Goma : le ras-le-bol des Congolais contre la Monusco

Des milliers des personnes ont participé, hier lundi 25 juillet 2022 à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, à une marche de colère
contre la Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation au Congo). C’était en fait le ras-le-bol de la « majorité silencieuse », convaincue de l’enefficacité des casques bleus de l’Onu à remplir leur mission de pacification de l’Est de la République et de protection des populations civiles. Ce réveil spontané des masses congolaises contre ce qui parait comme une caution
à l’enlisement de la situation sécurité en RDC a malheureusement été émaillé des dérapages. Car bien que voulue pacifique, cette manifestation de rue s’est traduite par des casses et pillages au quartier général de la mission onusienne ainsi que quelques blessés victimes des tirs de sommation des éléments de la Police Nationale Congolaise venus pour les disperser.

Dans certains cercles politiques de Kinshasa, des accusations fusent contre Modeste Bahati Lukwebo, président du Sénat et « Autorité morale » de l’AFDC-A (Alliances des Forces Démocratiques du Congo et Alliés), au motif qu’il aurait, lors de ses meetings à Goma (15 juillet) et Bukavu (16 juillet), dressés les jeunes de ces deux villes contre la Monusco. En revisitant les enregistrements « vidéo » de ses sorties publiques, on ne décèle aucune incitation des masses à la haine contre
la mission onusienne.
Modeste Bahati a plutôt lancé un message de paix et d’espoir à ses compatriotes de la partie Est du pays, en leur demandant notamment de s’assumer pour prendre en charge leur propre sécurité et défendre leur patrie, suite aux promesses sans lendemain de la communauté internationale à mettre fin à l’insécurité récurrente qui y sévit de plus d’un demi-siècle. Dans l’optique de l’auto prise en charge de la situation sécuritaire du pays, Modeste Bahati a exhorté les jeunes congolais à s’enrôler massivement dans l’armée, dans le but bien
précis de la défense nationale.
C’est dans ce contexte qu’il a été amené à exprimer ses regrets au sujet de l’inefficacité de la Monusco à rétablir la paix dans la partie Est du pays, en dépit d’un contingent fort de plus de 20.000 hommes et de plus de 22 ans de présence sur le territoire congolais. C’est dans ce même ordre d’idée qu’il a invité cette mission onusienne à se retirer de la RDC, dans l’ordre, sans brutalité, sans bousculade, etc.

Il serait injuste de tenir le président du Sénat pour le détonateur de la flambée de violences contre les matériels et labels de l’ONU, quand on se rappelle que par le passé, des engins et matériels de la Monusco avaient connu le même sort à Beni, Butembo, Bunagana et même Goma. Le sentiment de l’inaction est partagée par des Congolaises et Congolais de plusieurs contrées de la République, de Boma à Kinshasa, Kikwit, Kananga, Mbuji-Mayi, Mbandaka, Lubumbashi, Kindu, Kisangani, Isiro, Bunia. Le nombre de fois que les contingents onusiens sont caillassés par des populations civiles à travers la RDC ne se compte plus. Plutôt que de chercher des boucs émissaires, les responsables onusiens devraient tirer les leçons des manifestations anti-Monusco.
Kimp

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