Yaka – Teke : une fausse correspondance à la base du conflit

Willy Kande Bongo, l’un des membres de la société civile, a déclaré, après les entretiens avec les membres du gouvernement, le conflit serait parti d’une fausse correspondance attribuée au Vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, qui aurait décidé que les fermiers Yaka ne devraient plus payer des redevances aux chefs coutumiers Teke pour l’exploitation des terres. C’était, en fait, une
déclaration explicite de guerre, sur fond de rébellion. «Or, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur nous a dit que cette lettre ne venait pas de son cabinet. C’était une fausse correspondance venant des personnes mal intentionnées. Comme la sécurité vient d’être rétablie, nous demandons à toute la population qui a fui de retourner dans son milieu d’origine», indique la dépêche du ministère d’État, ministère de la Justice et Garde des sceaux envoyée à notre
rédaction, après les échanges entre la délégation du gouvernement central et les différentes couches de la province de Kwamouth.

En effet, c’est depuis le 10 juin 2022 que les Yaka et les Teke affrontaient d’une manière violente. Les conséquences de ces accrochages entre ces deux ethnies sont néfastes, car, l’on déplore des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. Dans ce chapitre, on a enregistré 18 tués, 175 maisons incendiées et une arme AK 47 d’un policier emportée.
En effet, le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Daniel Aselo a, au nom du chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, conduit une délégation composée des ministres de la Justice, Rose Mutombo Kiese, des Droits Humains, Albert-Fabrice Puela, et des Affaires sociales, Modeste Mutinga. La délégation avait pour mission de réconforter les victimes de ces atrocités mais aussi échanger avec
toutes les couches de la population de ce coin de la République Démocratique du Congo, afin de connaître les vraies raisons qui ont donné à lieu à ces évènements malheureux, et rétablir l’autorité de l’État, car la plupart des villageois ont quitté leurs milieux d’origine.
Notons que la délégation gouvernementale est arrivée le jeudi 25 août 2022 au soir à Kwamouth. Et, elle avait consacré la journée de vendredi 26 août 2022 aux échanges avec les élus nationaux et provinciaux, les confessions religieuses, la société civile et les femmes, sur la situation qui prévaut dans cette partie du pays.
« Nous avons rencontré les autorités gouvernementales qui arrivent de Kinshasa. Nous leur avons fait part des affrontements qui sont intervenus à Kwamouth. C’est une situation que nous n’avons jamais vécue. Moi, je suis née, j’ai grandi et je me suis mariée dans cette partie de Maï-Ndombe. Je n’ai jamais vécu des affrontements de cette ampleur. Nous commençons à souffrir puisque les enfants sont éparpillés. C’est la première fois que nous avons vécu ces événements », s’est plainte Mireille Kibaki.
Cependant, les autorités gouvernementales avaient déclaré, à leur arrivée à Kwamouth, qu’elles étaient venues pour trouver la solution à ce conflit. «Nous ne pouvons pas rentrer à Kinshasa sans trouver la solution à ce conflit» De son côté, Lukombo Mputu a fait savoir à la délégation venue de Kinshasa que le mobile de ses atrocités était difficile à cerner. Il s’est exprimé en ces termes: ‘’ Nous étions
en difficulté et nous avons connu des morts lors de ces affrontements.
Ces affrontements ont détruit nos champs et la famine mine la contrée. Nous sommes contents que les autorités soient arrivées pour régler ce conflit. Le problème qui nous préoccupe en ce moment est celui de la rentrée scolaire.
A l’approche de la rentrée scolaire, où allons-nous trouver de l’argent ? Les gens ont quitté la cité pour se réfugier ailleurs et les enfants sont éparpillés ».

Selon le chef du groupement des Bateke Sud, Muller Nguangua, 5 villages habités par des chefs coutumiers ont été incendiés. Dans d’autres villages, qui ne sont pas habités par des chefs coutumiers, je pense qu’il s’agit de 8 villages qui ont été ravagés par des affrontements. «Les Yaka ont l’intention de nous spolier nos terres pour installer leurs chefs coutumiers. On a tué une personne dans ce
village où nous sommes. Il est difficile de connaitre le nombre de morts puisque les affrontements s’étaient déroulés dans la brousse ou la forêt puisque nous ne nous rendons plus dans la forêt », a-t-il conclu.
Le chef de l’État a agi malgré la perte des vies et biens des individus. Car, l’histoire nous rappelle les événements vécus sous le régime précédent à Yumbi, où un conflit interethnique avait coûté la vie à de nombreux Congolais, dans un silence total des autorités du pays.
Dorcas Nsomue Mpia

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