Intervention de l’Ambassadeur Georges Nzongola-Ntalaja au Conseil de sécurité

Monsieur le Président,
Permettez-moi au seuil de mon propos, de vous féliciter pour le savoir-faire et la compétence avec lesquels vous avez conduit les travaux tout au long de ce mois d’octobre 2022.

A ces remerciements, je tiens à associer tous les membres du Conseil de sécurité pour l’intérêt constant que vous accordez à la situation de mon pays sans oublier une mention spéciale aux trois représentants du Continent africain, le GABON, LE GHANA ET LE KENYA.
Ma délégation apprécie à sa juste Valeur la présentation que vient de faire l’Ambassadeur HUANG XIA, Envoyé Spécial du Secrétaire Général dans la région des Grands Lacs dont je salue la présence dans cette salle. Nous voulons aussi apprécier Son engagement et ses sacrifices en faveur de la Région des Grands-Lacs.
Je ne peux pas me permettre de continuer mon propos sans rappeler au
Conseil de sécurité qu’au moment où nous tenons ces assises, la ville de BUNANGANA, une partie chère de mon pays, est toujours agressée et occupée par le Rwanda sous couvert du M23 plus de quatre mois. Le Rwanda, devrions-nous le rappeler, est un des pays signataires de l’Accord-Cadre d’Addis Abeba. Cette situation inacceptable d’agression qui sape les efforts, le renforcement de la confiance et la dynamique positive qui commençait à s’installer dans la région des Grands-Lacs doit s’arrêter. Nous demandons au Conseil de demander au Rwanda et son M23 de quitter sans délai cette partie du territoire congolais.
Quant aux groupes armés, la RDC poursuit ses efforts à titre individuel et aussi en conjugaison avec tous ces partenaires pour réduire le niveau de menace que constituent les groupes armés. A ce titre, le Processus de Nairobi va être pleinement relancé pour la prise en charge de la donne groupe armé. Le message du Président de la République, Son Excellence Felix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO est très clair à ce sujet : tous ces groupes armés nationaux doivent déposer les armes et rejoindre le Processus PDDDR-CS. Quant aux groupes armés
étrangers en plus de déposer les armes, ils doivent retourner dans leur pays. Nous réitérons notre appel auprès des pays d’origine de ces combattants de prendre de manière conséquente et concrète leur responsabilité.
Monsieur le Président,
Quant à la situation humanitaire, elle demeure très préoccupante dans
la région. Les efforts de plaidoyer pour juguler cette situation doivent se poursuivre car à ce jour le gap d’au moins 70% des besoins en financement n’est toujours pas comblé.
Quant à la mise en œuvre proprement dit de l’Accord-Cadre d’Addis Abeba, la RDC comme mentionné dans le rapport du SG a honoré les six engagements nationaux auxquels, elle avait souscrit. La nomination, le 26 mai 2022, de neufs coordinateurs provinciaux pour le Programme PDDDR-CS, les réformes en cours concernant les Forces Armées de la RDC (FARDC), la signature par le Président du projet de loi de programmation militaire (2022-2025) axée sur le renforcement
des capacités (28 juillet 2022).
En outre, Il s’avère utile de rappeler que sous le leadership de la RDC qui assume la présidence du Mécanisme Régional de Suivi depuis le 24 février 2022, plusieurs réunions importantes ont eu lieu :
1)Au mois d’août 2022, La 31ème réunion du Comité d’Appui Technique a été organisée à Nairobi. Les hauts représentants des Chefs d’Etat signataires de l’Accord-cadre ont recommandé, a l’issue de cette rencontre, d’accélérer la mise en œuvre de cet Accord à travers les mécanismes existants, pour mettre fin à l’insécurité dans la partie Est de la RDC et la Région.
2) Du 22 au 24 septembre 2022, la 5ème réunion des Chefs des Services de sécurité et de renseignement de la région des Grands Lacs s’est tenue à Kampala. Cette réunion a décidé du déploiement, à partir du 05 Novembre 2022 à Goma/RDC, des membres de la Cellule Opérationnelle du Groupe de Contact et de Coordination, qui sera en charge de l’élaboration et du suivi des mesures non militaires en complément aux opérations militaires en cours.
Ce groupe de Contact, en plus des contacts avec les groupes armés va aussi opérer dans une approche communautaire à travers les contacts avec les leaders d’opinions, des communautés et de la société civile sans oublier les femmes et les jeunes. L’objectif avoué est de sensibiliser, d’obtenir l’adhésion et l’implication effective de toutes ces parties prenantes dans ces efforts non militaires visant la
reddition des groupes armés.
Par ailleurs, la Cellule opérationnelle va aussi accompagner les efforts ciblant les groupes armés étrangers et leur rapatriement dans leurs pays d’origine, souhait clairement exprimé par le Gouvernement de la RDC.
Il importe de souligner que la réussite de ce volet non militaire soulève l’importance cruciale du Programme PDDR-CS mis en place par le Président de la RDC. Nous saisissons cette plateforme pour demander à l’Envoyé spécial et au Conseil de Sécurité de participer encore plus proactivement aux côtés de la RDC dans les efforts de plaidoyer pour un financement conséquent de ce programme qui va contribuer à changer la donne dans les Grands-Lacs.
Par ailleurs, conformément à la résolution 2556, la stabilisation de la RDC passera également par la mise en œuvre de l’Accord cadre d’Addis-Abeba. A ce titre, mon gouvernement voudrait rassurer le Conseil qu’elle poursuivra ses efforts de coopération au niveau sous-régional, régional et international pour la mise en œuvre effective de cet Accord-Cadre.
Pour clore, ce chapitre, permettez-moi de mentionner que la RDC respecte ses engagements pris au terme de l’Accord-Cadre.
Le Rwanda en apportant un appui substantiel au M23 contribue à la détérioration du climat de confiance et dans le maintien de l’insécurité dans la partie Est de la RDC. Cette insécurité favorise depuis des années, la prédation et l’exploitation illicite des ressources naturelles dont regorge l’Est de la RDC et que nous déplorons.
L’Accord-Cadre d’Addis Abeba prohibe la déstabilisation d’un pays membre de la région à partir d’un autre Etat. Cette attitude, enregistrée en ce qui concerne le Rwanda, est faite au mépris des conclusions du processus de Nairobi, des pourparlers de Luanda et de New York.
Que le Conseil soit informé que la RDC, Son Président et sa population défendront l’intégrité de leur territoire et ne lâcheront aucun centimètre carré de leur sol.
Permettez-moi avant de conclure mon propos de formuler quelques
demandes de ma délégation au Conseil:
1. Le respect de l’intégrité et de l’intangibilité des frontières de la RDC ;
2. Que le Conseil puisse exiger un retrait immédiat et sans conditions des troupes rwandaises et du M23 de la cité de BUNANGANA à l’EST de la RDC ;
3) Que le Conseil de Sécurité condamne fermement par voie de résolution, la République du Rwanda pour son soutien au groupe armé M23;
4) Que le Conseil de Sécurité impose des sanctions appropriées et plus sévères aux acteurs du M23 et au pays qui menacent la paix, la sécurité et la stabilité dans les Grands-Lacs à travers cet activisme
;
5) l’appui au processus de Nairobi.
6) Exiger de tous les groupes armés sans exception de déposer les armes pour rejoindre le P-DDRCS et fournir un soutien plus accru au programme P-DDRCS.
7) Renforcer des sanctions contre les réseaux maffieux internes et externes qui exploitent illégalement les ressources naturelles de la RDC, incluant toutes leurs chaînes partant des lieux de production et de transit jusqu’aux destinations.
8) Que le Conseil puisse s’impliquer pour s’assurer que chaque Pays
des Grands-Lacs règle ses différents avec ses propres
combattants/rebelles.
Je vous remercie

Fait à Kinshasa, le 26 octobre 2022.

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