétude quant à un éventuel déploiement des forces «Wagner» au Congo.
«Wagner», une société militaire privée fondée par Yevgeny Prigozhin, un allié du président russe Vladimir Poutine, a été accusée de violations des droits de l’homme au Mali et en RCA, pays frontalier de la RDC.
Tshisekedi a déclaré qu’il était normal de garder le dialogue ouvert avec la Russie et a souligné qu’Emmanuel Macron, le président français, avait maintenu le contact avec Poutine après l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
«Nous sommes un pays indépendant, respectueux des conventions internationales et, croyez-moi, nous n’avons pas de [mercenaires russes]. Nous n’allons pas utiliser une milice pour soutenir nos actions», a-t-il déclaré.
«Nous allons renforcer notre sécurité en augmentant nos capacités de défense et de sécurité», a-t-il ajouté. La RDC s’appuiera sur «nos partenaires traditionnels habituels», dont la Belgique, ancienne puissance coloniale, «pour former, renforcer nos capacités et les capacités de notre armée», a-t-il déclaré.
Cependant, malgré les problèmes de sécurité dans la région, son administration est sérieuse et veut rompre avec le schéma vieux de plusieurs décennies dans lequel la RDC a exporté des matières premières pour les transformer ailleurs, a déclaré le président.
«Je ne veux plus que notre pays soit simplement une terre d’extraction. Nous devons absolument nous transformer», a-t-il déclaré. «Nous sommes en train de favoriser de nombreux partenariats avec des investisseurs qui voudraient venir nous renforcer dans ces capacités.»
M. Tshisekedi a déclaré qu’il était déterminé à développer le barrage d’Inga, bloqué depuis longtemps, qui pourrait répondre à la plupart des besoins énergétiques de la RDC et de certains de ses voisins. Il a toutefois reconnu que les pourparlers concernant un investissement de 80 milliards de dollars par le magnat australien de l’exploitation minière Andrew Forrest, président de Fortescue Metals, avaient été lents à démarrer.
«Je ne comprends toujours pas, malgré toutes les dispositions financières que nous avons prises [et] toute la promotion que nous avons faite autour de ce projet… pourquoi il n’y a pas d’enthousiasme [de la part des investisseurs», a déclaré M. Tshisekedi.
La RDC, dont les immenses forêts absorbent jusqu’à 4 % des émissions annuelles mondiales de carbone, selon le groupe de réflexion Chatham House, pourrait jouer un rôle important dans la transition vers une énergie verte, a-t-il déclaré. Mais ce rôle doit être équilibré avec les besoins de développement du pays, qui est l’un des plus pauvres du monde, selon la Banque mondiale.

Il a insisté sur le fait que son gouvernement poursuivrait ses projets d’exploration pétrolière, même dans des zones protégées telles que le parc national des Virunga, qui abrite l’une des dernières populations de gorilles de montagne au monde.
«La République Démocratique du Congo dispose d’atouts environnementaux qui, soit dit en passant, en font un pays offrant des solutions aux problèmes de changement climatique, elle ne va donc jamais dilapider ces atouts à des fins de profit», a-t-il déclaré. Mais le pays est «confronté à des difficultés [et] a besoin de se développer …. Ces ressources peuvent nous aider à y parvenir. Mais cela ne signifie pas que nous allons le faire à tout prix».

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