26 juin 2021 – 26 juin 2022 : Polydor Muboyayi, douloureux souvenir

Polydor Muboyayi, Editeur Directeur Général du Groupe de Presse Le Phare et président de l’Omec (Observatoire des Médias Congolais), avait quitté inopinément la terre des hommes le samedi 26 juin 2021, pendant un séjour privé aux Etats-Unis d’Amérique. La nouvelle avait d’autant surpris sa famille biologique, celle de ses confrères et consœurs des médias que ses amis et connaissances, pour la simple et bonne raison qu’au moment où il avait pris l’avion à l’aéroport
international de Ndjili, le mardi 15 juin 2021, il était pétillant de santé. Il s’était même permis une longue «escale» à la rédaction du journal Le Phare, au 2me niveau de l’Immeuble Interfina, sur le boulevard du 30 juin, dans la commune de la Gombe pour prendre momentanément congé du personnel.

Ce dimanche 26 juin 2022, il va accomplir une année sous terre, dans sa dernière demeure, au cimetière « Chemin du Paradis », dans la commune de Mont-Ngafula. Une année après, les plaies que sa mort subite avait provoquées dans les cœurs de sa famille biologique, spécialement dans ceux de sa veuve, de ses enfants, de ses frères et sœurs, des oncles et tantes, de ses cousins et cousines, de ses petits-fils et de ses petites-filles, des journalistes et agents
administratifs du journal Le Phare et de Le Phare/Télévision, sont restées béantes et saignantes. Arriveront-elles à se cicatriser un
jour ? La question reste posée. S’il y a une consolation que tous peuvent trouver quelque part, c’est d’abord et avant tout dans ses œuvres, nous avons cité les deux médias qu’il a légués à la postérité. Si ses héritiers professionnels
parviennent à pérenniser ses œuvres, Polydor Muboyayi pourrait se
reposer tranquillement dans sa tombe, heureux d’avoir jeté les bases
de son immortalité dans la mémoire collective.
Dans les différents témoignages faits à l’occasion de sa brutale
disparition comme dans les mots d’hommages à sa mémoire enregistrés
lors de ses funérailles, le samedi 17 juillet 2021, à l’esplanade de
l’Hôpital du Cinquantenaire, un seul refrain était repris en boucle :
que les œuvres de Polydor Muboyayi survivent à sa mort physique.
Une année après, le défi semble avoir été relevé même si beaucoup
reste à faire. Polydor Muboyayi mort, sa famille biologique et ses «
héritiers « professionnels » ayant réussi à traverser les trois
premiers mois d’abord et les 12 premiers ensuite de la difficile
période de « transition » entre l’avant et l’après « Polydor », il
reste maintenant à tous un autre défi, celui consistant à jeter les
bases d’une succession en douceur, de manière à amorcer, si Dieu le
veut, un nouveau virage dans la voie la consolidation des acquis des
premiers 12 mois.
De Polydor Muboyayi, nous garderons à jamais, nous qui avions eu le
privilège d’être formés à son école, toutes générations confondues, le
souvenir d’un professionnel des médias solidement attaché à l’éthique
et à la déontologie, auxquelles il ne cessait de sensibiliser les
membres de la corporation, de 2004, date de la création de l’Omec, à
son dernier soupir, en juin 2021. Polydor Muboyayi, c’était aussi ce
patron de presse resté «reporter» dans l’âme, prêt à passer toute sa
journée dans son bureau, au siège du journal, afin de s’assurer que
l’édition en cours répond aux attentes des lecteurs.

On se rappelle que lors de la première élection de Barack Obama comme
premier président noir des Etats-Unis d’Amérique, en novembre 2008, il
n’avait pas fermé l’œil, car soucieux d’avoir la primeur de
l’information, autour de 4 heures du matin ici à Kinshasa, et de la
mettre à la disposition du public. «Bis repetita» en janvier 2019,
lorsque la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), avait
publié, aux petites heures de la matinée, les résultats provisoires de
l’élection présidentielle, avec Félix Tshisekedi en tête de peloton en
vue de les annoncer dans son journal. Il avait également « veillé »,
toujours en janvier 2019, pour attendre les résultats définitifs de
l’élection présidentielle, proclamés par la Cour Constitutionnelle.
Sa rigueur dans le travail et sa constance dans la défense des
opinions qu’il estimait bénéfiques pour l’avènement de la démocratie
et de l’Etat de droit étaient parmi les principes sur lesquels il ne
faisait aucune concession à quiconque, même contre des espèces
sonnantes et trébuchantes ou de menaces de toutes sortes.
Son refus de la compromission dans la relation des faits lui avait
valu, sous le régime de Mobutu comme sous ceux des Kabila, père et
fils, des interpellations, des arrestations et des emprisonnements,
qu’il accueillait avec un stoïcisme digne d’un contemporain de nos
ancêtres de la Rome et de la Grèce antiques. Nous avons du mal à
croire que Polydor Muboyayi, ce produit rare du secteur des médias,
nous manquera à jamais. Paix à son âme
Jacques Kimpozo Mayala

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