Visite papale dans la ville de Kinshasa : rond-point Victoire, inondations et crasse

Dans une semaine, Kinshasa va accueillir le numéro un de l’Eglise catholique romaine. Le représentant de Saint Pierre, le Pape François, tient à apporter son réconfort personnel aux nombreuses victimes des massacres perpétrés par les rebelles du M23, leurs parrains et les tristement célèbres forces négatives des ADF alliées à l’Etat islamique, en particulier, aux fidèles de sa confession religieuse, ainsi qu’au peuple congolais tout entier. Il va fouler le sol congolais, après une visite ratée due à son état de santé l’année passée. Alors que le compte à rebours a commencé, au rond-point Victoire, le spectacle offert par l’état de délabrement très avancé de la voirie urbaine laisse à désirer. A la suite de la défectuosité de tous les caniveaux aggravée par les inondations et les eaux usées provenant des fosses septiques des parcelles riveraines des avenues Victoire, Mangayi, Kasa-Vubu, Popo Kabaka, et autres, des cratères géants provoquent des embouteillages monstres. On se croirait devant un paysage des marais où pataugent les piétons.
Dans tout le périmètre de la Place des artistes, les ordures sorties des caniveaux et non évacuées par les services de l’Hôtel de ville, dévoilent l’ampleur des déchets qui s’entassent au fil des jours. Des monticules des détritus jonchent toute l’avenue Victoire jusqu’au pont der la rivière Kalamu. Il en est de même du côté de l’avenue Kasa-Vubu, dans ses tronçons compris d’une part, entre le Rond-point Victoire et le Pont Kasa-Vubu et d’autre part, entre le rond-point Victoire et l’avenue Bongolo. La saleté trône dans tout ce périmètre, au point que les riverains ne croyent pas au miracle de l’opération «Kin Bopeto».
En effet, ce lieu hautement touristique, qui accueille la plupart des artistes musiciens africains et autres, les touristes et autres visiteurs de marque, ne méritait pas l’état d’abandon dans lequel il a été relégué pendant de longues années. Il est vrai qu’il y a eu plusieurs tentatives de réfection de la voirie urbaine amorcées au rond-point Victoire. L’espace d’un matin, les sociétés de génie civil bénéficiaires de contrats de travaux d’exécution, ont été mises devant un fait accompli. La très mauvaise qualité des ouvrages était patente et la cause épinglée par les spécialistes était la maigre affectation des ressources financières aux projets. La chaussée n’a pas résisté à l’intensité du trafic routier. Les mauvaises habitudes des commerçants qui ont assiégé les coins et recoins de la Place des artistes, ont transformé les caniveaux en déversoirs d’immondices.
Un coup d’œil du côté de «Djakarta» le coin de grills en plein air où fument des brochettes, poissons colorés et autres boudins et où se régalent, à longueur des journées, les gourmets pressés par le temps, c’est le temple de la grande crasse. La messe de la saleté débute le matin et se termine tard la nuit. On trouve par terre, des tas d’ordures ménagères, des restes alimentaires, des flacons de jus en plastique, des sachets et autres peaux de bananes et d’ananas.
Un coin historique et appelé à témoigner du culte lui réservé par les Kinois, est délaissé à son triste sort. On laisse entendre que les différents services d’entretien des lieux historiques, culturels et touristiques, ayant fermé leurs portes, les agents transférés dans d’autres ministères, le matériel d’assainissement écoulé au plus offrant, il est compréhensible que l’on puisse se retrouver dans cet état de dénuement total. Et le prestige de la ville de Kinshasa est aujourd’hui foulé aux pieds. «Lipopo» des années soixante a disparu de l’imaginaire populaire. Avec l’apparition des marchés pirates, la prolifération des mini-restaurants de coins de rue, on est parti pour des décennies de crasse, surtout que les travaux d’assainissement ont été orientés vers certains tronçons-phares pour taper l’œil des visiteurs.
Il est tout de même révoltant de constater que malgré l’intervention ponctuelle des partenaires extérieurs et du gouvernement central en faveur de l’exécutif provincial, tous les fonds investis ont été engloutis dans d’autres services qui n’avaient rien à avoir avec l’assainissement de la capitale. Les observateurs avertis se demandent s’il faut créer d’autres entreprises de salubrité pour briser le monopole d’une société qui a montré ses limites. Car, l’expérience l’a démontré. Les entreprises de l’état bénéficiaires du monopole de l’exécution de certains projets d’infrastructures routières, d’entretien du réseau routier et autres, ont fini par décevoir.
Alors que les préparatifs de la visite papale s’accélèrent, les inondations et la crasse
persistent au grand dam des autorités urbaines. Il y a urgence que la Place des artistes soit vite
intégrée dans le planning des travaux de réfection de la voirie urbaine.

J.R.T.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *