Anthony Blinken en Afrique : le mea culpa des États-Unis est sans confession, donc sans effet !

Avant et pendant le séjour d’Anthony Blinken en Afrique du Sud, le Département d’Etat a publié un document révélant la nouvelle « Stratégie américaine envers l’Afrique subsaharienne ». Les quatre objectifs des États-Unis pour les cinq ans à venir : « favoriser les sociétés ouvertes », « offrir des dividendes démocratiques et en matière de sécurité », « travailler au redressement après la pandémie et sur les opportunités économiques », « soutenir la préservation et l’adaptation au climat et une transition énergétique juste »…

RIEN DE VRAI DANS CE POSTULAT

A l’étape de Pretoria (Afrique du Sud), le secrétaire d’État a vendu un pays qui promeut un « véritable partenariat » à l’opposé d’une relation « déséquilibrée » ou « transactionnelle ». « Les États-Unis ne dicteront pas les choix de l’Afrique et personne ne devrait le faire. Trop souvent, les nations africaines ont été traitées comme des instruments du progrès des autres nations, plutôt que comme les
auteurs de leur progrès », a-t-il promis.
Du bon verbe mais uniquement, hélas ! Puisque, en invitant les Etats africains à être des ‘sociétés ouvertes’ « généralement plus enclines à travailler de concert avec les États-Unis, attirant plus de commerce et d’investissement américain (…) et contrant les activités nuisibles de la République Populaire de Chine, de la Russie et
d’autres acteurs étrangers », il n’a pu cacher les velléités hégémonistes, celles d’une puissance égocentrique.
Dans ses griefs, Washington accuse Pékin d’être « une arène pour défier l’ordre international fondé sur des règles, faire avancer ses stricts intérêts commerciaux et géopolitiques (…) et affaiblir les relations des États-Unis avec les peuples et les gouvernements africains ».
Washington fait à Moscou le reproche de considérer l’Afrique comme « un environnement permissif pour les sociétés para-étatiques militaires privées, créant souvent de l’instabilité pour en retirer un avantage stratégique et financier ».
Dans la stratégie de regagner la confiance de l’Afrique, Washington exprime son soutien « à la décision du gouvernement de la RDC de revoir les contrats miniers…».

« COLONISATION À L’AMÉRICAINE»

Remarquablement, depuis la fin de la Guerre froide en 1989, les États-Unis ont fait de l’Afrique leur première chasse gardée excluant même leurs partenaires européens. À Dakar, l’administration américaine avait signifié à l’humanité entière son tour de gouverner si pas de coloniser l’Afrique, après le centenaire des puissances coloniales.
Le fait indéniable est qu’au cours de ces 30 dernières années de la colonisation à l’américaine, l’Afrique a connu un décrochage effroyable avec des guerres en Libye, en Ethiopie, au Nigeria, au Soudan, au Sahel, en Afrique centrale, dans les Grands-Lacs, en Afrique australe, etc. C’est sous la colonisation à l’américaine que des pays comme l’Éthiopie et le Soudan ont été désintégrés, une menace qui hante la RDC. C’est sous la gouvernance à l’américaine que des
désinvestissements se sont enchaînés en Afrique avec une intensité jamais connue par le passé, accentuant la paupérisation des populations réduites à l’humanitaire.
Bref, Washington a fait avancer son schéma de redessiner l’Afrique…
Que s’est-il passé pour que les Etats-Unis s’essoufflentaussi rapidement ?
La réponse est dans la récession économique en observation depuis plusieurs décennies. Les USA n’ont pas de ressources suffisantes pour réaliser leurs ambitions démesurées de dominer le monde. Pire, ils ont entraîné l’ex-Europe de l’Ouest dans ce recul de la production, donc des recettes budgétaires.
Si l’Afrique survit économiquement, et par ricochet socialement, c’est grâce à des partenaires asiatiques comme le Japon, la Chine et l’Inde, rejoints par l’Australie. Des pays qui ont volé au secours de l’Afrique au moment indiqué, celui du ballottage par les exigences occidentales qui l’amène à la limite de l’inhumanité.

NI L’UNE, NI L’AUTRE

Venir parler ‘élections et droits de l’homme’ à une Afrique grabataire et affamée ayant besoin des milliards de dollars pour se remettre d’aplomb ça s’appelle comment ? Peut-on vraiment croire à la bonne foi du donateur ?
Au lieu de tirer les conséquences de ses mauvaises options stratégiques, Washington adopte finalement la pire des méthodes à exister en relations internationales :la désignation du bouc-émissaire, oubliant que l’Africain a une mémoire d’éléphant.
En effet, l’Africain sait que de 1885 (Conférence internationale de Berlin) à 1989 (Perestroïka), des pays comme la Chine étaient exclus de toute exploitation minière industrielle en Afrique. D’ailleurs, quand on prend le cas de la RDC, c’est seulement en 2015 que la Chine y opère pendant que les pays occidentaux sont actifs depuis les années 1900.
Paradoxalement, Washington pointe du doigt accusateur Pékin.
Heureusement que le Congolais d’aujourd’hui sait qu’un mea culpa sincère s’accompagne de la confession et de la réparation qu’il n’y a eu dans les prises de position de l’administration américaine par rapport à l’Afrique, ni l’une, ni l’autre.
Espoir Mashako Éditorialiste politique

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