77me Assemblée Générale des Nations Unies : les Congolais satisfaits du discours « agressif » de Tshisekedi

Impatients d’attendre ce que leur Président, Félix Antoine Tshisekedi, allait dire à la tribune des Nations Unies, à New York, jour même de l’ouverture de la 77me session de cette organisation internationale, le mardi 20 septembre 2022, les Congolais étaient enfin plus que satisfaits du discours « agressif » développé par le précité. Comme s’il avait lu le fond de leurs pensées, le Chef de l’Etat a touché la
corde sensible de ses compatriotes en citant nommément et à haute voix le Rwanda comme pays agresseur de la République Démocratique du Congo. Dans la foulée Félix Antoine Tshisekedi a relevé le mutisme du Conseil de Sécurité face aux preuves indiscutables de l’agression rwandaise en territoire congolais, sous couvert du mouvement terroriste M23, dont un important échantillon est consigné dans le dernier rapport de ses propres experts. A cet effet, il a été demandé à cette instance des Nations Unies de distribuer des copies dudit rapport aux Etats membres, de manière à mettre, à la portée de la communauté internationale, le tableau noir de l’insécurité récurrente dans la partie Est de la RDC, depuis plus de deux décennies.
Toujours dans son offensive diplomatique, le Chef de l’Etat congolais a déploré les restrictions imposées à un Etat agressé dans les achats d’armes et d’équipements militaire, bloquant ainsi sa volonté de se doter d’une armée forte et moderne, capable de défendre elle-même sa souveraineté et son intégrité territoriale. Le premier d’entre les Congolais n’a pas non plus mis des gants pour constater la faillite de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo) dans sa mission de protection des civils congolais et de traque des forces
négatives. D’où son adhésion totale à l’option du retrait définitif des casques bleus du territoire congolais, selon les échéances convenues de commun accord.
Félix Antoine Tshisekedi a également rappelé à la communauté internationale l’enjeu caché des guerres d’agression dont est victime son pays, à savoir les convoitises que suscitent ses ressources naturelles de la part de certains de ses voisins et de certaines multinationales. C’est comme si c’était une malédiction, pour la RDC, d’être gâtée par la providence divine en richesses dont son peuple
devrait être le premier bénéficiaire.
C’est dans le même ordre d’idée qu’il a décidé de tordre le cou à la polémique que suscite, dans certains cercles d’affaires du monde occidental, l’initiative du gouvernement congolais visant la mise en valeur de ses blocs pétroliers et gaziers, en partenariat avec des investisseurs intéressés par cet or noir. A l’image d’autres pays producteurs de ce type de ressources naturelles, le peuple congolais a le plein droit de jouir de ses richesses.
Pacifiste depuis son investiture en janvier 2019, le Chef de l’Etat congolais a déclaré du haut de la tribune des Nations Unies que son pays n’allait plus se laisser faire face aux atteintes à sa souveraineté et à son intégrité territoriale, sous le principe sacré de la légitime défense.
Dans son discours « agressif », il a fait un percutant plaidoyer en faveur de l’octroi, à l’Afrique, d’au moins deux postes de membres du Conseil de Sécurité, avec droit de veto, dans le souci de casser la mainmise des « Alliés », vainqueurs de la Seconde Guerre Mondiale en 1945 sur cette organisation planétaire.
A tout prendre, les Congolais de 2022 ont eu l’impression de revoir un Mobutu réincarné en Tshisekedi, si l’on s’en tient à la tonalité du discours développé le 4 octobre 1974 par le défunt Maréchal du Zaïre sur les riches qui deviennent de plus en plus riches et les pauvres qui deviennent de plus en plus pauvres au niveau de la planète Terre. Une chose est sûre : le message du Président congolais a été l’occasion d’un recadrage en direct de l’ONU et de ses centres de décision.
Kimp
ALLOCUTION DE SON EXCELLENCE MONSIEUR FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI
TSHILOMBO, PRÉSIDENT
DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO, CHEF DE L’ÉTAT, PRÉSIDENT EN
EXERCICE DE LA SADC
À L’OCCASION DE LA 77ÈME SESSION ORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES
NATIONS UNIES
Monsieur le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, Mesdames et
Messieurs les Chefs de délégation,

C’est pour moi un grand honneur et un réel plaisir de prendre la
parole du haut de cette tribune pour faire entendre la voix de mon
pays, la République Démocratique du Congo, sur les principales
questions qui préoccupent au plus haut point la communauté
internationale actuellement.

Monsieur le Président,
Je voudrais, néanmoins, avant toute chose, vous féliciter pour votre
élection à la présidence de la 77ème session ordinaire de l’Assemblée
générale des Nations Unies. Je suis convaincu que vous donnerez le
meilleur de vous-même pour la réussite de cette session et vous
garantis tout le soutien de mon pays.

Monsieur le Président,
Les défis majeurs auxquels l’humanité fait face actuellement sont les
suivants :
1. La sécurité et la paix pour tous ;
2. La maîtrise des changements climatiques ;
3. La relance de l’économie mondiale après la Covid-19 ;
4. La lutte contre la pauvreté et la promotion du bien-être collectif.
Ces principaux défis sont complexes et intimement enchevêtrés.
Conscient de cette réalité, je salue, le choix judicieux et la
pertinence du thème central de ces assises, à savoir, «Un tournant
décisif : des solutions transformatrices face à des défis intriqués».
À l’évidence, le relèvement de ces défis exige plus de concertation,
plus de coopération et plus de solidarité entre les États et les
nations.
Le maintien de la paix et de la sécurité internationales constitue le
fondement et l’objectif primordial de la création de l’Organisation
des Nations Unies. Ni l’indifférence, ni l’immobilisme, ni
l’attentisme de sa part ne sont, par conséquent, admissibles face à
toute menace contre la paix et la sécurité internationales.
À ce jour, la question de la sécurité et de la paix internationales
se cristallise autour de la lutte contre le terrorisme ainsi que
l’extinction des foyers de tension en Europe et en Afrique.
En effet, le terrorisme n’a épargné aucun continent. Après l’Asie,
l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord, il se métastase en Afrique
où il a allumé le feu à plusieurs endroits, et notre continent en paie
un lourd tribut. Au Sahel, à l’Est, à l’Ouest, au Centre et au Sud de
ce continent, les terroristes tuent par des expéditions barbares des
populations innocentes, et déstabilisent des États au nom de
l’intégrisme religieux.
Certes, des progrès remarquables ont été accomplis au Moyen-Orient
dans la lutte contre ce fléau qui a battu de l’aile. Cependant, ce
fléau est loin de s’essouffler et, encore moins, d’être éradiqué de
notre planète.
C’est pourquoi, la République Démocratique du Congo, une des victimes
africaines du terrorisme et membre de la Coalition Globale contre
l’État islamique, interpelle les Nations Unies et les exhorte à
s’impliquer activement dans la mise en œuvre des recommandations de
cette Coalition et de celles du processus d’Aqaba. Les déclarations
d’intentions et les proclamations de foi sans action collective
vigoureuse sur le terrain ne suffiront jamais pour éradiquer le
terrorisme.

Monsieur le Président,

Au cœur de l’Europe, la guerre entre la Russie et l’Ukraine est une
plaie béante dont le saignement atteint même l’Afrique lointaine et
perturbe le commerce international à cause des dégâts collatéraux
importants notamment en matière d’approvisionnement en produits
céréaliers et énergétiques d’origine ukrainienne et russe, nécessaires
à l’alimentation des populations ainsi qu’au fonctionnement des
économies des pays importateurs.
Il est impératif que les Nations Unies interviennent avec diligence
et plus de fermeté pour éteindre ce brasier et ce, dans le respect
absolu des règles du droit international.
La République Démocratique du Congo souscrit à la position de l’Union
Africaine et appelle toutes les parties au conflit à suivre la voie du
dialogue et du droit préconisée par l’Afrique qui a, par ailleurs,
l’expérience de gestion des crises sécuritaires provoquées par des
groupes armés dans certains de ses États.
À ce sujet, les Nations Unies savent que mon pays, la République
Démocratique du Congo est victime d’une crise sécuritaire aigue qui
dure depuis plus de 20 ans à l’Est de son territoire national.
Tout observateur honnête et de bonne foi reconnait que cette crise
est causée principalement par les convoitises que suscitent ses
fabuleuses richesses naturelles et les ambitions de puissance de
certains de ses voisins.
Le Peuple congolais reconnait l’implication des Nations Unies, de
l’Union Africaine, des Communautés régionales africaines, de l’Union
européenne et des partenaires extérieurs bilatéraux de la RDC pour
juguler cette crise récurrente. Il leur en est reconnaissant et
s’incline devant le sacrifice des vaillants soldats de la paix qui ont
perdu leur vie au front de la défense des idéaux de paix et de
justice.
Cependant, en dépit des efforts internes inlassables, de la présence
militaire massive de l’ONU au Congo et de son soutien diplomatique
pendant 23 ans, le mal sécuritaire continue à ronger mon pays.
Afin d’éradiquer définitivement l’insécurité, restaurer une paix
durable et assurer la stabilité à l’Est de la RDC, plusieurs Accords
ont été signés avec les groupes armés et même avec les pays voisins
sous la garantie de la communauté internationale. Des mécanismes
nationaux et internationaux ont été créés. Toutes ces perspectives de
règlement définitif du conflit n’ont duré que l’espace de quelques
mois. Vite, l’architecture s’est fissurée et l’édifice s’est écroulé.
Et, on recommence toujours avec les mêmes tragédies.
Depuis mon élection à la tête de la RDC, je n’ai eu de cesse de me
battre, chaque jour, pour la paix et la sécurité dans les provinces
congolaises de l’Ituri, du Nord- Kivu et du Sud-Kivu. M’inscrivant
dans une philosophie de réconciliation avec nos voisins, je n’ai
ménagé aucun effort pour rassurer les Chefs d’État des pays
limitrophes et restaurer la confiance entre nous, notamment par la
concertation permanente sur des questions d’intérêt commun, la
conclusion des accords de coopération sécuritaire et de partenariat
économique et la réalisation des projets de développement pour nos
populations respectives.
En dépit de ma bonne volonté et de la main tendue du Peuple congolais
pour la paix, certains de nos voisins n’ont trouvé mieux que de nous
remercier par l’agression et le soutien à des groupes armés
terroristes qui ravagent l’Est de la RDC.
C’est le cas actuellement du Rwanda qui, au mépris du droit
international, de la Charte de l’ONU et de l’Acte constitutif de
l’Union Africaine, a, une fois de plus, non seulement agressé, en mars
dernier, la RDC par des incursions directes de ses forces armées, les
RDF, mais aussi occupe des localités de la province du Nord-Kivu par
un groupe armé terroriste interposé, le Mouvement du 23 mars dit M23,
auquel il apporte un soutien massif tant en matériels de guerre qu’en
hommes de troupes.
Et, comme pour défier la communauté internationale, le M23 avec le
soutien de l’armée rwandaise a même abattu un hélicoptère de la
MONUSCO et tué 8 casques bleus, commettant ainsi un crime de guerre.
Je dénonce, en ce lieu emblématique de la vie internationale, avec la
dernière énergie cette énième agression dont mon pays est victime de
la part de son voisin, le Rwanda, sous couvert d’un groupe terroriste
dénommé M23.

Monsieur le Président,

L’implication du Rwanda et sa responsabilité dans la tragédie que
vivent mon pays et mes compatriotes des zones occupées par l’armée
rwandaise et ses alliés du M23 ne sont plus discutables dès lors que
plus d’une fois aussi bien les groupes d’experts dument mandatés par
l’ONU et le mécanisme conjoint de vérification élargi de la Conférence
Internationale sur la Région des Grands Lacs, CIRGL, que des
organisations non gouvernementales humanitaires et des droits de
l’Homme crédibles les ont établies dans des rapports documentés et
objectifs, à la limite du scientifique.
Au demeurant, pour éclairer la communauté des nations et mettre fin
aux sempiternelles dénégations des autorités rwandaises à ce sujet, le
Gouvernement congolais réitère sa demande au Président du Conseil de
Sécurité de distribuer officiellement aux membres du Conseil le
dernier rapport des experts de l’ONU sur la situation sécuritaire à
l’Est de la RDC et de le faire examiner avec diligence par lui afin
d’en tirer toutes les conséquences qui s’imposent sur le plan du droit
de la paix et de la sécurité internationale. Il y va de l’image et de
la crédibilité de notre Organisation.
Procéder autrement serait, d’une part, encourager le Rwanda à
poursuivre son agression, ses crimes de guerre et ses crimes contre
l’humanité en RDC et, d’autre part, nourrir davantage la suspicion
légitime des Congolais sur l’impartialité de l’ONU ainsi que la
complicité de certains de ses membres dans ces crimes.
C’est pour mettre fin à cette suspicion et dissiper l’ambiguïté de
certaines positions du Conseil de sécurité sur la crise sécuritaire à
l’Est de la RDC, ambiguïté qui excède la population congolaise et
exacerbe la tension entre elle et la Mission de l’ONU pour la
stabilisation du Congo, MONUSCO, que le Gouvernement de mon pays a
demandé la réévaluation du plan de retrait progressif et responsable
de cette Mission.
Cette démarche d’ajustement est exigée par le constat unanime, même
au niveau le plus élevé de notre Organisation, des faiblesses
regrettables de la MONUSCO ; ce qui affecte certainement l’efficacité
et la légitimité de l’action de l’ONU en RDC. La réévaluation du plan
du retrait de la MONUSCO ne peut, par conséquent, nullement remettre
en cause les relations entre mon pays et notre Organisation.
Quoiqu’il en soit, je réaffirme haut et fort à cette tribune de la
plus haute instance internationale de gestion des affaires du monde la
détermination du Peuple congolais et de ses dirigeants de défendre
toujours jusqu’au sacrifice suprême l’intégrité territoriale,
l’indépendance et la souveraineté de leur pays, dans le respect bien
sûr du droit international et des engagements pris au sein des
organisations internationales dont il est membre.
C’est ici le lieu pour moi de préciser que l’État congolais et la
société civile congolaise ne permettront jamais à quiconque de tenir
le discours de la haine tribale, ethnique et raciale ou xénophobe dans
notre pays. La Constitution de la République et les lois congolaises
interdisent un tel discours et le sanctionnent sévèrement. Nul ne peut
donc prétexter de ce discours imaginaire pour justifier des aventures
criminelles au Congo, diviser les Congolais et fragiliser l’unité
nationale à laquelle tous mes compatriotes tiennent. La RDC n’est pas
et ne sera jamais génocidaire.
De même, je soutiens que la prétendue « collaboration » que certains
officiels congolais entretiendraient avec les opposants rwandais des
Forces Démocratique pour la Libération du Rwanda, FDLR, dont se
servent les dirigeants rwandais pour justifier les agressions répétées
de la RDC est un alibi qui n’est corroboré par aucun fait avéré sur le
terrain.
En effet, les FDLR ont été décapitées et réduites à néant par les
Forces Armées de la RDC, FARDC, en étroite collaboration avec l’Armée
rwandaise dans le cadre des opérations conjointes menées au cours de
dernières années. La RDC a rapatrié plusieurs éléments des FDLR et
leurs familles. Dès lors, les Congolais se demandent de quelles FDLR
parle-t-on ? Quel est le mètre carré du territoire rwandais occupé par
ces fantomatiques FDLR ? A quel lieu précis du sol rwandais a-t-on vu
un jour un seul soldat congolais ? Quoiqu’il en soit la RDC reste
disponible pour toute action répressive contre tout groupe armé qui
tenterait de troubler la paix et la sécurité dans un pays voisin et
dans la région des Grands Lacs.

Monsieur le Président,

Le Peuple congolais demande aux Nations Unies, à l’Union Africaine,
aux Communautés régionales africaines et aux partenaires de la RDC de
ne plus se fier aux dénégations éhontées des autorités rwandaises et
de contribuer plutôt au rétablissement de la sécurité, à la
construction d’une paix durable et à la création des conditions
nécessaires à une coopération fructueuse dans la région des Grands
Lacs pour le bien de tous.

À cet effet, il est nécessaire de :
1. Rendre effectifs le retrait immédiat du M23 des localités occupées,
le retour des déplacés congolais de ces localités à leurs domiciles et
la cessation sans condition du soutien de l’armée rwandaise à ce
groupe terroriste, selon l’esprit et la lettre de la feuille de route
de Luanda convenue entre la RDC et le Rwanda, ainsi que des
déclarations successives du Conseil de sécurité de l’ONU, du Conseil
de Paix et de Sécurité de l’UA, de la Communauté d’Afrique de l’Est,
CAE, et de la Communauté pour le Développement de l’Afrique australe,
SADC ;
2. Multiplier les pressions sur le Rwanda et le M23 dont les
dirigeants sont, du reste, sous sanctions de l’ONU, et montrer plus de
fermeté à leur égard, pour qu’ils respectent les positions prises par
les organisations internationales précitées ;
3. Appuyer la poursuite du processus de paix de Nairobi, les
discussions de Luanda RDC-Rwanda et le déploiement de la Force
régionale de l’Afrique de l’Est dont le Statut et les Règles
d’engagement viennent d’être signés le O8 septembre dernier à Kinshasa
successivement par le Gouvernement congolais et le Secrétariat Général
de la CAE, d’une part, et, d’autre part, par les FARDC et le
commandement de cette Force ;
4. Encourager le Président honoraire du Kenya, UHURU KENYATTA et le
Président de l’Angola JOÃO LOURENÇO, Médiateurs de la CAE et de l’UA
dans la crise sécuritaire en RDC à poursuivre leurs bons offices ;
5. Lever tout obstacle à la restructuration par la RDC de ses Forces
Armées et à la montée en puissance de celles-ci pour mieux remplir ses
missions régaliennes, notamment par la levée pure et simple de toutes
les mesures restrictives de l’acquisition des équipements militaires,
quelle qu’en soit la forme édictée par le Conseil de sécurité de
l’ONU.
La réalisation des actions préconisées ci-dessus garantira, sans
doute, le Peuple congolais de la certitude d’un règlement de la crise
et facilitera un dialogue constructif entre toutes les parties
concernées quant à ce.

Monsieur le Président,

Nous, Peuple congolais, sommes décidés, cette fois-ci, à mettre
définitivement fin à l’insécurité à l’Est de notre pays, quoi qu’il en
coûte.
L’heure a sonné de casser à jamais le cycle infernal de la violence à
l’Est de la RDC pour stabiliser la Région des Grands Lacs afin de
tirer le plus grand bénéfice de ses potentialités économiques ainsi
que de sa riche biodiversité pour sauver l’humanité face aux
changements climatiques.
La gestion de ces changements pose deux problèmes fondamentaux, à
savoir : la mise en œuvre des instruments juridiques et financiers
issus des négociations internationales, en particulier dans le cadre
des différentes Conférences des parties à l’Accord des Nations Unies
sur le Climat (COP), et la transition énergétique.
Il est temps, d’une part, de mettre fin à l’exécution sélective des
engagements souscrits par les pollueurs et, d’autre part, de
compenser, au nom de la justice climatique, les efforts fournis par
les pays moins pollueurs, dont ceux de l’Afrique pour préserver
l’environnement dans l’intérêt de toute notre planète.
Quant à la transition énergétique, l’Afrique regorge suffisamment de
sources d’énergies renouvelables et de matières premières susceptibles
de contribuer à la mobilisation des alternatives crédibles à la double
crise énergétique et écologique.
De ce point de vue, il est important de relever que la République
Démocratique du Congo compte parmi les principaux producteurs des
minerais stratégiques essentiels à la transition énergétique et à la
décarbonisation du secteur des transports, dont notamment le Cobalt,
le Lithium, le Nickel ainsi que le Manganèse. Mon pays s’est fixé
comme objectif de produire proprement lesdits minerais à cette fin.
C’est dans cette perspective que la République de Zambie et la
République Démocratique du Congo ont signé le 29 avril de cette année,
un accord relatif à la mise en place d’une chaine de valeur dans le
secteur de batteries électriques et des énergies propres. Il va sans
dire, au vu de l’importance des investissements que requiert la
réalisation d’un tel projet, que l’implication des partenaires est
particulièrement indispensable, notamment en termes d’apport en
capitaux et en technologie adaptée.
En outre, afin de soutenir le programme de transformation verte des
économies sur le continent Africain et de rencontrer la demande
d’énergie croissante dans le monde, mon pays a pris l’option de
valoriser son immense potentiel en matière d’énergies renouvelables
dont l’hydroélectricité, le solaire photovoltaïque, la géothermie et
l’exploitation de ses gisements gaziers.
De ce fait, la République Démocratique du Congo se présente comme un
atout à la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine à travers
la mise en œuvre du projet Grand Inga, lequel pourrait également
s’avérer bénéfique pour une partie de l’Europe et du Moyen Orient.
C’est dans cette perspective, qu’elle est heureuse d’abriter les
travaux préparatoires de la 27ème Conférence des Parties sur le Climat
(Pré COP 27) qui se tiendront à Kinshasa le mois prochain.

Monsieur le Président,

Je saisis cette opportunité pour apporter de la lumière sur le volet
environnemental de l’Appel d’offre lancé le 28 juillet dernier par la
RDC pour l’exploration de ses 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers,
appel qui semble faire inutilement polémique sur la place publique
internationale.
À ce sujet, il convient de rappeler qu’aucun instrument juridique
international pertinent ratifié par la RDC ne lui interdit d’exploiter
ses ressources naturelles pour cause de protection de l’environnement
ou par crainte de l’aggravation du réchauffement de la planète.
Ensuite, l’Accord de Paris de 2015 reconnait aux pays en développement
le droit d’émettre le C02 pour le développement, mais en prenant des
précautions pour le climat mondial à travers leurs contributions
déterminées à l’échelle nationale (CDN).
Ainsi, le Gouvernement de la RDC s’est fixé comme objectif
d’exploiter, dans le respect des normes environnementales, les
ressources naturelles du pays et de les transformer localement pour
leur donner de la valeur ajoutée et booster l’économie nationale,
notamment par la création des richesses liquides et des emplois afin
d’améliorer les conditions de vie des populations congolaises.
Des stratégies et mesures adéquates ont été adoptées et prises pour
éviter les impacts négatifs sur l’environnement. Elles prévoient à
l’instar d’autres pays d’Afrique et d’Europe qui ont relevé ce défi,
l’exercice des contrôles gouvernementaux efficaces. Il est question
pour la RDC d’atteindre ses objectifs économiques et sociaux en
préservant ses forêts et en continuant de demeurer le pays solution
pour la lutte contre le réchauffement climatique. Mon pays reste
ouvert à la coopération avec tout partenaire disposé à l’aider à
atteindre ses objectifs.
Sur le plan économique, le pari à gagner est celui de donner les
chances de redressement aux économies des pays affaiblies par les
effets collatéraux des changements climatiques et du corona virus afin
de promouvoir une croissance économique mondiale équilibrée et de
stopper l’aggravation de la pauvreté dans les pays en développement.
Nous ne pouvons pas relever ce défi sans des efforts internes de bonne
gouvernance au niveau national, ni investissements productifs des
richesses, ni transfert réel des ressources financières suffisantes à
ceux qui en ont besoin.
C’est pourquoi, la RDC plaide pour la concrétisation de la
proposition de cession par les pays riches d’un pourcentage de leurs
droits de tirage spéciaux au Fonds Monétaires International aux pays
les moins nantis, faite par la Conférence de Paris sur la relance des
économies post-Covid-19 du mois de mai 2021 et appuyée par un
engagement ferme du Sommet du G20 d’octobre de la même année à Rome.
En tout cas, toute facilité d’accès aux ressources additionnelles en
faveur des pays éprouvés par les changements climatiques et la
Covid-19 sera la bienvenue.
De même, l’allègement du fardeau de la dette des pays à faibles
revenus devra demeurer une préoccupation permanente qu’il convient
d’intégrer dans une approche globale de solidarité internationale.
Pour sa part, en dépit de la conjoncture économique mondiale
difficile par suite des effets pervers de la pandémie de Covid-19, la
RDC a enregistré des progrès remarquables en termes de croissance
économique. Le rythme de création des richesses s’est accéléré en 2021
grâce particulièrement au dynamisme du secteur minier dont la
croissance de la production est passée de 1,0% en 2019 à 10,1% en
2021, par suite de la bonne tenue des cours du cuivre et du cobalt sur
le marché international. Le taux d’inflation et celui de change du
Franc congolais sont restés relativement stables.
Aussi, le Conseil d’Administration du Fonds Monétaire International
a-t-il conclu favorablement la deuxième revue du programme soutenu par
la facilité élargie de crédit (FEC). Le FMI a exprimé son satisfecit
sur les politiques macroéconomiques prudentes adoptées par le
Gouvernement de la RDC. Nous poursuivrons inlassablement ces
politiques et l’effort d’amélioration du climat des affaires en cours
pour promouvoir les investissements privés et les activités
économiques en général.

Monsieur le Président,

La solidarité et la justice dans les relations entre les nations ont
toujours été des facteurs de paix et de sécurité mutuelle, car elles
rapprochent les hommes et créent des liens d’interdépendance entre
eux.
À cet effet, la lutte contre la pauvreté et la promotion du bien-être
collectif sont des digues puissantes contre les conflits sociaux et
les tensions entre les Peuples.
C’est pourquoi, la RDC se félicite de l’action collective menée par
la communauté internationale contre la Covid-19 et salue l’initiative
des États-Unis d’Amérique
« New Feed the Future » pour financer l’agriculture afin de combattre
la faim et l’insécurité alimentaire en Afrique par suite de la crise
russo-ukrainienne et dont elle est parmi les pays africains
bénéficiaires, pour ne citer que ces cas les plus actuels.
Mon pays appelle à de telles actions et initiatives qui non seulement
contribuent à résoudre les problèmes de survie au quotidien et à créer
des emplois accessibles au plus grand nombre, mais aussi distribuent
des revenus et du pouvoir d’achat à la base.
En revanche, au nom de la solidarité et de la justice
internationales, nous nous posons des questions sur le maintien des
sanctions contre le Peuple du Zimbabwe, des sanctions qui, de plus,
datent de l’époque du défunt Président Robert Mugabe. Pourquoi, notre
Organisation est-elle si silencieuse et indifférente à cette injustice
à la limite du crime contre un Peuple innocent ?
En ma qualité de Président en exercice de la Communauté pour le
Développement de l’Afrique australe, SADC, je lance un appel pressant
aux Nations Unies de mettre tout en œuvre pour obtenir la levée
immédiate des sanctions contre la République du Zimbabwe et son
Peuple.

Monsieur le Président,

Dans ce monde devenu multipolaire, aucun pays, aussi puissant et
riche soit-il, ne peut prétendre affronter seul les défis que je viens
d’exposer ci-dessus et, encore moins, les relever dans l’intérêt de
tous.
L’importance des enjeux, la complexité des problèmes à résoudre et
l’ampleur de la tâche exigent une approche multilatérale équitable qui
intègre les intérêts d’un chacun et mutualise les énergies de tous
dans le respect réciproque.
C’est pourquoi, la RDC continue à penser qu’il est indispensable de
mieux structurer le multilatéralisme et de l’enrichir, dans l’égalité
de traitement de toutes les parties prenantes, afin de créer des
espaces de dialogue et de coopération dont nous avons besoin pour
assurer la paix et la sécurité internationales. C’est cela
l’Organisation des Nations Unies que nous voulons.
Pour ce faire, il nous faut accorder le bénéfice de l’urgence à la
réforme de l’ONU qui semble actuellement marquer le pas.
Dans ce cadre, je me fais le devoir d’insister sur la nécessité de
satisfaire à la revendication légitime et juste de l’Afrique d’être
représentée au sein du Conseil de sécurité de l’ONU par deux sièges
supplémentaires dans la catégorie des membres non permanents et par
deux autres dans celle des membres permanents avec les mêmes droits y
compris celui de véto, les mêmes privilèges et obligations que ceux
des membres permanents actuels. C’est une question de justice à rendre
à un continent, mieux à un pan entier de l’humanité dont le rôle ne
cesse de s’accroître chaque jour davantage dans la conduite des
affaires internationales. Nous, africains, y tenons fermement.

Monsieur le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, Mesdames et
Messieurs les Chefs de délégation,

Pour terminer, permettez-moi de dire un mot sur la parité Homme et Femme.
À ce propos, il y a lieu d’insister sur la nécessité de poursuivre
les efforts en cours tant au niveau international qu’à celui des États
pour créer des espaces d’égalité du genre et des opportunités de
liberté et d’action pour la femme.
Pour ce faire, l’implication des Hommes dans les politiques de
promotion du genre s’avère nécessaire parce que, d’une part, l’homme
partage la vie avec la femme et, d’autre part, depuis des temps
immémoriaux, pour des raisons diverses, l’homme s’est forgé une
prééminence sur la femme qui lui confère une influence déterminante
sur le destin de cette dernière. Nous devons mettre un terme à cette
situation de fait.
C’est pourquoi, lors de mon mandat à la tête de l’Union Africaine,
j’ai initié une rencontre des Chefs d’État et de Gouvernement de
l’Organisation continentale sous le thème de « conférence des hommes
sur la masculinité positive ». De ce rendez-vous historique tenu à
Kinshasa en 2021, il est sorti une Déclaration de l’U.A contenant
l’engagement des hommes, notamment celui des Chefs d’État et de
Gouvernement de mettre fin aux violences faites aux femmes et aux
filles, et apporter des réponses appropriées de cette problématique.
Cette Déclaration constitue une véritable charte de l’UA pour la femme
que je m’attèle à matérialiser en ma qualité de Champion de l’UA pour
la masculinité positive.
C’est dans ce cadre que j’ai entrepris de promouvoir davantage la
Congolaise qui occupe aujourd’hui de plus en plus l’avant-plan de la
gestion des Affaires publiques au sein des institutions politiques,
judiciaires et administratives de mon pays. Cette politique
volontariste devra permettre dans l’avenir un changement radical non
seulement de perception de la femme et de son rôle dans la société
mais aussi dans la prise en charge par la femme elle-même de son
destin. En effet, la parité n’est pas un cadeau fait à la femme, mais
une responsabilité qu’elle doit assumer.
Je souhaite plein succès aux travaux de la 77ème session ordinaire de
l’Assemblée Générale.
Je vous remercie.

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