Plusieurs têtes d’érosions sont visibles le long de la Nationale 1, de Matadi-Kibala à Mitendi. Alors que le gouvernement a mis de gros moyens pour les travaux de réhabilitation de cette voie au niveau de l’arrêt « En vrac », après sa coupure il y a un mois, et que le site exige du temps pour être stabilisé, une grosse crevasse y est apparue en pleine pluie torrentielle d’hier mercredi 22 février 2023. Sa proximité – on parle de moins de 20 mètres–avec l’érosion qui a semé la panique au sein tant de la population de Kinshasa que des autorités nationales, suite à la menace de pénurie sèche des produits et des biens de première nécessité que représentait la rupture du trafic automobile entre la capitale et le porte de Matadi, fait craindre le pire.
Compte tenu de la précarité de la situation en cette période de forte pluviosité, d’aucuns pensent que l’unique alternative pour sauver la Nationale 1, c’est la démolition de toutes les constructions anarchiques, de Matadi-Kibala à Mitendi, qui ont rendu les terres du secteur vulnérables face à la furie des eaux. On rappelle que la Nationale 1, dont les sols étaient protégés par la végétation, notamment les arbres et herbes sauvages, n’était pas aussi malmenée par les intempéries comme c’est le cas aujourd’hui .
Point n’est besoin de souligner que les constructions anarchiques constituent des dangers permanents pour les ouvrages de protection de la Nationale 1, notamment les caniveaux, les collecteurs et égouts, que les résidents transforment en poubelles, sans le moindre état d’âmes. Certains inciviques n’hésitent pas à construire sur ces ouvrages, voire à les casser pour s’aménager des espaces à habiter.
Une cure très amère mais inévitable
Face à l’insécurité causée par les têtes d’érosions dans le secteur de la Nationale 1 compris entre Matadi-Kibala et Mitendi, les autorités nationales ont un choix à faire: fermer les yeux sur les constructions anarchiques et mettre en péril cette voie de communication vitale pour Kinshasa et le reste du pays, ou procéder, dans un délai raisonnable, à leur démolition systématique et sauver ce qui peut encore l’être. La cure parait fort amère mais elle est inévitable. Il nous souvient que chaque fois que la Nationale 1 est fortement endommagée–cas de Badiadingi, de Mitendi et de Matadi-Kibala–la chanson qui revient sur les lèvres des décideurs politiques tourne autour de la destruction des constructions anarchiques.
Au vu des catastrophes naturelles que tout le monde voit venir, les menaces verbales de démolition des constructions anarchiques devraient céder le pas aux actions, c’est-à-dire au travail des bulldozers. A l’image des opérations « coup de poing » à Kinshasa que mène le gouverneur de la ville depuis un certain temps, la Nationale 1 a besoin d’être protégée par une opération similaire ayant pour cible les habitations érigées sur des sites inappropriés.
Sanctionner aussi les chefs coutumiers, les bourgmestres et les agents du Cadastre Chaque fois que se pose le problème des constructions anarchiques à démolir, l’on assiste à la montée en force des occupants porteurs de documents divers leur reconnaissant des droits de propriété : actes de vente des chefs coutumiers, fiches parcellaires délivrées par des bourgmestres, certificats d’enregistrements signés par des agents du Cadastre, autorisations de bâtir émanant de l’administration de l’urbanisme et habitat, etc. Il y a toujours, dans chaque cas, un document légal valant titre d’occupation parcellaire.
D’où, concomitamment aux opérations de démolition, des commissions d’enquête devraient se charger d’identifier les chefs coutumiers, bourgmestres et fonctionnaires des affaires foncières et de l’urbanisme et habitat coupables des délits de vente illégale des terres. Etant donné que leurs identités et titres sont facilement repérables dans les dossiers, ils devraient être poursuivis en justice et sanctionnés, même après avoir quitté leurs fonctions.
Kimp