Kinshasa : énième psychose de rupture des stocks des produits pétroliers

Un mois après la dernière révision à la hausse des étiquettes de vente des produits pétroliers en République Démocratique du Congo, intervenue le 16 septembre, la ville de Kinshasa vit de nouveau, depuis quelques jours, dans la psychose d’une énième rupture des stocks des produits pétroliers. Parmi les signaux annonciateurs de la crise, il y a l’ouverture tardive des stations-services, leur fermeture anticipée par rapport à leurs horaires habituels de fonctionnement ainsi que la présence de longues files d’attente d’automobilistes devant leurs installations.

On note aussi la réduction sensible du nombre de celles disposant des stocks, visiblement limités des produits pétroliers. Pendant que les officiels restent silencieux, les automobilistes et les usagers de la route sont fort inquiets au regard d’un scénario qu’ils ont déjà vécu durant les journées ayant précédé les réajustements des prix des produits pétroliers le 16 avril 2022, puis le 28 mai 2022 et tout dernièrement le 16 septembre 2022.
Après trois opérations de révision à la hausse des prix de vente des produits pétroliers, le quatrième épisode parait inévitable.

Une ardoise de 200 millions de dollars américains ?
A en croire certaines informations en circulation dans les cercles des importateurs des produits pétroliers, ceux-ci attendraient du gouvernement congolais, depuis un temps plus ou long, la libération d’au moins 200 millions de dollars américains représentant des arriérés non payés au titre de la subvention de leurs manques à gagner. Selon les mêmes milieux, la RDC reste prisonnière du cercle vicieux de la prise charge, par le Trésor public, des pertes qu’enregistre la profession pétrolière suite à la commercialisation, au rabais, des produits pétroliers.
Si la situation du moment est celle liée effectivement à l’impayement de la dette pétrolière du gouvernement envers les opérateurs économiques de ce secteur, force serait de constater que rien n’a changé dans la chaine d’approvisionnement du pays. La situation restant en l’état, le pays continue de fonctionner sous la menace mensuelle des ruptures des stocks des carburants. L’idée de la constitution des stocks stratégiques sur plusieurs mois demeure, à cet égard, un vœu pieux.

Seule piste de sortie : «la vérité des prix»
C’est bien malgré nous que nous revenons sur le mémorandum envoyé au
Premier ministre, en mars dernier, par l’ancien ministre de l’Economie nationale, Jean-Marie Kalumba, lequel s’articulait autour de l’impératif de casser la spirale des subventions, financièrement suicidaires pour l’Etat congolais, des manques à gagner des opérateurs du secteur pétrolier. Pour y arriver, il n’y a pas d’autre alternative que la pratique de la « vérité des prix », en tenant compte de la
fameuse « structure des prix des produits pétroliers, à débarrasser au préalable des postes de dépenses qui l’alourdissent inutilement.
Selon les estimations qu’il avait faites au mois de mars, le litre d’essence devrait être vendu à au moins 3.500 francs congolais, si le gouvernement tenait réellement à sortir du cercle vicieux de la subvention des produits pétroliers. Ce mémorandum, exposé à la plénière de l’Assemblée Nationale, n’avait nullement retenu l’attention des députés nationaux, qui l’avaient perçu comme un document destiné à couvrir la maffia pétrolière, animée par le ministre en personne, en complicité avec des lobbies pétroliers chargés de l’approvisionnement du pays. L’autre crainte de la « vérité des prix » était l’embrasement de la spirale des prix dans tous les secteurs de la vie nationale, avec le risque d’une explosion sociale.
Mais au regard des crises récurrentes qui frappent le secteur pétrolier, le danger que l’on redoutait au avec la « vérité des prix » au niveau des stations-services », guette le pays à travers les spéculations qui s’observent du côté des « Kadhafi », ces vendeurs clandestins qui font exploser les étiquettes, en vendant le litre d’essence jusqu’à 5.000 FC à Kinshasa, et au-delà de 10.000 FC en provinces. Au finish, le résultat, en période de pénurie, est pire que celui que pourrait engendrer la fixation officielle du litre d’essence à 3.500 FC, avec la garantie pour les automobilistes de ne plus organiser des «veillées» dans les installations des sociétés qui commercialisent les produits pétroliers.
LP

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