Le mémo de Kalumba : une piste de sortie du bourbier pétrolier

En attendant de devenir un pays « pétrolier », avec sa trentaine de « blocs » renfermant de l’or noir, la République Démocratique du Congo reste à la merci des ruptures récurrentes de stocks. La situation est d’autant inquiétante qu’elle est devenue cyclique à court terme. Selon le dernier tableau de bord, trois réajustements à la hausse des prix des produits pétroliers viennent d’être enregistrés entre le mois d’avril et celui d’août 2022. Même si les différentes ajouts tournent autour de la modique somme de 100 FC par litre, elles n’en demeurent
pas moins révélatrices de la persistance d’un cercle vicieux dont le pays ne peut sortir qu’en s’alignant sur la « vérité des prix ».
On retient, à ce sujet, le fameux « mémo » adressé au Premier ministre, en avril dernier, par l’ancien ministre de l’Economie Nationale, Jean-Marie Kalumba, dans lequel il avait expliqué les termes de référence de la structure des prix pétroliers et proposé comme piste de sortie des crises pétrolières au plan national, la « vérité des prix ». Ce technocrate avait mis en garde le gouvernement
contre la poursuite de la politique suicidaire de subvention des manques à gagner des opérateurs du secteur pétrolier.
Sa mise en garde portait sur les difficultés de mobilisation des fonds à affecter à la facture pétrolière, jusqu’à concurrence de 96%. Son avis technique était que l’exécutif national devrait se mettre d’accord avec la profession pétrolière, pour élaguer de la structure des prix toutes les rubriques de nature à l’alourdir utilement.
Le drame, dans ce dossier est qu’au lieu d’analyser froidement la note technique qu’il avait soumise à l’attention des députés nationaux, lors de son passage à l’hémicycle de Lingwala, la dynamique de la salle avait cru régler le problème en exigeant sa tête. Quatre mois après, où en est-on avec le bourbier pétrolier ? Le constat est que le pays n’est pas sorti de l’auberge. Comme l’avait prédit l’incriminé, il est impossible de garantir la reconstitution automatique des stocks avec des subventions souvent libérées sur le tard, comme le cas actuellement.
Il est vrai que du côté du ministère des Hydrocarbures, on refuse d’admettre la réalité incontournable de la rupture des stocks, pour parler de contingentement des stocks. Mais, la réalité est que la RDC peine, depuis plusieurs décennies, à stabiliser le secteur pétrolier, à cause notamment de la politique de l’autruche, qui consiste à refuser d’affronter la vérité des prix. Mais sur le terrain, à Kinshasa comme en provinces, les prix de vente pratiqués au noir, chez les incontournables « Kadhafi » sont égaux ou supérieurs à ceux préconisés dans la note technique du malheureux ministre sortant de l’Economie Nationale, qui avait eu tort de chercher à avoir raison dans l’hémicycle de Lingwala, face à des députés nationaux
foncièrement opposés à sa cure de cheval. Présentement, tous les regards sont tournés vers les pétroliers annoncés à Moanda en cette fin de semaine et au milieu de la semaine prochaine, comme porteurs de la solution à la pénurie des produits
pétroliers en général et de l’essence en particulier. Comme d’ordinaire, une fois les différents stocks réceptionnés et mis à la disposition des « consommateurs », la relative abondance va s’effriter au bout d’un mois, pour faire retomber le pays soit dans une nième crise pétrolière, soit dans un nouveau feuilleton de révision à la
hausse des prix, dans une fourchette qui ne répond pas à la « vérité des prix ».
Considérée comme dangereuse sinon mortelle, la « vérité des prix »
finit toujours par rattraper les consommateurs congolais, lorsque les stations-services affichent pompes clos que les vendeurs clandestins des carburants prennent le relais pour pratiquer des prix qui n’appellent pas de débat, car c’est à prendre ou à laisser.
Kimp

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