Après 2 morts dans des cachots de la police, les parquets libèrent quelques «kuluna»

Le manque des moyens dont souffre le Commissariat provincial de la police ville de Kinshasa depuis des années, et pour lequel il a lancé des cris incessants de détresse à l’endroit des autorités provinciales, cris demeurés inaudibles, vient de faire quelque victimes. Un mort la semaine passée, un autre, mardi 30 août 2022.
C’était suffisant pour faire retentir la sonnette d’alarme sur la situation malheureuse qui prévaut au niveau des amigos de la police.

Dans des cellules bondées de marginaux de tous les acabits, sentant
la puanteur insupportable, et insuffisamment aérées et éclairées, la mort a frappé la semaine passée. Le matin, lors du contrôle des effectifs, un délinquant ne répondait plus à l’appel. Pourtant, il était toujours dans sa cellule. Ses codétenus, invités à le réveiller, ont constaté malheureusement qu’il était toujours endormi. Les efforts fournis pour le remettre debout s’étant avérés vains, des infirmiers
du Commissariat provincial de la police appelés à la rescousse, ont fait un triste constat. Le prévenu était mort. Est-ce par étouffement ou par inanition ? Les enquêtes initiées par les responsables de la police permettront d’éclairer toutes les zones d’ombre et fixer les esprits sur les causes exactes du décès.
Mardi 30 août 2022. Pendant que les responsables du Commissariat provincial de la police multipliaient leurs jérémiades sur le dénuement de leurs entités, l’amigo central de cette unité enregistrait un second cas de décès d’un marginal arrêté pour des cas d’agressions sur de paisibles citoyens. On l’a trouvé recroquevillé dans un coin de la cellule, inanimé et ne respirant pas. Pour
l’infirmier appelé à le consulter, la conclusion de l’oscultation est ferme. Le kuluna était déjà mort. Sur base des autres examens physiques, le service de l’infirmerie du Commissariat provincial de la police a du procéder aux devoirs d’usage pour l’évacuation du cadavre de l’infortuné vers la morgue de l’Hôpital général de référence de Kinshasa.
Une fois de plus, la Police provinciale avait eu raison de se plaindre avant l’hécatombe qui guette ces cachots, une façon de prévenir les autorités sur la situation désastreuse qui risque de rejaillir sur la crédibilité des responsables de la police. Ils avaient prévenu à temps les autorités urbaines sur les difficultés
matérielles qu’ils rencontrent dans la prise en charge des détenus, quant à leur hébergement dans des conditions hygiéniques acceptables, leur alimentation, leurs soins médicaux et leur environnement carcéral sain. Si à l’époque, la Croix-Rouge du Congo effectuait une fois toutes les deux semaines, l’entretien de tous les amigos, par des opérations de désinfection, de dératisation et d’assainissement des installations sanitaires. La même organisation humanitaire internationale procédait à cette occasion, à la distribution des savons et autres désinfectants, ainsi que de quelques nourritures. Et depuis que la Croix-Rouge a suspendu ces rondes bi-hebdomadaires des cachots, la situation s’est empirée au point que ces lieux de détention frôlent la catastrophe. Aucune ONG humanitaire locale n’est
venue prendre la relève pour suppléer à la carence des moyens. La plupart se limitant à visiter la Prison centrale de Makala et la Prison militaire de Ndolo.
Hier jeudi 1er septembre, à la suite de la situation déplorable qui prévaut au Commissariat provincial de la police, le Parquet de grande instance de la Gombe a dépêché une équipe des magistrats pour procéder à l’examen, au cas par cas, de plus de 700 «Kuluna» appréhendés dernièrement lors de différentes opérations de ratissage dans la ville de Kinshasa. Pour chaque prévenu, le magistrat devait se rassurer qu’il possédait un dossier judiciaire comprenant la plainte de victimes, des procès-verbaux d’audition sur les infractions commises et la note de l’OPJ. S’agissant des cas de prévenus condamnés par les Tribunaux de grande instance dans le cadre des audiences foraines, et qui traînaient encore dans les cellules du Commissariat provincial de la police, il a été décidé de leur transfert à la Prison centrale de
Makala.
Dans l’après-midi d’hier, la libération de «kuluna» dont les cas ont été jugés mineurs, a récolté une vague de désapprobation générale quand on sait que les marginaux libérés, ne profiteront pas de cette mesure exceptionnelle pour se convertir vers des activités professionnelles recommandables. Il est presque certain que la plupart, relanceront leurs écuries en recrutant de nouvelles unités et
en semant de nouveau la terreur et la désolation. Inquiète, la population qui a assez toléré l’impunité de ces individus dangereux, saura prendre en son temps, des précautions pour affronter ces écuries. J.R.T.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *