Insécurité à l’Est de la RDC : l’appel du Roi des Belges à la Communauté internationale

Décidément, une nouvelle page de l’histoire commune des peuples congolais et belges a réellement commencé à s’écrire depuis la mi-juin 2022, peu avant le rapatriement des reliques de feu Premier ministre Lumumba et des festivités marquant le 62me anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo. On se rappelle que dans son message au Peuple congolais, à l’occasion de l’échange
des toasts avec Félix Antoine Tshisekedi, le Roi Philippe s’était positionné comme l’un des porte-étendards d’une nouvelle approche des relations belgo-congolaises, débarrassées des pesanteurs d’un passé colonial à ranger dans les oubliettes, non sans avoir exprimé au peuple congolais ses regrets pour les dérapages des colons belges.
Le Roi des Belges avait également exprimé sa solidarité avec les populations congolaises de la partie Est du pays, victimes d’une insécurité récurrente causée par les forces du mal, se déportant même à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, en vue de toucher du doigt les réalités du nouveau drame congolais.
Fidèle à sa nouvelle vision du Congo, le Souverain belge y est revenu dans son message à son peuple, à l’occasion de la fête nationale de son pays. Le Roi Philippe a en effet renouvelé son souci de voir l’Est de la République Démocratique du Congo et les populations qui y vivent retrouver le chemin de la paix. Pour ce faire, il en appelle à des efforts conjugués de la Belgique, de concert avec les autres nations
de la planète, en vue d’aider les Congolaises et Congolais de l’Est à rompre avec la spirale des conflits armés. Il s’agit là, pour l’ensemble des Congolaises et Congolais, d’une précieuse caution royale à la cause de leur partie, qu’ils veulent
indivisible, forte, pacifique et prospère, à l’image de l’idéal des pères de leur indépendance qui, en leur temps, rêvaient déjà de «bâtir un pays plus beau qu’avant » , car « unis par le sort et dans l’effort pour l’indépendance ».
Il est à espérer que l’appel du Roi Philippe va rencontrer, du côté de la Communauté internationale, l’écho nécessaire à sa remobilisation pour faire échec aux ennemis de la paix, de l’unité et du progrès de la République Démocratique du Congo. Car, sans un Congo bénéficiaire de sa pleine souveraineté et de son intégrité territoriale, l’écriture
d’une nouvelle page des relations avec la Belgique est hypothétique.
LP
Discours de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la Fête nationale
Mesdames et Messieurs,
Cet été, nous retrouvons enfin notre liberté, après plus de deux ans de lutte contre le Covid. Même si, malheureusement, il continue à nous poursuivre.
La vie normale reprend. Notre économie a retrouvé un certain élan. Les autorités y ont aussi fortement contribué, en prenant des mesures de soutien efficaces.
Aujourd’hui, nous renouons progressivement avec la croissance. Même si des déséquilibres subsistent sur le marché du travail, l’emploi continue d’augmenter.
Cependant, un certain nombre de nos concitoyens, notamment parmi les
jeunes, sortent fragilisés de la pandémie. Ils ont besoin d’être écoutés, d’être compris dans leur vécu et d’être encouragés.
Je suis fier du travail que fait mon épouse, la Reine Mathilde, pour soutenir la prise de conscience et la prévention dans le domaine du bien-être mental.
C’est tout notre modèle de société qui a été mis à l’épreuve pendant
le Covid. Mais c’est surtout lui qui nous a permis de tenir bon.
La lutte contre le coronavirus nous a montré que, même en temps de
crise, nous faisons preuve de cohésion. Celle-ci requiert une
coopération entre nos institutions, entre tous les acteurs concernés,
mais aussi un discours public fédérateur.
Si nous avons pu gérer une crise comme celle de la pandémie, dans le
respect de la démocratie, c’est avant tout grâce à notre cohésion
sociale.
Une cohésion qui s’est exprimée aussi dans l’aide apportée aux
victimes des inondations en Wallonie. Lors de notre récente visite
dans la région, nous avons pu constater que de réels progrès ont été
réalisés, même si des difficultés subsistent.
Avec la guerre en Ukraine, nous sommes entrés dans une nouvelle
période de l’histoire. Pour l’Ukraine d’abord, mais aussi pour notre
pays, pour l’Europe, pour le monde entier.
La guerre est tristement revenue à l’avant-plan de l’actualité, très
près de chez nous, causant des souffrances inouïes.
Les Ukrainiens se battent et meurent pour sauver leur pays, mais
aussi pour sauvegarder la démocratie et les valeurs que nous
partageons avec eux.
Nous ne nous laisserons pas diviser par le chantage que nous impose
une puissance nucléaire pour rompre notre solidarité avec l’Ukraine.
Nous continuerons de soutenir le peuple ukrainien.

Beaucoup de pays dans le monde souffrent des conséquences de ce
conflit, certains de façon dramatique. Pour notre part, nous
ressentons déjà les effets directs de l’inflation, aggravée par les
tensions internationales.
La forte augmentation du coût de la vie risque de fragiliser notre
économie, mais aussi notre société. La montée des prix rend la vie
difficile pour nombre de nos concitoyens. En premier lieu les ménages
à bas revenus, les familles monoparentales et les personnes vivant
d’un revenu de remplacement.
Nous devons absolument éviter que les écarts continuent à se creuser
entre les différentes couches de la population. Que de nouvelles
poches de pauvreté s’installent, ou s’étendent. Notre modèle de
société, basé sur l’inclusion et la solidarité, peut absorber ces
nouveaux chocs. Mais cela ne se fera pas tout seul. La hausse du coût
de l’énergie rendra inévitable des choix difficiles.
Autour de nous, nous entendons de plus en plus de discours agressifs.
Nous voyons aussi une résurgence de régimes et de réflexes
autoritaires, qui ne poursuivent que leur propre intérêt aux dépends
des autres. À ces défis, répondons par une foi inébranlable en la
démocratie. En favorisant la cohésion et l’inclusion. En n’attisant
pas ce qui pourrait nous diviser. En osant cultiver la nuance et la
bienveillance.
Dans ce contexte de crise, c’est précisément la cohésion au sein de
l’Union européenne qui nous a permis de formuler des réponses communes
dans les domaines de la santé, de la défense, de l’énergie et de
l’accueil des réfugiés.

Cette cohésion est essentielle pour éviter que les inégalités entre
les Etats Membres ne grandissent, au détriment de nos populations.

Enfin, dans ce monde en pleine tourmente, ne perdons pas de vue la
lutte contre le réchauffement climatique. Et, espérons, à ce sujet,
que l’augmentation des prix des énergies fossiles contribuera à
accélérer la transition énergétique.
Lors de notre voyage au Congo nous avons pu tourner une page
importante de notre histoire commune avec la RDC. Les choses ont été
dites, des gestes forts ont été posés.
Avoir un regard apaisé sur notre passé commun permet de construire
ensemble des projets pour l’avenir. Le peuple congolais a de grandes
attentes vis-à-vis de notre pays. Travaillons ensemble pour l’aider à
progresser vers plus de sécurité, de justice et de démocratie. Avec
notre coopération au développement, avec notre diplomatie et avec
notre armée, qui font un excellent travail. Œuvrons, avec la
communauté internationale, à la résolution du conflit si meurtrier qui
se déroule à l’Est du Congo.
Les défis auxquels nous sommes confrontés restent nombreux.
Mais si nous gardons le cap, si nous préservons notre cohésion, nous
pouvons assurer notre avenir.
La Reine et moi vous souhaitons une joyeuse fête nationale et un bel
été. Vive la Belgique !

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