Evasion à la Prison centrale de Matadi : les fugitifs dans les filets de la Police criminelle à Kinshasa

Plusieurs mois après l’évasion spectaculaire de la Prison centrale de Matadi, doublée du meurtre du policier de garde, le Commissariat provincial de la police du Kongo central avait lancé des investigations à travers toute la province pour tenter de retrouver les auteurs de cette fuite de détenus. Du Nord au Sud, de l’Ouest à l’Est, pas de traces de ces criminels dont les forfaits portaient pour caractéristique principale, le professionnalisme. Qui sont-ils ces brigands qui ont terrorisé la ville de Matadi et semé la désolation au Kongo central ? Comment ont-ils pu opérer cette évasion et pourquoi ont-ils abattu le policier de garde ?

Les éléments de réponse à ces interrogations ont été fournis dernièrement à l’unité antigang du Commissariat provincial de la police ville de Kinshasa. Appréhendés dans une affaire de braquage des vendeurs des bijoux, des malfrats très jeunes, dont aucun ne dépasse l’âge de 50 ans, à savoir Kangalu alias Foe, Nsimba Nyati alias Mangwele, Phanzu Madukila alias Roda et Patrick Paynos, non autrement identifiés, ont fait des révélations troublantes sur les coups
perpétrés au Kongo central. Selon l’étendue de leur champ opérationnel, leur fief couvre deux pays, la RDC et l’Angola. Et pour échapper aux traques de la police,
ils font des navettes sporadiques entre Matadi, Boma et Moanda, avec quelques escales à Mbanza-Ngungu, avant d’aller frapper à Soyo, en Angola. Ils ont reconnu que souvent ils opèrent à Kinshasa, où ils utilisent des motocyclettes comme moyens de locomotion. Ce moyen de transport a été adopté par cette bande compte tenu de ses facilités d’emprunter des routes en terre battue, des pistes sablonneuses ou des routes parsemées de flaques d’eau.
Rappelant aux enquêteurs, l’évasion spectaculaire de la Prison centrale de Matadi, Kangalu alias Foe a signalé que ce coup était minutieusement préparé. En provenance de Kinshasa, ils se dirigeaient enmotos vers la ville portuaire. Et comme ils connaissent la cartographie des routes, ils évitaient les différents postes de péage, se dissimulant à travers les dunes et les brousses qui bordent la grande route. Dans leurs sacs, un lot d’armes. Arrivés à Matadi, le plan d’attaque de la Prison centrale avait été bien fignolé. Le jour «J», la concubine de Kangalu alias Foé avait apporté aux détenus, de la nourriture. Le GP qui allait servir d’arme du crime était bien dissimulée dans un plat de pondu, bien emballée dans un sac en
plastique imperméable, avec une note donnant le plan d’attaque de ce lieu de détention.
La nuit suivante, Kangalu Phoba alias Foe à la tête de sa bande, avec ses principaux lieutenants, était descendu tard à la prison. En ce moment-là, un détenu, membre de la bande, avait demandé un service au policier de garde. Pendant que l’agent de police surveillait le prisonnier, un coup de feu avait retenti. Mortellement touché, le policier était mort sur le champ. Immédiatement, les bandits avaient arraché l’arme du policier de garde, une AKA 47. Panique généralisée. Tous les détenus, réveillés, s’étaient précipités vers la porte de sortie. Dehors, la bande à Kangalu, qui attendait avec trois motos, avait pris le large avec Idriss, Kashogi Kasho, Patrick, Oscar et un certain Alias Muluba, muni du revolver garni des munitions et d’autres armes.
Le matin, le constat de l’évasion livrait son bilan. Le même jour, le conseil provincial de sécurité s’était réuni en urgence pour débattre de cette situation. Pendant ce temps, non seulement les éléments du Commissariat provincial de la police du Kongo central avaient pu récupérer, quelques fugitifs, mais d’autres s’étaient refugiés dans un hôtel de Lukala, à Mbanza-Ngungu, alors que le staff s’était replié à Kinshasa.
Dans la capitale, la bande s’était réorganisée autour de Kangalu Phoba alias Foe, recrutant de nouvelles unités et lançant de nouvelles attaques. Un jour, au «Bloc» de Bandalungwa, deux motos avec quatre passagers aux allures de ferrailleurs, s’immobilisaient à la hauteur de quelques cambistes. Des tirs en l’air. Dans la panique, les changeurs de monnaies et les vendeurs des échoppes sauvaient leur peau en abandonnant leurs fonds et biens sur cette place de change. Les bandits ramassaient dans la précipitation aussi bien les billets de
banque, monnaie locale et devises, ainsi que quelques bijoux, et autres effets de valeur. Lors de cette attaque, le chauffeur d’un mini-bus avait été abattu. Il s’agit d’Abraham Yamfu Mangezi.
Aujourd’hui, la Police criminelle continue d’explorer le passé de ces brigands, qui comptent à leurs actifs de nombreux cas de braquages doublés de meurtres. Il s’agit de retracer quelques-unes de leurs agressions jusqu’ici non encore élucidées. Coup de chapeau au commissaire supérieur principal Lazoubien Jean Eko’o du Groupe de lutte contre la criminalité et stupéfiants pour cette enquête qui
prouve l’expertise de ses limiers en matière de lutte contre le grand
banditisme.

J.R.T.

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