Comme ce fut le cas le 16 février 1992, la hiérarchie de l’église catholique de la République Démocratique du Congo incarnée par la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) a appelé à une marche de protestation des chrétiens sur l’ensemble du territoire national.
Si en février 1992, la raison était de réclamer la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine (CNS), ce forum qui devait permettre aux Zaïrois de l’époque de poser un diagnostic sans complaisance de la situation du pays en vue d’instaurer la bonne gouvernance dans la gestion des affaires publiques, dont les travaux étaient fermés avec force par le pouvoir de Mobutu par peur du déballage. Ce dimanche 4 décembre 2022, la descente des catholiques dans les rues à travers
l’ensemble du pays, c’est pour protester contre la guerre d’agression dont la RDC est victime dans sa partie Est, avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer, sous l’oeil complaisant et complice de la communauté internationale.
Les fidèles catholiques, auxquels pourront certainement se joindre
d’autres compatriotes révoltés par les tueries à l’Est du pays, veulent dénoncer publiquement et de la manière la plus solennelle le complot que certaines puissances, par le truchement de leurs multinationales et organisations internationales, ourdissent contre la mère patrie. Ledit complot vise en effet l’éclatement de la RDC s’aménager en vue de se garantir l’exploitation des divers minerais qu’on trouve dans le sous-sol dans cette partie de la République. Tout
ceci se passe dans l’indifférence totale de la communauté internationale, pendant que celle-ci ne rate jamais l’occasion de crier à la violation des droits de l’homme et au pillage des ressources naturelles lorsqu’une telle situation se passe sous d’autes cieux notamment. La vie des Congolais n’a apparemment aucune
importance.
Que dire des vies humaines qu’ôtent des terroristes, violemment et chaque jour, aux Congolais dont le péché est de se retrouver les zones où il y a des minerais stratégiques ?
La marche des catholiques, l’église dont le poids démographique en termes d’adhérents ne fait l’ombre d’aucun doute en RDC, pourra ainsi amplifier toutes les accusations que les dirigeants politiques ont eu à porter à plusieurs instances et organisations internationales, dont le Président de la République à la tribune des Nations-unies, à l’Union Africaine ainsi qu’au niveau des orgonisations régionales
africaines.
Avec la marche de protestation des chrétiens projetée pour ce dimanche 4 décembre, les analystes politiques estiment que les lignes pourraient bouger dans le comportement de ceux qui continuent à soutenir l’agression rwandaise contre la RDC sous couvert de la nébuleuse du M23.
On rappelle, au sujet des marches pacifiques de protestation, que chaque fois que les catholiques entrent en danse, ils obtiennent toujours gain de cause. C’était le cas lors de la grande marche historique du dimanche 16 février 1992, qui reste gravée dans les annales de la République Démocratique du Congo pour l’amorce du processus démocratique. L’église catholique a aussi réussi à empêcher,
par le même mécanisme, l’ancien Président Joseph Kabila de violer intentionnellement la Constitution comme l’y poussaient ses partisans pour s’offrir un 3è mandat. Les marches programmées en série – respectivement le 31 décembre 2017, le 21 janvier et le 25 février 2018, au cours desquelles avaient péri de nombreux chrétiens dont Thérèse Kapangala alias «Déchade» et Rossy Mukendi Tshimanga – avaient fini par faire fléchir les radicaux du régime Kabila, qui se tenaient à tout prix à violer la loi fondamentale congolaise qui limite le nombre des mandats présidentiels à deux.
Le programme de la marche de ce dimanche qui s’annonce grandiose, a été rendue publique par tous les diocèses que compte la RDC, dont celui de Lubumbashi, ci-dessous.
Dom
MESSAGE A TOUS LES CURES DES PAROISSES ET RECTEURS DES CHAPELLES
Messieurs les Abbés, Révérends Pères,
Après concertations avec les services de sécurité de la ville de
Lubumbashi au sujet de la marche pacifique du dimanche 04 décembre 2023, l’archidiocèse de Lubumbashi s’empresse de vous communiquer les dispositions suivantes :
– Le jeudi 01 décembre, le vendredi 02 décembre et le samedi 03 décembre 2022, les cloches de nos églises sonneront, à partir de 20h00’, afin de nous inviter à prier pour la paix dans notre pays ;
– Le dimanche 04 décembre 2022, une seule messe sera dite dans chaque paroisse ou chapelle. Elle sera suivie de la marche pacifique scandée par la récitation du chapelet et des cantiques religieux ;
– Tous les consacrés seront en habit ecclésiastique ;
– Les mamans catholiques, les papas de Saint Joseph, comme d’autres groupes et mouvements porteront leurs uniformes ;
– Les groupes des jeunes (Scouts, Kiro, Xaveris, KA…) sont chargés d’assurer la sécurité conjointement avec les services de l’ordre. Ils veilleront à ce que les enfants en rupture familiale et autres groupes non autrement identifiés ne puissent s’immiscer dans cette marche pacifique ;
– Aucun signe ou emblèmes des partis politiques (drapeau, écharpe, béret…) ne sera toléré tout au long de la marche ;
– A l’issue de la marche, la déclaration des évêques (L’heure est grave. Notre pays est en danger !) sera déposée au bureau du Quartier ou de la Commune ;
– Chaque paroisse ou chapelle est tenue d’organiser (le jeudi, le vendredi et le samedi) des séances d’éveil de conscience pour l’amour de la patrie autour des thèmes tels que :
– Non à la balkanisation de notre pays et à la solution de nos problèmes en utilisant les armes ;
– Les valeurs, les principes et les symboles de la Nation congolaise ;
– La responsabilité et la participation active de chaque chrétien dans la construction de la Nation congolaise ;
– Le dialogue constructif et l’éradication des obstacles à la construction de la démocratie dans notre pays.
Fait à Lubumbashi, le 30 novembre 2022 en la fête de l’Apôtre Saint André
Mgr Denis MOTO,
Vicaire Général en charge de la Pastorale.