Pour des raisons de sécurité : le procès de Mwangachuchu délocalisé à Makala

Prévue hier mardi 21 mars 2023, à son siège du nouveau Palais de justice, à Gombe, l’audience du procès du député Edouard Mwangachuchu Hizi et de son co-détenu, le commissaire principal Mushamalirwa Balike, que de nombreux compatriotes suivent depuis le début de ce mois avec un intérêt croissant, a été délocalisée curieusement à la Prison centrale de Makala, où à la surprise générale, les avocats conseils de l’élu de Masisi ont séché hier l’audience. Une délocalisation justifiée par des impératifs sécuritaires. Car, des rumeurs persistantes faisaient état de quelques tentatives de perturbation de ce procès par des partisans de l’élu de Masisi.

         Le président de la chambre de la Haute Cour Militaire, le général-major Kabala Martin, et les autres membres de la composition, ont dû attendre de longues heures pour se décider enfin sur le report. Finalement, ils ont constaté que l’absence de la défense de Mwangachuchu n’était pas due à la suite de la délocalisation du lieu de l’instruction de ce procès, mais bien pour d’autres raisons liées à l’état de santé du prévenu. On se rappellera que depuis le démarrage de cette affaire devant la Haute Cour Militaire, la défense a enfourché la trompette pour faire savoir à la haute cour que le prévenu Mwangachuchu affiche une santé précaire. Et que pour qu’il comparaisse en toute sérénité devant les juges et qu’il organise mieux sa défense, il était de bon droit que la haute cour puisse accéder à sa demande de mise en liberté provisoire ou tout au moins qu’il soit placé en résidence surveillée.
        Cette demande, comme il faudrait le rappeler, avait été rejetée dans l’arrêt avant dire droit prononcé par la Haute cour militaire en son audience du lundi 13  mars 2023. Cette juridiction avait justifié sa décision par la gravité des préventions pour lesquelles Mwangachuchu Hizi fait l’objet de poursuites judiciaires, notamment participation à un mouvement insurrectionnel, détention illégale d’armes et munitions de guerre et incitation des militaires à commettre des actes contraires à la loi et à la discipline.
        Hier mardi 21 mars à la Prison centrale de Makala, on n’a pas compris le fait que les deux prévenus n’étaient pas assistés de leurs conseils. Pourtant, il avait été décidé la poursuite normale de l’instruction de ce procès. Au niveau du greffe de la HCM, des exploits avaient été préparés et distribués aux deux prévenus, en même temps que l’extrait de rôle de cette audience, affiché devant la Haute cour militaire au nouveau Palais de justice. Dans un prétoire à moitié vide, seuls les membres de familles de Mwangachuchu Hizi Edouard  et du commissaire principal Mushamalirwa Balike, ainsi que quelques journalistes, occupaient quelques places dans la salle d’audience de la Prison centrale de Makala. Pour les juges de la haute cour, l’absence des avocats de la défense ne peut perturber le déroulement normal de ce procès fait attendu par l’opinion nationale et internationale.
        Dans les milieux judiciaires, l’on se réjouit toutefois de constater que la Haute cour militaire, qui tient à sauvegarder les droits de la défense de l’élu de Masisi, donne une chance à ses avocats conseils de pouvoir s’organiser dans l’intérêt du député national Mwangachuchu.
Pour l’audience prévue le 28 mars prochain, la haute juridiction entend poursuivre contradictoirement l’instruction de cette affaire. L’on croit savoir que ce sera l’occasion de débattre du rapport des spécialistes en armement qui avaient travaillé en commission avec les magistrats de l’Auditorat général des Fardc.  Ils avaient été en effet requis pour identifier tous les objets saisis dans le cadre de l’affaire Mwangachuchu. Le premier lot des objets avait été déterré
dans la ferme de l’élu de Masisi. D’autres objets compromettants ont été trouvés dans la résidence de Mwangachuchu de la commune de la Gombe.
        L’opinion nationale serait curieuse de savoir ce que les agents des services et de l’Auditorat général des Fardc ont découvert dans ces deux propriétés appartenant au président du CNDP et qui, pour les magistrats, vont constituer des pièces à conviction pour asseoir les accusations portées contre le député national Edouard Mwangachuchu Hizi et le commissaire principal Mushamalirwa Balike. Rendez-vous au 28 mars prochain pour cette « séance de déballage des sacs » contenant tous les objets saisis dans cette affaire.
        Sur décision de la Haute cour militaire, cette affaire enregistrée dans le registre des dossiers instruits en matière flagrance, compte tenu de ses contours sécuritaires et militaires, a été renvoyée à l’audience du 28 mars 2023.

J.R.T.

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