Affaire Mwangachuchu: des éléments du CNDP et du M23 au sein de la SMB

L’affaire Mwangachuchu, du nom du député national poursuivi pour atteinte à la sécurité intérieure, détention illégale d’armes et incitation des militaires à poser des actes contraires à leur devoir, a connu un rebondissement en fin de semaine dernière. Effet, la comparution du responsable de la sécurité au sein de la Société Minière de Bisunzu (SMB) a apporté de l’eau au moulin des juges de cette haute juridiction. Avec sous ses ordres plus de 20 éléments, le commissaire principal Mushamalirwa a été entendu dernièrement sur la provenance de ces agents. Et comme la haute juridiction tient à obtenir des vérités dans cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, il sied de rappeler que cet officier avait été soumis au rituel de prestation de serment. Une main levée au ciel, il avait à cette occasion, juré de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité. C’était pour le prévenir du danger de faire de fausses déclarations à la justice dont parmi les conséquences, il y a des poursuites judiciaires en règle assorties de peines d’emprisonnement.

        C’est certainement placé devant ses responsabilités d’officier supérieur de la police et quelquefois d’auxiliaire de la justice, qu’il devait répondre à plusieurs questions des juges pour savoir entre autres, quels éléments composaient la garde de la Société Minière de Bisunzu appartenant au prévenu Edouard Mwangachuchu Hizi. Sans détours, il avait reconnu que la garde de la SMB était composée des éléments de la Police National Congolaise (PNC), du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple) et du M23. Avait-il informé la hiérarchie de la PNC de cette situation ? Non, avait répondu à cette audience le commissaire principal Mushamalirwa, visiblement embarrassé d’avoir révélé un secret gardé entre initiés. Même Edouard Mwangachuchu, qui l’avait écouté religieusement, était abattu quand la justice militaire a finalement découvert qu’au sein de la garde de la Société Minière de Bisunzu, l’on utilisait à la fois des policiers congolais, des éléments du CNDP et du M23. Pourquoi cet officier supérieur avait-il caché de la vérité à sa hiérarchie ? Son silence à l’interrogation en disait long et la Haute
cour militaire n’a pas serré la vis plus loin pour percer ce mystère. Probablement faute de temps. Une chose est certaine. Les prochaines audiences de cette affaire seront révélatrices d’autres vérités.
        Le ministère public qui, de son côté, avait œuvré activement pour rassembler les pièces à conviction depuis le début de cette affaire, que ce soit à Bisunzu ou dans la ferme du député national, ou encore à Kinshasa, s’est réjoui de constater que les quelques déclarations  des
prévenus faites au cours de différentes audiences, sont venues éclairer davantage sa lanterne en tant qu’organe chargé des poursuites. On peut aujourd’hui spéculer comme on veut sur ce dossier. En tout état de cause, deux versions s’affrontent dans cette affaire: l’une bâtie par la défense des prévenus, et l’autre érigée sur les piliers façonnés par les juges. Les deux thèses vont s’affronter prochainement quand la Haute cour militaire donnera la parole au ministère public pour faire son réquisitoire, et aux avocats de la défense pour développer leurs plaidoiries. Mais pour l’instant, on est rassuré que tout va au mieux et que le procès suit allègrement son
cours normal.
        Cette semaine, l’on croit savoir que l’on s’acheminera à coup sûr, vers le fond des fonds. Et la confrontation des deux prévenus promet, on n’en doute pas, quelques étincelles, surtout que le commandant de la sécurité de la Société Minière de Bisunzu va tenir à sauver sa peau, son rang d’officier supérieur et surtout son grade de commissaire principal de la police. Saura-t-il résister feux nourris des questions des juges, décidés à faire valoir leur compétence à juger le député national Edouard Mwangachuchu ? C’est la question qui taraude les esprits.           

J.R.T.

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