Guerre de l’Est du Congo : une communauté internationale impuissante, hypocrite et complice

Depuis plus de vingt-cinq ans, la République Démocratique du Congo est victime d’une guerre d’agression de la part de certains de ses voisins, dont le Rwanda en particulier. Ce dernier ne cesse d’entretenir et de soutenir des groupes armés, qui sèment la mort et la désolation au sein des populations à l’Est de notre pays.

Depuis son avènement au pouvoir, en janvier 2019, le président Félix TSHISEKEDI a multiplié les initiatives de paix et de coopération avec tous les pays voisins de la République Démocratique du Congo. Le but étant de pacifier et de développer en commun notre sous-région d’Afrique centrale en général, et celle des Grands Lacs en particulier.
Malheureusement, sa bonne volonté et la main tendue du peuple congolais ont été considérées comme un signe de faiblesse et de naïveté par ceux qui ont pris goût à la prédation des richesses de notre pays et au massacre de ses populations. Et cela, sous la barbe de la communauté internationale impuissante, hypocrite, et même complice.
La tenue de la 77ème session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, à New-York, a été l’occasion pour le Chef de l’Etat Congolais, de rappeler une fois de plus, cette situation dramatique tout en pointant clairement du doigt le pays fauteur de trouble et des crimes en République Démocratique du Congo. Cette allocution fera date, car c’est la toute première fois que, face à la communauté
internationale, un Chef d’Etat congolais cite directement et sur un
ton ferme, le Rwanda de Paul Kagamé, comme la cause de l’instabilité sécuritaire dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. Et il n’a pas hésité à désigner le président du Rwanda comme l’auteur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis sur le territoire congolais.
A l’analyse, l’opinion, tant nationale qu’internationale, est unanime pour dire que l’intervention du chef de l’Etat congolais a l’avantage d’avoir remis en cause la dénégation des faits obstinément opposée par Paul Kagamé et ses vaines échappatoires concernant son implication et sa responsabilité dans la tragédie subie par la République Démocratique du Congo et par son peuple.
Le président TSHISEKEDI a apporté une lumière nouvelle qui devrait désormais éclairer la lanterne de la communauté internationale sur la situation créée dans les zones occupées par l’armée rwandaise et ses affidés du M23.
Cette importante démarche du chef de l’Etat congolais ne devrait pas en rester au seul niveau d’une déclaration à la tribune des Nation Unies à New-York.
Pour que la déclaration du président TSHISEKEDI ait des échos et des prolongements concrets et efficaces, il faudrait qu’elle soit relayée. Elle devrait faire l’objet d’une communication professionnelle, en quelque sorte, d’un service après-vente mettant en œuvre des mécanismes de suivi qui auront pour mission de diffuser la position du chef de l’Etat en direction des différents partenaires : Etats,
Organisations internationales, Régionales et sous Régionales, ONG, personnalités et autres leaders d’influences ….
Nous pouvons relever, par exemple, qu’à la suite du discours du Président de la République, la Pologne et le Burundi ont été les seuls pays qui ont ouvertement évoqué la situation de l’insécurité dans l’Est de la République Démocratique du Congo, et qui ont appelé la communauté internationale à s’y pencher sérieusement. Il est pour le moins étonnant, par exemple, que l’actuel président de l’Union Africaine n’ait pas daigné évoquer la situation sécuritaire congolaise
comme une question qui devrait figurer parmi les préoccupations de la communauté internationale, au même titre que la question de l’Ukraine
!

Quels sont les mécanismes de suivi à mettre en place ?

Diplomatiquement, les mécanismes de suivi passent par trois canaux :
– D’abord, au niveau de la diplomatie multilatérale, par le canal de nos Missions permanents (New-York, Genève et Addis-Abeba). A partir du moment où le Président de la République lance cet appel solennel, normalement le mode de fonctionnement de nos Missions doit changer pour s’adapter au tempo donné par le Chef de l’Etat. Le langage et l’activité au quotidien de nos représentations ainsi que de nos diplomates doivent désormais refléter cette préoccupation nationale pour engranger des résultats positifs, c’est-à-dire récolter des positions et des actions favorables à la cause congolaise. L’essentiel de ce travail diplomatique se déroulant dans les différentes commissions où nous siégeons au sein des organisations internationales et dans les contacts directs entre diplomates.
– La RDC est aussi membre de plusieurs organisations sous régionales. Notre pays préside actuellement la CEEAC et la SADC. Cette position n’est pas seulement prestigieuse mais elle coûte pour le Chef de l’Etat Congolais ainsi qu’à la RDC et à ses dirigeants en termes de temps, d’énergie et d’argent. Il serait indiqué que nous voyions aujourd’hui la valeur ajoutée de ces présidences. Il est nécessaire
d’utiliser cette position pour engranger des retombées pour la RDC, notamment dans le cadre de l’examen de la situation de l’insécurité dans l’Est de la RDC.

– L’offensive diplomatique doit ensuite être menée au niveau de la diplomatie bilatérale, par le biais de nos ambassades auprès de tous les pays avec lesquels nous entretenons des relations diplomatiques. Un des principes clés des relations internationales, c’est la réciprocité. Tous les pays qui nous sollicitent pour avoir notre soutien sur telle ou telle question, c’est le moment pour la RDC de
réclamer le retour de l’ascenseur. Des instructions claires et précises doivent être données à nos missions diplomatiques à ce sujet.
L’expérience de la vie internationale nous montre que la RDC doit avant tout compter sur ses forces. Il est donc impérieux de maximiser les capacités de nos forces de police nationale, des services de renseignements et des FARDC. Car la paix doit être imposée par tous les moyens, politique, diplomatique et militaire pour sauvegarder l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité de notre territoire
national.

Marie Tumba Nzeza, – Ministre honoraire des Affaires Etrangères /RDC
(Document tiré de Congoprofond)

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