Des réactions ne cessent de se succéder après la répression violente, la marche pacifique des médecins organisée la semaine passée à Kinshasa par le SYNAMED (Syndicat National des Médecins). Dans le lot des réactions, il y a celle du Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme (BCNUDH) en République Démocratique du Congo (RDC). Elle condamne cette violente dispersion par la Police Nationale Congolaise (PNC) alors que le droit à la liberté de réunion et de
manifestation pacifique est garanti par la Constitution et les instruments internationaux ratifiés par la RDC.
Dans sa communication d’hier lundi, le BCNUDH appelle les députés à adopter en urgence une loi précisant le cadre légal et renforçant les garanties de la liberté de manifestation et de réunion pacifiques. Selon elle, les restrictions à cette liberté doivent être nécessaires, proportionnelles et prévues par la loi.
En outre, le BCNUDH invite les autorités provinciales et les responsables de la PNC à mettre en place un mécanisme visant à planifier et à encadrer les manifestations publiques. En effet, cette marche a été dispersée par la police à coups de gaz lacrymogènes alors que les organisateurs affirment avoir reçu toutes les autorisations requises pour le bon déroulement de cette activité.
Le gouvernement de son côté, par le biais du ministre des Droits Humains, a également condamné cette répression violente de la part des forces de l’ordre, avant de rappeler que la tenue d’une marche pacifique, même sans prise d’acte de l’autorité compétente, ne constitue nullement un prétexte pour violer systématiquement les droits fondamentaux reconnus aux citoyens.
Le ministère des Droits Humains a invité l’Inspection Générale de la Police à diligenter, sans tarder, une enquête sur les traitements dégradants infligés aux manifestants et à déférer les responsables devant les instances compétentes. Par ailleurs, le ministre des Droits Humains, Fabrice Puela, a exhorté les responsables du Synamed et les experts des services et ministères sectoriels, à privilégier la voie
du dialogue.
Le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, a aussi réagi dans le même sens. Il s’est dit choqué par les images de cette violente répression. « Manifester n’est pas un crime et ne devrait jamais être réprimé par la PNC, qui doit garantir aux citoyens le libre exercice de leurs droits fondamentaux. Nous rappelons que cette barbarie dont les policiers sont auteurs et qu’on observe à Kinshasa mais également dans le reste du pays, est un cas illustratif de l’arbitraire de la
répression policière, encouragée par l’impunité pour les crimes commis par la police, d’une part, et d’autre part, l’inefficacité du commissaire adjoint Kasongo», a dénoncé Mukwege.
La police se dédouane
De son côté, le Commissariat provincial de la PNC/ville de Kinshasa,Sylvano Kasongo, a expliqué que la police était dans l’obligation légale d’empêcher cette manifestation, dont l’autorité urbaine n’avait pas pris acte. Pour lui, cette manifestation s’est déroulée sur les avenues Huileries et Colonel Ebeya, en pleine commune de Gombe, pourtant déclarée zone neutre par l’autorité compétente.
Le Synamed, quant à lui, dit attendre des excuses des autorités policières suite au non-respect envers les professionnels de la santé alors qu’ils sont porteurs de la vie. « On a bastonné et brutalisé des médecins… Si les médecins expriment leur mécontentement, ce n’est pas contre les policiers mais plutôt contre les politiques. Nous attendons d’eux des excuses… », a indiqué Fabien Nzoku, S.G adjoint du Synamed.
Il sied de noter que c’est depuis deux mois que les médecins observent la grève dans les hôpitaux publics en vue d’obtenir du gouvernement l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Ils ne cessent de demander le réajustement de leurs primes de risque.
Perside Diawaku