Africa Summit 2022 à Londres : encore un plaidoyer de Fatshi en faveur des investissements en Afrique

Sous sa quadriple casquette de Président de la République Démocratique
du Congo, de président en exercice de la CEEAC (Communauté Economique
de l’Afrique Centrale) et de la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe) ainsi que de président honoraire de l’UA (Union Africaine), Félix Antoine Tshisekedi était un des invités d’honneur d’Africa Summit 2002 (Sommet sur l’Afrique 2022), ouvert hier mardi 18 octobre à Londres, la capitale d’Angleterre. Comme c’est le cas lors de ce type de fora focalisés sur l’économie et le développement, il a fait un plaidoyer, une fois de plus, en faveur des investissements en Afrique, mais aussi en République Démocratique du Congo, son pays. Il a aligné, entre autres arguments, ceux relatifs aux fabuleuses
ressources naturelles dont regorgent ce continent ainsi que son propre pays, notamment les réserves minières, les eaux et les forêts, la main-d’œuvre bon marché, le climat des affaires en constante amélioration, les opportunités de l’économie verte, etc.
Félix Antoine Tshisekedi a démontré, chiffres à l’appui, qu’investir en Afrique et en RDC coûte trois fois moins cher par rapport aux mêmes projets d’investissements placés aux Etats-Unis d’Amérique, en Europe ou en Asie. Il a également fait état du taux de croissance enregistré en Afrique et en RDC, lequel dépasse annuellement les 5% pendant qu’ailleurs, il a du mal à franchir la barre de 2%.
Dans le débat consécutif à son exposé, le Président congolais s’est appesanti sur la polémique autour des blocs pétroliers et gaziers que la RDC a décidé de mettre en exploitation, soulignant au passage que le peuple congolais avait le droit de tirer le maximum de dividendes financiers de ses ressources naturelles, au même titre que ceux des pays tels que le Gabon ou la Norvège, dans le strict respect des normes environnementales.
Il a rappelé également au monde que la RDC restait le pays-solution face aux dérèglements climatiques qui menacent la planète et signalé la présence, dans le sous-sol congolais, des réserves mondiales des minerais stratégiques, dont le cobalt. Il n’a pas manqué d’interpeller la communauté internationale au sujet de l’insécurité entretenue dans sa partie Est par le Rwanda, principal sponsor du mouvement rebelle M23. Enfin, il a fait part au monde du retour de la RDC sur la voie de sa relance économique, avec de grands projets agro-industriels, énergétiques, etc. LP

ALLOCUTION DE FÉLIX-ANTOINE TSHISEKEDI TSHILOMBO, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Mesdames et Messieurs, Distingués invités,

Je suis particulièrement honoré de me tenir devant vous, ce jour, et j’aimerais remercier, à cette occasion, The Financial Times, pour cette opportunité qui m’est encore une fois donnée de parler de l’Afrique et principalement de la République Démocratique du Congo.
Avant d’entrer dans le vif de mon allocution, j’aimerais profiter de ma présence dans la mégapole londonienne pour exprimer, aux peuples du Royaume-Uni de Grande Bretagne et de l’Irlande du Nord, toute ma compassion et ma solidarité quant à la disparition de Sa Majesté la Reine Elizabeth II.

Mesdames et Messieurs, Distingués invités,

Le continent africain a de tous temps fait l’objet d’un antagonisme discursif consistant d’une part, à la vanter pour les potentialités dont elle regorge ; et d’autre part, à la vilipender pour les réalités économiques, sociales et politiques qui l’ont transcendé depuis la période faste des indépendances.
Ma présence à cette tribune tend non pas à exacerber davantage cet antagonisme mais plutôt à faire le plaidoyer honorable de cette Afrique qui se lève, qui avance et qui chaque jour durant, prend la mesure de sa grandeur et s’assume.
En effet, comment pourrais-je faire fi du réveil de l’Afrique, longtemps considérée comme un géant au pied d’argile au moment où notre continent et mon pays, la République Démocratique du Congo, en particulier, constituent aujourd’hui le graal dont l’humanité a besoin pour assurer sa survie ?
L’assurance de mes propos tient du fait des statistiques qui démontrent que nous sommes le continent qui offre le taux de rendement net le plus élevé comparativement aux autres continents, avec la présence d’économies qui affichent des taux de croissance oscillant à 5% l’an, pendant qu’ailleurs, certaines économies peinent à franchir le seuil des 2%.
Par ailleurs, Le Rapport 2022 sur l’investissement dans le monde de la Conférence des Nations Unies pour le Commerce Et le Développement (CNUCED en sigle), publié le 9 juin, révèle que les investissements directs étrangers vers les pays africains ont atteint un niveau record de 83 milliards de dollars, plus du double du total enregistré en 2020.
Aujourd’hui, plus qu’hier, investir en Afrique devient une nécessité, pour ne pas dire un acte salvateur, non pas dans la logique du discours réducteur et marginalisant qui a toujours prévalu à l’encontre de nos populations, mais plutôt vis-à-vis des enjeux auxquels l’humanité est confrontée.
En effet, vous n’êtes pas sans ignorer les effets dévastateurs du réchauffement climatique et l’obligation qu’il nous incombe en tant qu’êtres humains, sans distinction aucune, d’accélérer notre transition vers l’émergence d’une économie verte et durable pour ainsi sauver notre planète.
Comme lors de toutes les grandes mutations qui ont pu jalonner l’existence contemporaine de ce monde, l’Afrique a et aura toujours un rôle à jouer ; celui qu’elle s’est, cette fois-ci, choisie elle-même et pour lequel elle revendique, pour elle-même, la légitimité au vu des éléments ci-après :
1. L’Afrique, est tout d’abord synonyme de dynamisme et d’avenir. En effet, contrairement aux autres continents, l’Afrique se veut jeune car composée à plus de 60% d’une population âgée de moins de vingt-cinq (25) ans ;
2. L’Afrique, c’est également, le vivier minéral le plus prolifique de notre planète puisque possédant près d’un tiers des réserves en minerais de celle-ci ;
3. L’Afrique est enfin, la clé de voûte de cette nouvelle révolution industrielle, dite verte, et qui passe notamment par :
• L’utilisation de ressources minérales pour la production d’artefacts peu polluants ;
• La protection de l’environnement et la protection des espaces verts et particulièrement des forêts ;
• Le changement de nos modes de vie, en adoptant de nouvelles techniques responsables de gestion des ressources qui pour certaines ancrées dans nos us et coutumes, autrefois considérés comme marginaux, mais qui s’avèrent aujourd’hui prisées et même définies comme salvatrices.

Mesdames et Messieurs, Distingués invités,

Je ne pourrais m’appesantir davantage sur les potentialités dont regorge l’Afrique, et le rôle qu’elle revendique, notamment sur le plan de l’avènement de cette économie à émissions nettes zéros carbone sans pour autant évoquer mon pays, la République Démocratique du Congo.
Première productrice de cobalt au monde, avec un volume représentant
près de 70% de la production mondiale, la République Démocratique du Congo abrite plus de 25 millions de tonnes de réserves identifiées dans son sous-sol, soit plus de 50 % des réserves de la planète. Elle est également riche d’autres minéraux entrant dans la fabrication des batteries électriques, tels que le cuivre, le manganèse, le chrome et le lithium.
À ce titre, je m’en vais uniquement rappeler les enquêtes Bloomberg
réalisées en 2021, qui ont clairement mis en évidence qu’installer une usine traitant 10 000 tonnes de minerais par an (cobalt, lithium, manganèse, nickel et cuivre) coûterait 117 millions de dollars américains aux États-Unis d’Amérique, 112 millions de dollars américains en Chine, 65 millions de dollars américains en Pologne et seulement 39 millions de dollars américains en République Démocratique du Congo. Autrement dit, le coût est presque trois fois moins
important dans notre pays qu’en Chine ou aux États-Unis, et deux fois moins qu’en Pologne. Outre l’indéniable potentiel minier, la République Démocratique du
Congo possède une faune et une flore quasiment unique au monde, de même qu’un fort potentiel agricole avec une superficie cultivable estimée à quelques 75 millions d’hectares dont moins de 10 seraient actuellement exploités. À côté de ces ressources, figure le Bassin hydrographique du Fleuve Congo deuxième poumon mondial après l’Amazonie et prisé pour la production d’hydrogène vert.

Mesdames et Messieurs, Distingués invités,

Pourquoi donc ne pas investir en Afrique ? Malgré ce bref exposé des
potentialités et des opportunités d’investissements dont regorge l’Afrique, en général, et la République Démocratique du Congo, en particulier, je ne puis ignorer que certaines interrogations bien souvent exprimées sous la forme de doutes, peuvent subsister. Celles-ci, trouvent leurs racines dans l’épineuse question de la stabilité des institutions et du climat des affaires.
L’Afrique et la République Démocratique du Congo, notamment, ont eu, tel que mentionné dans mon introduction, à faire l’objet d’un antagonisme discursif oscillant entre séduction et répulsion, laissant ainsi la part belle aux hommes d’affaires à la réputation sulfureuse et aux investissements viciés, pour ne pas dire véreux, à son plus grand dam.
Il est vrai que le continent africain fait l’objet d’un activisme de groupes armés, certains identifiés comme terroristes, comme c’est le cas de la République Démocratique du Congo, alimenté par les volontés prédatrices de certaines puissances, parmi lesquelles on retrouve parfois des États voisins, comme c’est le cas du Rwanda, État-membre du Commonwealth, qui mène une guerre par procuration dans l’Est de mon pays, sous couvert du groupe terroriste du M23.
Le continent africain fait aussi l’objet de sursauts et d’interruption non démocratiques du cours des institutions à travers la perpétration de coups d’État, notamment. Cependant, les silences parfois complices des puissances internationales ainsi que des médias internationaux, l’ignorance des cris d’alarme et de colère exprimé par nos peuples à travers leurs dirigeants dans les forums internationaux contribuent malheureusement à ce que l’Afrique ne soit perçue que
comme un continent à problème.
Je saisis donc l’opportunité m’offerte par cet évènement pour dénoncer cette passivité, et parfois complicité, dans le traitement et la considération donnée à la couverture médiatique et politique des évènements ayant cours en Afrique et appelle à davantage de responsabilité, et d’enthousiasme quant à la capacité de cette Afrique à garantir la sécurité de ses populations mais également des
investissements qui y sont développés.

Mesdames et Messieurs,
Distingués invités,

L’Afrique et la République Démocratique du Congo ne s’avoueront jamais vaincues et ne s’apitoieront plus pour leur sort. Au contraire, l’Afrique aspire a davantage de considération et se décide, à travers ses nations dont la République Démocratique du Congo, à prendre le devant afin de prêcher la nouvelle qui veut qu’elle soit aussi importante que tous les autres blocs régionaux aussi bien dans la
conduite et la gestion des affaires de ce monde que dans l’avènement de cette nouvelle économie plus responsable.

En ce qui concerne la République Démocratique du Congo, celle-ci, vous attend, avec responsabilité et dignité pour ainsi contribuer et concourir à la volonté de développement que nous mettons chaque jour davantage en oeuvre. D’ailleurs, de nombreuses avancées ont été enregistrées, notamment dans le cadre du climat des affaires.

En effet, ayant fait de l’investissement l’une des pierres angulaires pour le développement de mon pays, j’ai impulsé un ambitieux programme de réformes économiques visant à faire de celui-ci, un véritable hub d’attractions pour des nouveaux projets ambitieux. On y retrouve, notamment, un cadre légal et réglementaire mis à jour, des mesures d’incitation fiscale à la création des zones économiques spéciales et l’adoption de nouvelles mesures visant à renforcer la lutte contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, ceci afin de créer un environnement propice aux investissements congolais, africains et du reste du monde.

Pour conclure, je dirai, tel que vous avez pu le constater, un nouveau paradigme a vu le jour ; celui d’une Afrique et d’une République Démocratique du Congo, notamment, décomplexées, avides de progrès et de développement, et fin-prêtes à jouer leur rôle dans la marche du nouveau monde qui pointe à l’horizon.

Mesdames et Messieurs, Distingués invités

L’Afrique et la République Démocratique du Congo vous attendent,
Je vous remercie.

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