L’Angola va bientôt intervenir militairement au Nord-Kivu, dans le cadre des opérations de maintien de la paix avalisées par les processus de Luanda et de Nairobi. C’est le signal fort lancé le week-end dernier par la présidence de la République d’Angola, dont le Chef de l’Etat, Joao Lourenço, assume le rôle de médiateur en vue de la résolution pacifique de la crise sécuritaire à l’Est de la République Démocratique du Congo, conformément aux résolutions des mini-sommets de Luanda, Nairobi, Bujumbura et, tout dernièrement, Addis-Abeba.
L’initiative angolaise d’envoi d’un contingent militaire au Nord-Kivu, indique la présidence angolaise, a été prise en accord avec les autorités congolaises, consultées à ce sujet. Elle a reçu aussi le quitus des dirigeants de la région, de la Coordination des processus de Luanda et Nairobi, de l’Organisation des Nations Unies, de l’Union Africaine et de la Communauté des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC).
La principale mission que s’assigne le contingent militaire angolais va être de sécuriser les zones de cantonnement des combattants du M23, appelés de longue date à déposer les armes, et de protéger les membres du Mécanisme ad hoc Vérification.
Selon l’article 5 de la Loi du 10 juin 2021 relative l’envoi des contingents militaires angolais en dehors de leur pays, le Président de la République d’Angola et commandant en chef des forces armées angolaises a l’obligation de requérir l’autorisation préalable de l’Assemblée Nationale. La formalité va être certainement remplie dans un bref délai.
Les observateurs saluent d’ores et déjà la décision du président Joao Lourenço d’envoi les troupes angolaises au Nord-Kivu en vue d’y faire le «ménage», en collaboration avec les troupes congolaises et celles de la Force régionale de la Communauté de l’Afrique de l’Est.
Connaissant le sérieux des engagements du Chef de l’Etat angolais dans la recherche d’une paix durable dans la partie Est de la RDC, il n’y a pas de doute que les jours de l’aventurisme militaire de Kigali et du M23 sont comptés.
On peut rappeler, au sujet des interventions militaires angolaises en territoire congolais qu’en avril mai 1997, lorsque les troupes de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) de Mzee Laurent Désiré Kabila étaient bloquées à Kenge par celles des ex-FAZ (Forces Armées Zaïroises) de Mobutu, ce sont les hommes de feu Dos Santos, qui avaient fait sauter ce verrou en faveur des « Kadogo » et leurs soutiens rwandais.
On n’a pas oublié non plus que ce sont les troupes angolaises qui avaient traversé la frontière congolaise en septembre 1998, à partir du Cabinda, pour chasser les troupes rwandaises de la base militaire de Kitona, qu’elles occupaient depuis le mois d’août 1998, coupant au passage la fourniture d’énergie électrique au barrage d’Inga. L’armée angolaise avait également participé, en synergie avec celle de la Namibie et du Zimbabwe, à la bataille de Kinshasa durant le même mois de septembre 1998, pour mettre en déroute les soldats rwandais qui avaient tenté de prendre l’aéroport international de N’Djili, dans le but bien affirmé d’occuper la capitale et de faire tomber le régime en place.
Compte tenu de ces hauts faits de guerre d’un passé récent, il est permis de croire que le contingent militaire angolais va se mettre à la hauteur de sa tâche, une fois déployé au Nord-Kivu.
LP