Produits pétroliers : rationnement des stocks

La ville de Kinshasa est une fois de plus confrontée, depuis le début de l’année 2022, à la pénurie des produits pétroliers. Les files sont quasi permanentes devant les stations-services de la capitale depuis l’avant-midi de lundi 5 septembre, plongeant ainsi la population dans l’inquiétude. Devant plusieurs stations-service, les files des véhicules ne cessent de s’allonger. Les automobilistes qui attendent d’être servis en vain deviennent impatients et anxieux..
Selon le ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, le problème de stock est une fois de plus à la base de cette pénurie. Dans un communiqué de presse, il informe la population congolaise en général et kinoise en particulier, que cette situation fait suite à la baisse sensible de stocks d’essence. A cet effet, un plan de rationnement des stales a été mis en place.

Le ministère des Hydrocarbures rappelle que ce plan de contingentement est aussi appliqué dans les stations-service avec la limitation du volume en litre par véhicule afin de permettre la gestion transitoire de cette période passagère de la baisse de stocks d’essence en attendant bien évidemment le ravitaillement escompté.

Le manque à gagner des pétroliers toujours d’actualité

Si le gouvernement évoque uniquement le problème de la rupture des stocks comme étant à la base de cette pénurie, des sources proches des pétroliers remettent sur la table du débat le problème récurrent lié au manque à gagner dans la trésorerie des pétroliers. A les en croire, les compensations de l’Etat par rapport à la fixation du taux de change tardent à leur bénéficier.
Pour y remédier, poursuivent-elles, le gouvernement devrait absolument payer ces manques à gagner ou revoir une fois de plus le prix du carburant à la hausse, de manière à leur permettre de renouveler les stocks et de reprendre à fonctionner normalement. On se rappelle que le ministre de l’Economie sortant, Jean-Marie Kalumba, avait transmis, en son temps, au Premier Ministre, une note technique portant révision des prix des produits pétroliers en vue de son
examen urgente en Conseil des Ministres. Il avait proposé au gouvernement, au regard de cette dette évaluée à plusieurs millions de dollars, d’accepter le réajustement des prix du carburant à la pompe afin de permettre au gouvernement de ne plus subventionner les pétroliers ainsi que de compenser cette perte.
Il avait, par ailleurs, rappelé la volatilité des cours mondiaux du pétrole brut et ses répercussions sur les prix des carburants, la modification des paramètres économiques due au conflit militaire russo-ukrainien. Le désormais ex-ministre de l’Economie Nationale avait expliqué, dans sa note adressée au chef du Gouvernement, que les produits pétroliers font partie des quatre produits stratégiques, dont les prix sont fixés par le Gouvernement à travers le ministère de
l’Economie. Selon lui, la réglementation en vigueur prévoit que la structure des prix des carburants devrait faire l’objet d’une actualisation lorsque l’un des trois paramètres principaux qui la constituent connait une variation de l’ordre de 5% à la hausse ou à la baisse. Il s’agit du Prix Moyen Frontière Commercial (PMFC), du taux de change et du volume mis en consommation. Or, le pays se retrouve justement face à cette situation.
A l’en croire, si on ne réajuste pas les prix à la pompe, le pays va continuer dans ce cycle des compensations de l’Etat face au manque à gagner des pétroliers (350 millions de dollars de dette antérieure) avec le risque d’atteindre 6 ou 700 millions de dollars à la fin de cette année.

Le Gouvernement subventionne le carburant à près de 96%

Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) subventionne les produits pétroliers à hauteur de 2 561 francs congolais (1,2 USD) sur le prix du litre à la pompe, afin de préserver le pouvoir d’achat des populations congolaises déjà très faible. C’est ce qu’avait indiqué le Secrétaire général à l’Economie, Célestin Twite, au cours d’un entretien avec les médias locaux en juin dernier.
Selon le Secrétaire général à l’Economie, l’intervention du Gouvernement permet aux populations congolaises d’accèder sans trop de peine, aux produits pétroliers. « La subvention du Gouvernement congolais évaluée à 96% dans le prix du litre à la pompe s’inscrit dans le but de préserver le pouvoir d’achat de la population et l’augmentation des prix d’autres produits afin de ne pas impacter
négativement d’autres secteurs tels que les mines, le transport…», avait déclaré Célestin Twite.
Le manque à gagner subi par les pétroliers est donc pris en charge par l’Etat congolais en termes de subvention. « Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo, qui reste attentif aux difficultés évoquées par les sociétés publiques du secteur pétrolier, est déterminé à les accompagner pour atteindre des solutions durables, sans compromettre le pouvoir d’achat de la population congolaise », avait-t-il rassuré.
Il faudrait noter que fin mai 2022, le Gouvernement a payé 83 millions USD aux sociétés pétrolières en termes de subventions, afin de couvrir le manque à gagner. Pendant la même période, le groupement professionnel des distributeurs des produits pétroliers en RDC avait évoqué un endettement hors normes des sociétés commerciales auprès des fournisseurs des carburants supérieur à hauteur de 220 millions de dollars américains.
Pour la période du 1 juillet au 31 mars 2022, le Gouvernement devait 192 millions USD à trois sociétés pétrolières (Cobil, Engen, Total) qui supportent le marché de l’Ouest.

Le gouvernement appelé à vite agir
Face à ce tableau, plusieurs observateurs pensent qu’il est temps que le gouvernement se décide rapidement sur cette question de subvention des produits pétroliers, afin de garantir l’approvisionnement régulier des stations-services et des activités économiques qui dépendent directement des carburants. Le gouvernement devrait donc lever les équivoques et résoudre définitivement cette situation car les usagers de la route et les consommateurs craignent d’être effectivement frappés, un bon jour, par une rupture totale des stocks.
Nombre d’observateurs pensent que tant que le gouvernement va persister à contourner la «vérité des prix», au profit des réajustements de 100 à 200 FC par mois, le pays sera condamné à tourner en rond, en attendant l’exploitation de ses blocs pétroliers.

Perside Diawaku
COMMUNIQUE DE PRESSE DU MARDI 06 SEPTEMBRE 2022 : situation de pénurie
d’essence à Kinshasa : le ministre des Hydrocarbures fixe l’opinion
Il s’observe depuis lundi 5 septembre 2023 à Kinshasa, des longues
files d’attente des véhicules pour se ravitailler en carburant dans
les stations-service.
Au regard de cet état de fait, le ministère des Hydrocarbures tient à
informer la population congolaise en général et kinoise en
particulier, que cette situation fait suite à la baisse sensible de
stocks en essence.
D’ordinaire, la capitale consomme plus ou moins 1100 m3/jour et à la
suite de cette décrue, un plan de contingentement est appliqué pour
assurer la ville en essence essentiellement.
Dans le souci d’éviter la rupture totale, le gouvernement, en
concertation avec les entreprises opérant dans le domaine, s’est
résolu à appliquer le plan de contigentement, en vue de faire baisser
de 1100 m³ à 660 m³/jour la consommation en essence dans la ville
rien que pour l’essence ainsi que le jet.
En ce qui concerne le jet, le navire assurant le ravitaillement est à
quai de Banana réceptionné par Socir depuis samedi 3 septembre. La
cargaison devra remonter à Ango-Ango, aux environs de Matadi pour son
acheminement vers Kinshasa : ce qui devrait prendre une semaine.
En revanche, pour l’essence, le bateau est attendu le 14 septembre
courant. Pendant ce temps, le gouvernement s’apprête à payer le
manque à gagner des sociétés pétrolières pour leur permettre de
s’approvisionner.
Le ministère des Hydrocarbures appelle la population au calme et la
rassure du contrôle de la situation pour qu’elle redevienne à la
normale.
En outre, le ministère des Hydrocarbures rappelle que ce plan de
contingentement est aussi appliqué dans les stations-service avec la
limitation du volume en litre par véhicule afin de permettre la
gestion transitoire de cette période passagère de la baisse des stocks
d’essence en attendant bien évidemment le ravitaillement escompté.
Cellule Presse Hydrocarbures

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