«Nous ne voyons pas les raisons pour lesquelles nous allons refuser de nous engager dans une perspective diplomatique sans faiblesse ni naïveté. Nous ne sommes pas des va-t-en-guerre. Nous, on a aucune intention de faire la guerre. La voie diplomatique est la moins coûteuse», affirme, invité du Magazine l’ÉDITION SPÉCIALE sur TOP CONGO FM, le vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères, Christophe Lutundula (Photo), interrogé à New-York en marge de
l’Assemblée générale des Nations-Unies.
En «semaine de la vérité aux Nations-Unies qui, à travers leur secrétaire général, ont reconnu les faiblesses de la mission qu’elles ont mise en place en RDC», Christophe Lutundula estime que le président Tshisekedi a, dans son discours, «crevé l’abcès. Je n’ai jamais vu également le président Kagame dépourvu d’arguments avec une humilité qui ne lui est pas coutumière».
Christophe Lutundula souhaite maintenant «que nous puissions évoluer vers la solution définitive de la crise qui meurtrit notre pays et son peuple».
Nous allons gagner
«Il ne faut pas confondre précipitation et rapidité. Nous sommes sur un terrain militaire. Il faut bien préparer les choses», répond-il à ceux qui souhaitent que la RDC fasse la guerre au Rwanda ou lance une offensive militaire sur Bunagana, cette cité du Nord-Kivu occupée depuis près de 3 mois par les rebelles du M23. «Pourquoi dire à nos militaires d’aller combattre alors que nous
voyons pointer à l’horizon une solution. Le temps d’occupation de Bunagana n’est pas à comparer avec la vie de nos compatriotes» militaires.
Pour lui, il ne faut pas demander aux FARDC «de gagner d’un claquement des doigts, même une armée la plus forte du monde, devant deux armées classiques avec cette constellation des groupes armés au sein desquelles il y a des accointances avec le terrorisme international. Mais je suis convaincu que si vous conjuguez tous ces facteurs (diplômatie, réforme de l’armée etc…) avec la volonté du président de la République, de l’ensemble des institutions y compris le Parlement, nous allons gagner».
Déjà pour faire reculer le Rwanda, «nous, disposons d’une arme très puissante : la mobilisation populaire. C’est la première arme. C’est cette unité, cette union autour de la défense de l’intégrité nationale».
Au problème africain, solution africaine
«Au problème africain, solution africaine. Nous ne pouvons pas donner l’impression aujourd’hui qu’aux côtés du Conseil paix et sécurité des Nations-Unies, qui fait un travail appréciable, que la communauté de l’Afrique de l’Est ne vaut pas la peine».
D’ailleurs, révèle-t-il, «je vous donne la primeur. La semaine passée j’ai participé à une réunion, en visioconférence, du comité ministériel de l’organe chargé de la paix et de la sécurité ainsi que les questions politiques de la SADC. Nous avons discuté avec les pays membres de la SADC qui sont dans la brigade d’intervention dont la Tanzanie, l’Afrique du Sud et le Malawi. Ils ont affirmé qu’ils sont prêts à prendre le relais de la MONUSCO (dont le départ est de plus en
plus exigé à cause notamment de son inefficacité pour rétablir la paix à l’Est de la RDC) et même à leur charge. La force régionale est (d’ailleurs déjà) en déploiement».
Qu’à cela ne tienne, le vice-Premier ministre des Affaires étrangères estime que «l’impatience des Congolais, ce sont des interpellations pour nous. Il y a un peu des lumières, les ténèbres ne nous empêchent plus de voir l’éclairci de l’aube qui pointe quelque part».