Une note diplomatique diffusée en boucle dans les réseaux sociaux le week-end dernier et attribuée à Esdras Kambale Bahekwa, ancien «Coordonnateur » du RCD/K/ML (Rassemblement Congolais pour la Démocratique/ Kisangani/ Mouvement de Libération) d’Antipas Mbusa Nyamwisi de 1998 à 2003 et ancien 1er vice-président de la HAM (Haute Autorité des Médias) sous le Régime 1+4 (2003à2006), actuellement ambassadeur congolais en poste à Bangui, en République Centrafricaine, fait état d’une stratégie d’encerclement de la RDC par le Rwanda. Datée du 23 septembre courant, ce document signale qu’un important
contingent militaire rwandais, déployé dans la capitale centrafricaine depuis plusieurs mois, sous le couvert d’un accord de défense entre la RCA et le Rwanda, en vue de prévenir et, au besoin, faire face aux incursions des rebelles centrafricains contre le régime du président Faustin Archange Touadera, serait également déployé au niveau des villes centrafricaines frontalières de la République Démocratique du Congo.
Ce déploiement en dehors de Bangui, selon la lettre de l’ambassadeur Esdras Kambale Bahekwa, répondrait à un agenda caché de préparation d’un coup fourré contre le pouvoir en place à Kinshasa. A en à croire le diplomate congolais, un long corridor allant de la province du Bas-Uélé à celle du Sud-Ubangui, en passant par le Nord-Ubangui, est parsemé des militaires rwandais.
Concrètement, ceux-ci sont signalés dans la ville de Mbaiki, qui fait frontière avec Libenge, dans le territoire du même nom, dans la province du Sud-Ubangui, non loin de la cité de Mongoumba, en République du Congo/Brazzaville. On les retrouve également dans la ville de Damara, à 75 km de Bangui, au nord de la ville de Zongo, dans la province du Sud-Ubangui. Il y en a aussi dans la ville de
Bangassou, frontalière de la cité de Ndu, en province du Bas-Uélé.
Plusieurs localités centrafricaines situées le long de la rivière Ubangui hébergent également des militaires rwandais, notamment Ndoukou, Zangba, Mobaye, Satema, Kembe et Rafai.
Esdras Kambale Bahekwa signale aussi un fait troublant : c’est le retour des militaires rwandais en RCA sous le statut d’exploitants agricoles, de commerçants et autres débrouillards une fois terminée leur « mission » de la paix à Bangui ou ailleurs. Il s’agirait là, à l’en croire, de « réservistes » prêts à participer à des opérations militaires en dehors de la RCA et plus précisément en RDC, le moment
venu.
Devoir de vigilance tous azimuts
Compte tenu de ce décor de planification de ce qui a tout l’air d’un plan d’une énième agression militaire de la RDC par le Rwanda, en dehors du Nord-Kivu, le chef de la mission diplomatique congolaise à Bangui en appelle à une vigilance tous azimuts de la part des décideurs politiques à Kinshasa. Bien que la République Démocratique du Congo et la République Centrafricaine entretiennent, jusque-là, d’excellents relations d’amitié et de coopération, Kinshasa aurait
intérêt à se méfier de la présence militaire rwandaise le long de sa frontière Nord, car tout peut arriver avec un voisin va-t-en-guerre, qui n’a jamais respecté ses engagements pour la résolution pacifique de la crise sécuritaire à l’Est de notre pays.
Les cas des généraux Yav et Chirimwami devraient interpeller
Nombre d’observateurs pensent que l’alerte supposée venue de l’ambassadeur Esdras Kambale ne devrait pas être banalisée à Kinshasa, notamment au regard des cas des généraux Philémon Yav et Peter Chirimwami, aux arrêts depuis la semaine dernière, car accusés, par leurs hommes de troupes, d’être en collusion avec Kigali, principal soutien des rebelles du M23. Le message venu de Bangui exige d’être décrypté correctement, de manière à éviter à la République toute mauvaise surprise, dans un « corridor » de nature à conduire
directement à Kinshasa.
Les troubles entre les populations Teke et Yaka, dans le territoire de Kwamouth, que l’on dit être animés par des « infiltrés », sont suffisamment indicateurs sur la présence des « cellules dormantes » des ennemis de la République à Kinshasa comme en provinces. Moralité : « Bendele ekweya te ».
LP