Une « Tripartite » qui ne dit pas son nom a réuni, le mercredi 21 septembre 2022 à New York, à l’initiative du président français Emmanuel Macron, le précité avec ses homologues congolais Félix Tshisekedi, et rwandais Paul Kagame. Apparemment, les trois Chefs d’Etat se sont mis d’accord sur le constat de la recrudescence des
violences dans la partie Est de notre pays et la nécessité d’apporter une réponse régionale et coordonnée à la menace que représentent les groupes armés terroristes. Ils ont également convenu des préalables à satisfaire pour « un dialogue franc et constructif », à savoir le retrait du M23 de toutes les localités occupées et le retour des déplacés dans leur milieux d’origine, avec l’appui des Nations Unies et de leurs partenaires de l’Union Africaine, de la Communauté de
l’Afrique de l’Est et de la Conférence Internationale la Région des Grands Lacs (CIRGL). L’autre point d’accord trouvé en marge de la « Tripartite de New York » concerne l’intensification de la coopération régionale en vue de lutter contre l’impunité et de mettre un terme à l’activisme des groupes armés dans les Grands Lacs.
Long chapelets de bonnes intentions
La rencontre entre Emmanuel Macron, Félix Tshisekedi et Paul Kagame a accouché d’un long chapelet de bonnes intentions. Quant à leur mise en pratique, les Congolais, échaudés par les voltes-faces répétitives du président rwandais au terme des accords de paix relatifs à la résolution pacifique des guerres que mènent son armée, par des mouvements rebelles terroristes interposés, en République Démocratique du Congo.
Pour ne prendre que les cas les plus récents, c’est avec colère et indignation que les populations congolaises ont assisté au mépris affiché par Paul Kagame à l’égard du processus de Nairobi et de la « Feuille de route de Luanda » préconisant, entre autres voies de sortie de la crise sécuritaire, le cessez-le- feu et le retrait sans condition des terroristes du M23, derrière lesquels se cache son
armée, de Bunagana et d’autres positions qu’ils occupent à l’Est de la RDC. Ces fâcheux précédents n’ont fait qu’accroître la méfiance de Kinshasa à l’égard du régime de Kigali, passé maitre dans le maintien du statu quo ante dans la province du Nord-Kivu.
S’agissant des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda) et autres rebelles ougandais prénommés ADF, les observateurs s’interrogent sur la prétendue responsabilité de Kinshasa sur leur longue présence sur le territoire congolais, quand on sait que de 1996 à ce jour, à travers les « guerres d’agression » menées par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, sous couvert de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo), contre la RDC d’abord et
ensuite du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) et du MLC (Mouvement de Libération du Congo), ces trois pays avaient eu des opportunités franches de « nettoyer » les poches de ces forces négatives.
Il est curieux qu’après avoir traversé la RDC du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, entre 1996 et 2003, ces voisins ougandais et rwandais puissent se plaindre des menaces que représenteraient des groupes armés étrangers qui n’ont jamais occupé un centimètre carré de leurs territoires. D’où la question que les Congolais sont en droit de se poser après la « Tripartite de New York » : Kagame va-t-il enfin
adhérer aux initiatives de paix régionales ? Rien n’est moins sûr.
Kimp