RDC – Monusco : le plan de retrait de nouveau sur la table

Comme ils s’étaient convenus lors de leur dernière rencontre, provoquée par le soulèvement populaire des habitants de Goma et Butembo contre la présence de la Monusco (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo) en territoire congolais, jugée inutile, le Gouvernement congolais et les responsables de la Monusco se sont retrouvés le mardi 15 novembre dans la soirée autour du
Premier ministre pour une séance de travail. Au menu : le plan de retrait complet et définitif de la mission onusienne de la République Démocratique du Congo.
Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya qui a fait le point à l’issue de la réunion, a indiqué que celle-ci était essentiellement consacrée au calendrier de retrait de la Monusco du territoire congolais. Avant de rappeler que les deux parties s’y étaient déjà engagées à la suite de plusieurs rencontres tenues
précédemment autour du Président de la République, après les protestations des habitants de Goma et Butembo contre la présence des Casques bleus, réprimées par les soldats onusiens dans le sang. Il a été convenu d’accélérer le retrait de la mission onusienne, y compris raccourcir le délai, parce que la population n’en voulait plus.

Pour cela, des rôles à jouer avaient été confiés à chaque partie, gouvernement et Monusco, afin de parvenir à un compromis, notamment fixer la date de commun accord pour le retrait définitif. «La réunion d’aujourd’hui consistait à faire le point sur l’évolution de différents jalons» a déclaré le porte-parole du Gouvernement, en faisant remarquer que la rencontre du jour était plus que nécessaire du fait qu’à la fin de l’année, il y a toujours eu une résolution
décidant du renouvellement du mandat de la Monusco. D’où, il était important «… de voir dans quelle mesure on pourra intégrer les éléments qui viendront notamment de la partie congolaise, dans le cadre du plan du retrait souhaité par notre population et par nous-mêmes».
A part le retrait de la Monusco, qui a constitué le point essentiel de la rencontre, le gouvernement a aussi traité de la question liée à l’agression rwandaise sous couvert du M23, notamment la nécessité d’apporter assistance aux personnes déplacées.

Pas de négociations avec les terroristes du M23

Parlant de l’agression rwandaise dans la parie orientale de la RDC, le porte-parole a réitéré la position du gouvernement, celle du refus catégorique de négocier avec un mouvement terroriste, fabriqué par le Rwanda avec tous ceux qui se cachent derrière l’insécurité qui écume l’Est du pays.
«En ce qui concerne le mouvement terroriste du M23, notre position est claire et, elle est connue : pas de négociations avec les terroristes jusqu’au retrait des localités occupées. Nous y tenons. Et la Monusco, les Nations Unies, sont tenues de faire leur part aussi. Pour le temps qu’ils sont en RDC, ils ne doivent pas rester inactifs, ils doivent apporter leur contribution», a martelé Patrick Muyaya.
Complétant son collègue, le vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Daniel Aselo, a réitéré la position du gouvernement en rapport avec le retrait de la Monusco. Toutefois, les deux parties doivent travailler de manière à planifier ledit retrait.

Monusco : départ non négociable

Au regard de l’évolution sur le terrain, notamment les rapports tendus entre la population congolaise et la Monusco chaque jour qui passe, la cohabitation est devenue presqu’impossible. Le retrait des forces onusiennes devient plus qu’une nécessité. D’ailleurs, comment peut-on évoluer et prétendre à un quelconque bilan dans un environnement marqué par des souspicions et une méfiance totale de la
population vis-à-vis de la mission onusienne?
On rappelle qu’après une longue période de souspicions, dénonciations et accusations de la part des organisations de la société civile et des notables du terroir, la population avait dû se soulever le lundi 5 juin 2022 à Goma pour réclamer le départ immédiat des casques bleus, accusés non seulement de ne pas la protéger, mais également de faire le jeu de l’ennemi (groupes armés). Malheureusement, cette marche
pacifique, avec des les manifestants non armés, avait été réprimée dans le sang par des éléments des forces onusiennes, selon des témoignages concordants recueillis sur place.
Comme si cela ne suffisait pas, deux jours après, on avait assisté à une autre répression sanglante, avec un bilan lourd de décès dans les rangs des manifestants non armés. C’était dans la ville de Butembo, toujous dans la province du Nord Kivu.
Depuis lors, la présence des troupes onusiennes est considérée comme une provocation pour la population.
On dirait une sorte de malédiction. Un groupe des casques bleus revenant de l’Ouganda avaient encore ouvert le feu, en août dernier, sur la population, faisant des morts au poste frontalier de Kasindi. Le seul péché des victimes congolaises, était d’avoir exigé de fouiller les véhicules qui venaient de l’extérieur, et transportant des gens visiblement suspects, qui ne portaient pas l’uniforme des
casques bleus, alors qu’on est à la frontière!
Enfin, les propos du numéro un de l’Onu, Antonio Guterres, tenus au cours de l’interview accordée aux journalistes français, avaient scéllé le désamour entre les Congolaise et les forces onusiennes. Le SG des Nations unies avait déclaré, sans la moindre retenues, que le M23 dispose des armes sophistiquées, à l’instar d’une armée moderne, que la Monusco n’a pas. Ces propos ayant suscité un tollé des réactions à travers le pays, avaient fini par convaincre ceux qui doutaient encore que la Monusco était au centre du complot international que les Congolais ont toujours fustigé. Du coup, pour la population, la Monusco n’a plus de raison de demeurer en RDC. Sa présence devient inutile parce qu’incapable de sécuriser les civiles. Donc, son départ se veut une urgence nationale pour les Congolais.
L.P

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