La Monusco en RDC : le temps des doutes

A la suite des manifestations populaires de protestations contre les faiblesses de la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo) dans la protection des civils et la traque des forces négatives dans la partie Est du pays, sanctionnées par un lourd bilan de 36 morts la semaine dernière, le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi, a présidé une réunion de crise qui s’est
terminée tard dans la soirée du lundi 1er août 2022.

Compte tenu de la gravité des dérapages à charge de cette force onusienne, plusieurs hautes personnalités de la République y étaient associées, notamment le président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo, celui de l’Assemblée Nationale, Christophe Mboso, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde ainsi que les membres de la délégation ministérielle ayant séjourné la semaine dernière à l’Est du pays en vue de rassembler des informations utiles sur ce qui s’est réellement
passé sur le terrain.
Après avoir fermement condamné les bavures des casques bleus ayant causé plusieurs morts dans les rangs des manifestants, le Président de la République a décidé la réévaluation urgente du plan de retrait de la Monusco du territoire congolais, entre les parties congolaises et onusiennes. Mais en attendant cette rencontre, des millions de Congolaises et Congolais sont gagnés par le doute au sujet de la volonté de cette mission onusienne de sécuriser les civils et de
ramener une paix durable dans la partie Est du pays. Le scepticisme est largement partagé au sein de l’opinion congolaise au regard du bilan peu flatteur de l’enlisement de la situation sécuritaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, 22 ans après le positionnement des casques bleus sur plusieurs « lignes de front ».
Le commun de Congolais se plaint aussi du gaspillage des fonds – plus d’un milliard de dollars américains chaque année – dans l’entretien, par les Nations Unies, des soldats, policiers et fonctionnaires dont l’efficacité est fortement remise en question au regard de l’aveu d’impuissance exprimée dernièrement par Bintou Keita, Représentante Spécial du Secrétaire général de l’ONU en RDC et cheffe de la Monusco, face à la puissance de feu du mouvement terroriste M23. Le refus de
cette force négative, instrumentalisée par le Rwanda, de quitter les positions qu’elle occupe à Bunagana et ses environs est singulièrement mal perçus à Kinshasa, car violateur des résolutions de Nairobi de Luanda et du Conseil de Sécurité. Il y a tellement des faits négatifs dans les rapports entre le contingent militaire onusien et les populations civiles congolaises, que celles-ci perdent patience au regard des velléités de la Monusco de jouer d’éternelles prolongations
à l’Est du pays. C’est donc avec impatience qu’elles attendent les conclusions de la réunion de réévaluation du retrait des casques bleus annoncée par le Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi.
Kimp
COMMUNIQUE DE PRESSE
Le Président de la République, Chef de l’Etat, Commandant Suprême des Forces Armées de la république Démocratique du Congo et de la Police Nationale Congolaise a présidé, ce lundi 01 août 2022, une réunion de crise consécutive aux manifestations de colère contre la Monusco et aux incidents tragiques survenus au poste frontalier de Kasindi.

Ont pris part à cette réunion : les Présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ainsi que les membres de la Commission Spéciale du Gouvernement déléguée dans le Nord-Kivu conduite par le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Décentralisation et Sécurité et comprenant le Ministre de l’Industrie et celui des Affaires Sociales, Actions Humanitaires et Solidarité Nationale.

Y ont également été associés, le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires Etrangères, le ministre d l’Enseignement Supérieur et Universitaire, le ministre de la Communication et Médias ainsi que le Chef de la Maison Militaire du Chef de l’Etat.

Un seul point était inscrit à l’ordre du jour : l’audition du Rapport de la Commission Spéciale du Gouvernement sur la situation qui a prévalu au Nord-Kivu et Sud-Kivu consécutive aux manifestations contre la Monusco.

Elle avait pour mission de faire ‘évaluation générale de la situation,en faire le bilan et ensuite apporter le réconfort et le soutien du gouvernement aux populations qui ont été directement touchées par ces événements malheureux.

Elle a fait aussi le point de la situation consécutive aux incidents graves et outrageants qui ont porté atteinte à la souveraineté de la République Démocratique du Congo au poste frontalier de Kasindi survenus pendant qu’elle séjournait dans la région.

Il ressort de ce rapport un bilan lourd de 36 morts répartis comme suit :
– 13 morts à Goma ;
– 13 morts à Butembo dont 4 casques bleus ;
– 4 morts à Uvira ;
– 3 morts à Kanyabaonga ; et
– 3 morts à Kasindi.
A cela s’ajoute près de 170 blessés dénombrés.

La Commission gouvernementale a aussi eu des entretiens avec plusieurs acteurs de la Société Civile à Goma et à Butembo. Au cours de ces entretiens, les populations nt formulé une demande claire, celle de voir partir de notre pays la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo.

De ce qui précède, le gouvernement de la République a été chargé
d’organiser une réunion avec la Monusco en vue de réévaluer le Plan de
retrait de cette force onusienne convenu en vertu de la résolution
2556 du Conseil de Sécurité.

Le Président de la République a aussi évoqué son entretien de ce jour
avec le Secrétaire Général des Nations Unies qui lui a exprimé ses
vives condoléances après les incidents graves survenus à la frontière
entre la République Démocratique du Congo et l’Ouganda.

Le Président de la République lui a, à son tour, fait partie de sa
totale désapprobation du comportement des casques bleus à la base de
ses incidents et de la nécessité de s’assurer que les coupables soient
sévèrement sanctionnés.

Il a, par ailleurs, rappelé au Secrétaire Général des Nations Unies
que le retrait du M23 de toutes les localités occupées, conformément
au communiqué de Nairobi, à la feuille de route de Luanda et à la
déclaration du Conseil de sécurité des Nations Unies du 01 juin 2022,
est une condition nécessaire à la baisse de la tension.

Enfin, le Président de la République a réitéré son appel au calme.

Fait à Kinshasa, le 1er août 2022
Patrick MUYAYA KATEMBWE
Ministre de la Communication et Médias
Porte-parole du Gouvernement.

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